Alors que l'épidémie de coronavirus prend chaque jour un peu plus d'ampleur, la chloroquine, un antipaludique, est avancée comme efficace contre le Covid-19. S'agit-il d'une lueur d'espoir ou d'une simple illusion ? Les essais cliniques sont lancés, et les stocks sont réquisitionnés par la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Présentée comme un remède potentiel contre le coronavirus depuis le 25 février dernier, suite à une publication scientifique en France, la chloroquine est aujourd'hui étudiée comme piste sérieuse par les chercheurs. Il s'agit notamment d'un antipaludique de la famille des amino-4-quinoléines, largement commercialisée sous forme d'hydroxychloroquine ou de sels (nom commercial Nivaquine). Elle est, avec la quinine, dont elle est un substitut synthétique, le traitement qui a été le plus employé, en préventif comme en curatif, pour traiter et prévenir la malaria, une infection parasitaire potentiellement mortelle qui se transmet par la piqûre de moustique. Cette molécule a été choisie pour ses propriétés anti-inflammatoires. Entre partisans et méfiants, la molécule continue de susciter les plus vives polémiques en ces jours de tension. Depuis quelques semaines, plusieurs spécialistes reconnaissent les effets de la chloroquine dans le traitement du coronavirus. La molécule a permis à la Chine de venir à bout de la crise. En France, les essais se poursuivent pour déterminer son degré d'efficacité, car l'étude menée par le professeur marseillais Didier Raoult (à l'origine de cette option) ne portait que sur 24 patients. Au Maroc, le comité technique et scientifique qui conseille les autorités dans la lutte contre l'épidémie de coronavirus a, lors de sa deuxième réunion, recommandé un traitement décliné en deux options. Dans une première étape, la prescription de la chloroquine (Nivaquine) à raison de 500 mg en deux prises par jour et ce, pendant dix jours, ou au sulfate d'hydroxy-chloroquine (Plaquénil), à raison de 200 mg en trois prises par jour pendant dix jours. En Algérie, le Plaquénil est en rupture de stock depuis quelques mois déjà au niveau des pharmacies, selon le Dr Messaoud Belambri, président du Snapo. Ce remède, utilisé à l'origine dans le traitement du paludisme, est désormais utilisé uniquement en milieu hospitalier. On apprend, par ailleurs, que le laboratoire Sanofi a fait un don de 75 000 boîtes pour l'Algérie. Un producteur national est en train de faire les démarches auprès du ministère de la Santé et celui de l'Industrie pharmaceutique pour produire des génériques du Plaquénil. Les infectiologues au niveau du CHU de Constantine, qui n'ont pas de données suffisamment validées scientifiquement et médicalement, pour tendre à une recommandation, sont unanimes à dire que « la chloroquine est certes très efficace dans certaines situations, mais elle ne peut pas être donnée à n'importe qui ». Et d'ajouter que « les effets anti-inflammatoires ne sont pas à ignorer. C'est un médicament qui a des effets secondaires, il faut attendre d'autres tests ». Il y a une commission au niveau du ministère de la Santé qui étudie la question, a-t-on indiqué. En attendant, la prudence s'impose. Ilhem Tir