Coup de théâtre, hier vendredi, dans la crise libyenne. Un cessez-le-feu général sur tous les fronts a été promulgué par deux communiqués distincts. Par Fayez El Serraj, chef du conseil présidentiel du Gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par la communauté internationale basé à Tripoli, la capitale et ses rivaux de Benghazi représentés par Ali Aguila Saleh, président du Parlement. C'est à la Mission d'appui des Nations-Unies en Libye (Manul) qu'a été remis le communiqué qu'elle s'est chargée de diffuser. Les deux belligérants annoncent, chacun de son côté, l'organisation prochaine d'élections dont les détails restent à préciser. Bien évidemment, l'ONU se félicite de cette nouvelle donne. L'Algérie, par le biais d'un communiqué du ministère des Affaires étrangères, salue avec satisfaction la volonté des deux parties de mettre fin aux affrontements armés et de s'orienter vers une issue pacifique de la crise à travers des négociations. L'Algérie a de tout temps milité pour cette solution, invitant « les frères libyens » à Alger à s'asseoir à la table de négociations pour parvenir à une paix durable. Il faut croire que le cessez-le-feu surprise et l'organisation d'élections qu'il annonce introduisent une nouvelle donne dans la scène politique libyenne, marquée par une impasse à laquelle ont mené les affrontements armés et surtout la tension extrêmement dangereuse née de la concentration des armées des deux camps autour de deux très riches bastions pétrolifères, Syrte et Joufra qui attisent les convoitises. Devenue le terrain par excellence des ingérences étrangères, la Libye est au bord d'une guerre généralisée, les uns soutenant Fayez El Serraj allié à la Turquie d'Erdogan et le maréchal Haftar soutenu militairement, financièrement et diplomatiquement par les Emirats arabes unis, l'Egypte, l'Arabie Saoudite, la France et la Russie sous le prétexte de contre-balancer les « prétentions » turques sur les richesses énergétiques libyennes. N'est-ce pas que l'exploration des gisements de gaz dans la Méditerranée orientale par la Turquie, qui se prévaut de l'autorisation de Tripoli, a déjà commencé au grand dam de la France, l'Egypte voire... la Grèce. C'est dire que nous sommes au bord d'une guerre régionale dont ne sortira pas gagnant le peuple libyen. L'évidence est flagrante ! Ce cessez-le feu sera-t-il le bon et non un énième qui finira comme tous ceux qui l'ont précédé, c'est-à-dire un vœu pieux au mieux mais qui cacherait, une fois de plus, des calculs qui finissent très vite par être éventés. B. T.