- T'as vu ? Zéroual a appelé Tebboune - Pour lui dire quoi ? - Oh ! Des banalités. Du genre « faites quelque chose monsieur le Président ! » - Et il a répondu quoi, Tebboune ? -Un truc comme « qu'y a-t-il lieu de faire ? » - ??? Oui, d'accord ! Les règles de la bienséance et de l'hospitalité commandent de lui souhaiter d'abord la bienvenue. Donc, ayant appris que le guépard saharien avait refait son apparition dans notre Sud désertique, je lui souhaite bon retour. Ça va ? J'ai convenablement souscrit aux règles ? Je passe donc à ce qui me brûle les lèvres. Cette foule de questions que j'ai besoin de poser à ce guépard repéré dans l'Ahaggar. D'abord, la plus courte et la plus simple des questions : POURQUOI ? Dis plus clairement, Waâlach ? Attention, ami guépard ! Ne te méprends pas sur mes intentions. Je ne suis pas l'ennemi des guépards. Je n'ai rien contre les guépards en vadrouille et qui retrouvent soudainement le chemin du bled. Je ne suis surtout pas le Marine Le Pen du guépard, qui voudrait fermer nos frontières aux félidés tachetés. Mais tout de même, la question me taraude : pourquoi ? Pourquoi maintenant ? Es-tu sûr d'avoir bien préparé ton retour ? T'es-tu au moins renseigné avant de revenir ? Juste pour voir ce qui a peut-être changé depuis ta disparition, il y a plus de dix ans. Moi, lorsque je dois aller dans un coin que je ne connais pas ou que j'ai perdu de vue depuis des lustres, je prends certaines précautions avant. Je passe quelques coups de fil. Je vais sur Google. Je me connecte aux télés du coin où je dois atterrir. Le genre de mesures qui me semblent être un minimum pour éviter les ennuis, voire de grosses tuiles. En dix ans, et depuis que tu t'es barré, beaucoup de choses ont changé en Principauté de Dézédie. Non, l'eau n'a pas beaucoup coulé sous les ponts, faut pas exagérer non plus. Nous n'avons pas construit de nouveaux ponts et l'eau coule toujours aussi mal ici. Mais pour le reste, y a bien des trucs qui ont changé. Tu sais au moins qu'on a élu un nouveau chef de meute, hein ? Le mec a du taf sur les bras. D'ici à ce qu'il dégage toutes les hyènes qui polluent la prairie, t'auras le temps de t'acclimater. Sinon, ne le prends pas mal, ami guépard, l'ambiance ici est encore à l'hyène, pas au guépard. Si t'es pas trop loin d'une frontière, si tu n'as pas avancé trop profond dans le territoire, et si tu n'as pas encore pris d'engagements professionnels sur le LinkedIn dézédien, donne-toi le temps de bien réfléchir. Dis-toi qu'il est encore temps de « re-brousser » chemin ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.