Le secteur automobile est de nouveau au cœur des attentions et des attentes de la part de l'opinion publique nationale. Attention pour toutes les affaires traitées par la justice et attente de la publication des nouveaux textes réglementant les activités de montage et d'importation des véhicules par les concessionnaires. Pour le volet industrie, des fuites médiatiques ont révélé les nouvelles conditions imposées pour les futurs investisseurs. On en citera notamment l'obligation du taux de 30% d'intégration locale dès l'entrée en production de l'usine, 35% la troisième année, 40% la quatrième année et 50% pour le cinquième exercice. C'est aussi l'obligation pour les opérateurs locaux de justifier d'une expérience de 5 ans dans le métier et de ne pas être impliqués dans des infractions liées à la gestion et au non-respect des lois en vigueur. Pour les importations de véhicules neufs par les concessionnaires, une directive du président de la République rendue publique à la fin du dernier Conseil des ministres a rappelé l'obligation pour ces derniers de disposer d'un service après-vente efficace, géré par des professionnels avec une présence sur l'ensemble du territoire national. Défaillance et pénurie chronique de la pièce de rechange Une condition sine qua non pour l'exercice de cette activité qui demeure un métier à part entière, avec ses règles et son éthique. En mettant le doigt sur cette plaie qui fait souffrir actuellement le client algérien, le premier magistrat du pays semble souligner que désormais l'intérêt du citoyen primera sur tout autre considération. Avec l'arrêt de toutes les importations en 2016 et l'arrivée de nouveaux intervenants sans expérience, la situation du secteur s'est sensiblement dégradée. La mise en place de la pseudo-activité d'assemblage a non seulement causé de lourds préjudices aux finances du pays, mais a aussi lésé les intérêts du citoyen avec des prix qui ont passé du simple au double. Privés de toute activité commerciale depuis l'arrivée de Bouchouareb, les concessionnaires historiques, à l'image de Hyundai Motors Algérie (Cevital), Toyota Algérie, le groupe Achaïbou, Peugeot Algérie, GMS, GBH, Emin Auto, Nissan... ont tenté de maintenir en vie les lourds investissements consentis tout au long de ces 20 dernières années pour être à la hauteur des exigences des marques qu'ils représentent et offrir au client algérien la même qualité de service que celle disponible dans le reste du monde. Et même si les showrooms sont restés désespérément vides, ou du moins sans nouveaux produits à proposer aux visiteurs, les structures de service après-vente ont réussi, quatre années durant, à maintenir une activité pour répondre aux doléances des clients en matière d'entretien et de vente de pièces de rechange. À un moment où les nouveaux opérateurs assembleurs, en plein boom de leurs affaires, ont, hélas, royalement négligé ce volet, très important, voire même vital dans le métier de l'automobile. Qualité de prestation médiocre et surtout pénurie chronique de pièces de rechange d'usure, nécessaires pour les opérations de révision prévues par le constructeur pour un meilleur fonctionnement du moteur et sa longévité. L'un d'eux s'est même permis le luxe de fermer entièrement, pendant plusieurs semaines, son service après-vente et sans aucune permanence pour les urgences. Un secteur en pleine déstructuration Une défaillance flagrante vis-à-vis du contrat de vente et de garantie avec le client et aussi par rapport aux engagements de représentativité avec le constructeur. Certes, des efforts importants avaient été accomplis par les principaux concessionnaires qui animaient la scène automobile avant 2016, en vue de hisser la qualité des prestations de service après-vente au niveau des standards internationaux, il n'en demeure pas moins que la démarche inique de Bouchouareb a brisé, dans son élan, cette professionnalisation qui montait en puissance. Elle a aussi et surtout plongé le secteur dans une longue phase de déstructuration qui a fini par mettre en difficulté les plus solides et à genoux les plus vulnérables. Et au-delà de la situation des uns et des autres, c'est le préjudice causé aux clients qui se retrouvent piégés par ces manquements professionnels et contractuels qui mérite d'être souligné. B. Bellil