Dans un long discours prononcé à Ifri Ouzellaguen (Béjaïa), lieu du déroulement du Congrès de la Soummam, à l'occasion du 64e anniversaire de cet évènement et des attaques du Nord constantinois du 20 Août 1955, le premier secrétaire du FFS, Youcef Aouchiche, a appelé le pouvoir à prendre la mesure des graves périls qui guettent la Nation en cessant les ruses et les louvoiements. Karim Aimeur - Alger Le Soir) - Après avoir dressé le constat sur les 58 années d'indépendance, le premier secrétaire du plus vieux parti de l'opposition a rendu un vibrant hommage aux millions d'Algériens et d'Algériennes qui, dans un sursaut de dignité, ont permis d'enrayer l'inéluctable descente aux enfers et d'exiger que soit enfin restitué l'Etat à la Nation, en sortant massivement dans la rue le 22 février 2019. «64 ans après la tenue du Congrès de la Soummam, la question cruciale de restituer l'Etat à la Nation se trouve au centre des préoccupations nationales et nous projette dans une exigence à la fois politique et historique : celle d'un changement radical du système et du passage pacifiquement d'un système autoritaire fermé à un système démocratique ouvert en mesure de garantir l'autodétermination individuelle de chaque Algérienne et Algérien et l'autodétermination collective de notre peuple», a-t-il soutenu. Pour lui, le régime actuel a tort d'assimiler le mouvement populaire du 22 février à une simple révolte contre un homme, ses réseaux clientélistes et oligarchiques. Croire que quelques condamnations spectaculaires d'anciens Premiers ministres, de politiciens ou d'affairistes véreux étancheront la soif de liberté, de justice et démocratie du peuple algérien serait encore plus grave, a-t-il ajouté, appelant les Algériens à rester mobilisés et vigilants face «aux multiples tentatives d'instrumentalisation afin d'entraîner dans la confrontation ce formidable mouvement unitaire, pacifique et citoyen». Et d'accuser des «forces» à l'intérieur et à l'extérieur du système d'agir «sournoisement et méthodiquement pour prolonger et aggraver l'impasse et provoquer un basculement dans le désordre et la violence». M. Aouchiche a appelé, dans ce sens, le pouvoir en place à prendre la mesure des graves périls qui guettent la Nation en cessant les ruses et les louvoiements. «Vouloir à tout prix maintenir un système moribond, c'est parier sur le pire. Le pouvoir doit se rendre à l'évidence : s'obstiner à vouloir imposer unilatéralement et au pas de charge une nouvelle Constitution et un agenda politique dans un climat extrêmement délétère, c'est prendre le risque non seulement d'échouer, mais, plus grave, d'alimenter toutes les stratégies de déstabilisation du pays, et faire paradoxalement le jeu des «complots» qu'il dénonce par ailleurs», a-t-il estimé. Pour le FFS, seul un processus constituant pourra garantir une stabilité politique, prélude d'un retour à la légitimité populaire. A ses yeux, l'Assemblée nationale constituante constitue une échéance incontournable pour sortir du provisoire et des incohérences politiques et juridiques et rendre irréversible la démocratie. Soutenant que la «nouvelle Algérie» ne se construira pas sans le peuple, encore moins contre lui, le premier secrétaire du FFS a soutenu que le pays a besoin de reconstruire un consensus national pour bâtir de véritables institutions politiques qui débarrasseront définitivement l'Algérie du règne de l'informel et de l'arbitraire. «Le FFS demeure convaincu que la reconstruction du consensus national reste l'unique voie de salut pour le pays. Nous ne cesserons d'œuvrer à la concrétisation d'un dialogue sans exclusive, loin des coalitions d'appareils aux objectifs flous, pour la recherche d'une issue politique et démocratique à la crise multidimensionnelle que nous vivons», a-t-il affirmé. Et d'appeler les acteurs politiques ainsi que toutes les organisations de la société civile à s'élever au-dessus des considérations étroites et conjoncturelles pour se hisser à la hauteur des aspirations populaires et leur donner les prolongements politiques indispensables à la construction d'une véritable alternative démocratique. L'orateur n'a pas manqué de condamner les atteintes aux libertés fondamentales et aux droits des citoyens, exigeant la libération immédiate et inconditionnelle des détenus d'opinion. Appelant à mettre fin à la répression, aux arrestations et condamnations arbitraires, il a réclamé l'ouverture des champs politique et médiatique. K. A.