La polémique autour de la tutelle de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques, l'ANPP, est loin de s'estomper. Entre opposants et partisans de la décision du rattachement de l'Agence au ministère de l'Industrie pharmaceutique, les communiqués interposés se multiplient et les lettres au président de la République aussi. Après l'initiative du Syndicat national des pharmaciens d'officine (Snapo) qui avait saisi la semaine dernière le Président Tebboune dénonçant la mesure, c'est au tour de l'Union nationale des opérateurs en pharmacie (Unop) et l'Association nationale des producteurs en pharmacie (ANPP) d'écrire au premier magistrat du pays au sujet « du débat qui s'est ouvert ces derniers jours à propos de la tutelle ministérielle de l'Agence nationale des produits pharmaceutiques ». Dans une lettre signée conjointement par le Dr Kerrar Abdelouahed, président l'Unop, et Rafik Morsly, président de l'ANPP, en date du 12 août dernier, les producteurs pharmaceutiques qui n'avaient pas l'intention de « s'immiscer dans un sujet qui relève d'un choix discrétionnaire des pouvoirs publics », ont estimé que, « suite à la prise de positions publiques de certains acteurs du secteur sanitaire national », ils ont tenu à exprimer leur point de vue. Tout en rappelant que leurs deux associations avaient milité depuis longtemps pour la création d'une telle agence, convaincus qu'une telle agence « est indispensable pour accompagner, sur le long terme, le développement d'une industrie pharmaceutique de qualité dans notre pays. Or, force est de relever que toutes les voix qui s'élèvent aujourd'hui pour dire à la place des autorités compétentes comment doit être organisée l'autorité du gouvernement sur cette institution, aucune, en dehors de l'Unop et de l'ANPP n'a dit le moindre mot pendant tout le temps où, entre 2008 et 2020, soit plus de douze ans, celle-ci a été tout simplement oubliée après avoir été créée par la loi », lit-on dans leur lettre. Les producteurs n'ont pas manqué d'expliquer que si leurs adhérents étaient les premiers à s'être battus pour une telle institution, c'est parce qu'en tant que producteurs, « nous sommes les premiers à être confrontés sur le terrain aux aléas de l'encadrement légal et réglementaire de leur activité », affirmant qu'aujourd'hui, il y a une centaine de leurs produits dont l'enregistrement demeure bloqué et qui attendent le feu vert pour être lancés au niveau de leurs lignes de production. « Nous observons, aujourd'hui, des manifestations bruyantes qui ont, depuis douze ans, bloqué l'installation effective de cette institution publique .» Faut-il rappeler, à juste titre, que dans une récente déclaration au Soir d'Algérie, le président de l'Unop a rappelé que, « depuis 2016, année à laquelle elle a été installée, sans ressources, l'Unop a continué à demander régulièrement que cette agence soit opérationnelle et dotée de tous les moyens humains, matériels et financiers au regard des importantes responsabilités de santé publique qui lui sont confiées ». De ce fait, la proposition faite par les producteurs pharmaceutiques est « de faire en sorte que cessent ces querelles stériles », pour qu'ils puissent trouver une agence nationale qui puisse les accompagner efficacement dans la création de richesses, « tout en garantissant aux citoyens des produits de qualité offrant toutes les garanties de sécurité ». L'action d'un ministère dédié au développement de l'industrie pharmaceutique serait « certainement entravée si elle était déconnectée de celle de l'Agence, outil par excellence de l'enregistrement du médicament dans une période cruciale où l'enjeu du renforcement d'une industrie nationale de qualité et la réduction de la facture de l'importation des produits pharmaceutiques guide l'action des pouvoirs publics ». Ilhem Tir