Certaines professions libérales ont été contraintes d'obéir à l'obligation du confinement, instaurée dans le cadre de la lutte contre le covid-19. Cependant, même des médecins de ville, cabinets privés, laboratoires de biologie ont décidé volontairement de ne pas exercer durant cette période d'épidémie, en raison du manque de moyens de protection. Selon le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, «la législation n'oblige pas les professionnels médicaux libéraux à travailler tout le temps». Dans le cas où l'exercice du métier devient une menace, dit-il, devant le manque de moyens de protection, ils sont libres de décider de fermer. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Pédiatres, ophtalmologues, gynécologues, dentistes, cardiologues, diabétologues, psychologues, et même des laboratoires d'analyses médicales ont décidé de cesser leurs activités pendant cette période de confinement en raison de l'épidémie de coronavirus. Ils ont expliqué qu'ils ne disposent pas de moyens de protection et refusent de mettre leurs familles en danger ainsi que les patients. Des décisions individuelles qui ont mis les citoyens dans le désarroi. Plusieurs de ces médecins ont, néanmoins, informé leurs patients qu'ils restent joignables sur leurs téléphones ou sur les réseaux sociaux pour les orientations. «J'informe les chers patients que le cabinet est fermé par mesure de précaution jusqu'à une date ultérieure qui vous sera communiquée. Je reste joignable sur mon téléphone pour mes patients pour des conseils et orientations cliniques», a écrit un pédiatre sur sa page Facebook. Pour sa part, le Conseil de l'Ordre des médecins dentistes d'Alger a appelé les médecins dentistes à la fermeture de leurs cabinets. Le cas échéant, ne prendre en charge que les urgences. «Devant la situation sanitaire exceptionnelle et critique que traverse notre pays, et face au risque de propagation intense du Covid-19, nous, membres du Conseil de l'Ordre des médecins dentistes d'Alger, recommandons vivement à nos chers confrères, la fermeture exceptionnelle des cabinets dentaires ainsi que l'arrêt immédiat de tous les soins de confort et de non urgence. L'ensemble des études sanitaires réalisées à l'échelle mondiale prouvent aujourd'hui que la proximité des soins dispensés à nos patients ainsi que la concentration virale du Covid-19 dans la salive placent les médecins dentistes, ainsi que leur personnel soignant, en tête de liste des contaminations croisées. Nous n'oublierons pas aussi de préciser que le manque accru de moyens de protection, masques ffp2, de nettoyants surfaces, gels hydroalcoolisés, gants consommables jetables… mis à la disposition de la corporation, tant dans le domaine libéral que public, accentue le risque d'une contamination de nos patients, de notre personnel et de nous-mêmes», a expliqué le Conseil dans un communiqué. La loi n'oblige pas la continuité du service médical libéral pendant ces situations sanitaires exceptionnelles. «Déontologiquement, le médecin privé a le droit de fermer s'il estime qu'il n'a pas assez de moyens de protection en particulier dans certaines spécialités car la législation ne l'oblige pas à travailler tout le temps», a expliqué Mohamed Bekkat Berkani, président du Conseil national de l'Ordre des médecins. Cependant, souligne-t-il, ces médecins libéraux, en cas de réquisition, sont obligés de laisser leurs cabinets ouverts et d'assurer la continuité du service. «Aujourd'hui et devant la situation où les médecins exercent dans des conditions qui menacent le mode de leur exercice en raison de l'inaccessibilité des masques et des gants, ils ont le droit de protéger leurs familles», a indiqué le docteur Bekkat, qui appelle les pouvoirs publics à trouver des solutions pour les professionnels qui veulent garder leurs cabinets ouverts. S. A.