Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) estime que le système de santé algérien est obsolète, et qu'une réelle volonté politique doit aujourd'hui accompagner une réorganisation profonde de ce système. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - «Notre système de santé est complètement dépassé dans son organisation», a reconnu, hier dimanche, Lyes Merabet lors de son passage à la Radio nationale. Il souligne que la crise sanitaire liée au Covid-19 ne fait que démontrer au quotidien ce constat accablant. Le président du SNPSP estime qu'à ce stade, il est inutile de cacher le soleil avec un tamis, qu'il «nous faut accepter le fait que notre santé soit malade. On ne peut pas vanter un système de santé qui n'est pas performant», ajoute-t-il. D'après lui, l'heure est aujourd'hui à l'étude des lacunes d'ordre organisationnel qui sont à l'origine de ce malaise. Des efforts et des moyens doivent impérativement être mis en place, mais à condition qu'ils sortent du champ de la théorie. «Une véritable volonté politique devra par conséquent se traduire sur le terrain», précise-t-il. Entre autres suggestions, Lyes Merabet plaide pour la réhabilitation de la médecine préventive. Cet aspect est, selon, lui fondamental, dans la mesure où cela évitera au personnel soignant de se retrouver avec une surcharge de malades ayant atteint un stade de complication. Il parle de plus de quatre millions d'Algériens âgés de plus de 60 ans, qui présentent des formes compliquées de maladies telles que l'hypertension, le diabète, les problèmes respiratoires... Un état de fait causé, selon lui, par l'absence d'un plan de développement des programmes de santé préventifs. Lyes Merabet souligne, par ailleurs, que la médecine de proximité ou de ville reste un volet à améliorer en Algérie. Cela dit, «nous sommes dans un système qui assure cette proximité à travers des structures légères telles que les polycliniques, les salles de soins et d'autres unités spécialisées dans la prise en charge des soins de la population», avance-t-il. Il estime, toutefois, que c'est à ce niveau-là que les autorités compétentes doivent axer leurs efforts. Dans le même registre, le syndicaliste estime que l'amélioration du système de santé reste tributaire de «l'institutionnalisation d'un système de formation continue des praticiens». Lyes Merabet met, en outre, l'accent sur la nécessité de jeter enfin «les jalons de la recherche médicale et scientifique», laquelle est jusqu'à présent totalement absente du paysage du secteur. C'est l'origine même, explique-t-il, de la saignée que connaît le secteur de la santé, qui voit partir, chaque année, des centaines de médecins algériens vers des structures étrangères. En ce qui concerne la politique salariale du personnel de la santé, Lyes Merabet, au nom de l'entité syndicale qu'il représente, a demandé «la création d'une fonction publique sanitaire et hospitalière. C'est pour se détacher de ce cadre général, qui reste figé et qui n'arrive pas à accompagner toutes les spécificités du secteur». S'exprimant, enfin, sur le phénomène des agressions des soignants dans les structures hospitalières, Lyes Merabet relève que ce type de comportement a toujours existé, mais qu'il s'est exacerbé en ces temps de crise. Il préconise que l'on se penche un peu plus sur ce «phénomène de société» et qu'on le prenne en charge dès l'école primaire. Il souligne également l'utilité de repenser les conditions d'accueil des patients et de leurs familles, en offrant un cadre plus ou moins confortable et en formant un personnel qui se chargera exclusivement de cette mission. M. Z.