Cela va sans dire, les mesures annoncées par le gouvernement au profit des personnels de la santé ont été, dans l'ensemble, accueillies plutôt favorablement par la communauté médicale. Néanmoins, ces dispositions sont encore loin de pallier les dysfonctionnements constatés quotidiennement dans les centres de soins, aussi bien privés que publics. C'est, en tout cas, ce que laissent entendre des représentants du secteur de la santé. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, considère ces dispositions comme un pas en avant et se dit «satisfait» de cette attention «particulière» des autorités envers les professionnels de la santé. «Nous constatons que le gouvernement prend avec plus de sérieux qu'avant les préoccupations du corps médical», observe-t-il. Se prononçant sur la mesure liée à l'assurance qui couvre tous les risques qu'encoure le personnel soignant, dont la contamination au Covid-19, Lyes Merabet explique que le principe en lui-même est plus que louable, mais encore faut-il «matérialiser» tout ça. «Nous attendons d'avoir plus de détails pour donner une appréciation objective par rapport à la question», a-t-il soutenu. Dans ce contexte, il souligne que pour avoir les données nécessaires, une multitude de questions se posent, à savoir «comment cette mesure va être appliquée sur le terrain ? Qui seront les principaux concernés ? Est-elle limitée dans le temps ?» Le syndicaliste fera remarquer que l'institution d'une assurance pour les professionnels de la santé a toujours constitué une partie capitale des revendications portées depuis des années par le SNPSP. Pour ce qui est du reste des réclamations, Lyes Merabet dit attendre la mise en place d'une «fonction publique spécifique au secteur». Sur le volet de la protection du personnel de la santé, le praticien a salué le projet de loi qui prévoit de sanctionner toute atteinte à l'intégrité physique des soignants, relevant, cependant, que la répression n'est pas la meilleure solution,«même si elle se fait au nom de la loi», estimant qu'il existe d'autres alternatives. Même son de cloche chez Mohamed Yousfi, secrétaire général du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), qui attend lui aussi de voir ce qu'il en est sur le terrain, particulièrement par rapport aux conditions d'applicabilité de l'assurance des personnels de la santé. «Bien sûr, toute décision prise dans le sens positif est la bienvenue. Cela dit, nous attendons d'avoir plus de détails», dans la mesure où, signale-t-il : «ce projet est toujours en cours d'élaboration, il n'est pas encore prêt». Par ailleurs, le docteur Yousfi remet sur la table la problématique qui réside dans la gestion des structures hospitalières. Selon lui, c'est l'origine même du malaise qui prévaut dans le secteur. «Si la gestion des hôpitaux obéissait à une organisation spécifique, même le problème de la ressource humaine et du manque de matériel pourrait être pallié», juge-t-il. Selon lui, cette cacophonie qui règne en maître au sein des établissements de santé et qui a entraîné tant la violence que la dégradation des conditions de travail «est due à cette mauvaise gérance» et uniquement à cela. Abondant dans le même sens, Mustapha Khiati, président de la Fondation pour la promotion de la santé et du développement (Forem), a également attiré l'attention sur la gestion quelque peu «hasardeuse» des hôpitaux. Selon lui, il y a un problème entre les responsables du ministère de la Santé et les personnes chargées d'appliquer les décisions de la tutelle sur le terrain. Chose qui engendre visiblement des cafouillages «au niveau des directions des hôpitaux mais encore des wilayas». Il relève que la plupart des directeurs des établissements hospitaliers n'ont pas l'envergure qui leur permet «de manager comme il se doit un centre de soins». M. Z.