Arrêté le 29 juin 2019 et placé en détention provisoire le lendemain, le moudjahid Lakhdar Bouregaâ, poursuivi pour atteinte au moral de l'armée, a passé plus de 6 mois à la prison d'El-Harrach, avant de retrouver la liberté le 2 janvier suite à une décision qui avait concerné 76 détenus du mouvement populaire. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Les 76 détenus n'ont pas été pour autant acquittés mais ont juste bénéficié d'une liberté provisoire, en attendant leur procès. Celui du commandant de l'ALN, Lakhdar Bouregaâ, s'est déroulé le 12 mars dernier au tribunal de Bir-Mourad-Raïs (Alger) et le procureur avait requis à son encontre une année de prison ferme et une amende de 20 000 DA. Le verdict est tombé avant-hier soir. Lakhdar Bouregaâ est condamné à une amende de 100 000 DA, a annoncé le Comité national pour la libération des détenus (CNLD). Cette condamnation, même si elle ne comporte pas une peine privative de liberté, a été dénoncée par sa famille et les militants qui s'attendaient à un acquittement pur et simple. « Où est la justice, où est le droit… Eux, ils ont volé des milliards, quant à nous, on paye les amendes ! », s'est emporté son fils Hani. La condamnation de Lakhdar Bouregaâ intervient dans un contexte où plusieurs personnes ont été arrêtées et incarcérées dans différentes wilayas du pays depuis la suspension des manifestations populaires à cause de la propagation du coronavirus. Aussi, le CNLD a signalé des dizaines de convocations des militants et activistes par les services de sécurité, provoquant la colère et l'indignation de plusieurs organisations des droits de l'Homme et de partis politiques. Ces derniers accusent le pouvoir de vouloir profiter de la crise sanitaire pour tenter d'étouffer le mouvement populaire. Selon une liste établie par le CNLD, le nombre des détenus du mouvement citoyen s'élève à près de 60 personnes alors que des dizaines de convocations depuis le début du confinement ont été signalées. Ainsi, l'ancien détenu Brahim Laalami a été convoqué, hier, par la police judiciaire de Bordj-Bou-Arréridj. À El-Bayadh, Abdelhamid Bouregaâ, arrêté ce 10 mai, a été condamné à 3 ans de prison ferme et à une amende de 300 000 DA, en comparution immédiate à cause d'une publication sur les réseaux sociaux, a rapporté le CNLD. La même source a affirmé que la chambre d'accusation de la cour de Sétif a examiné, hier, le dossier du détenu Walid Kechida, mis sous mandat de dépôt au début du mois de Ramadhan. Au tribunal de Sidi-M'hamed d'Alger, le procès de 17 manifestants arrêtés le samedi 14 mars à la marche réprimée à Alger et poursuivis pour attroupement non armé, est renvoyé au 7 juin. La chronique judiciaire a été marquée également cette semaine par la libération du détenu Redouane Medjedoub à Tlemcen. Poursuivi pour incitation à attroupement non armé et outrage à corps constitué pour avoir écrit sur les réseaux sociaux. Selon le CNLD, cette peine a été annulée et le juge s'est contenté de lui infliger une amende. K. A.