La somptueuse villa sur les hauteurs d'Alger, ancienne caserne des services de sécurité, octroyée au FFS, après son agrément suite à l'ouverture post-Octobre 1988, serait au nom du fondateur du parti, feu Hocine Aït Ahmed. Elle fait toujours objet d'une bataille entre deux groupes qui se réclament dépositaire de la légalité. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - Le contentieux autour du siège national du FFS entre la nouvelle direction issue du congrès extraordinaire du 10 juillet dernier, menée par l'Instance présidentielle constituée autour de Hakim Belahcel et le premier secrétaire Youcef Aouchiche, et l'autre groupe partisan de Belkacem Benameur, qui se considère comme premier secrétaire légitime, n'est pas encore réglé. La bataille se poursuit autour de ce siège qui est occupé par l'équipe de Belkacem Benameur, qui refuse de quitter les lieux et de les céder à la nouvelle direction, comme elle refuse de reconnaître le dernier congrès extraordinaire et ses résultats. Selon une source proche de la nouvelle direction, «une médiation a été menée avec les occupants du siège national, en vain». Une autre source nous a affirmé que la nouvelle direction avait saisi la justice pour récupérer de manière légale ce siège , mais il semble que l'affaire n'est pas encore tranchée. Après avoir affirmé que la réunion extraordinaire du conseil national ne se tiendra pas en dehors du siège officiel du parti, la nouvelle direction a été contrainte de la tenir dans un hôtel à l'ouest d'Alger. L'affaire est donc plus compliquée qu'on pouvait le penser. La somptueuse villa fait toujours donc l'objet d'une bataille entre deux groupes qui se réclament dépositaires de la légalité. Son acte de propriété serait au nom du fondateur du parti, feu Hocine Aït Ahmed et ses héritiers. L'information qui circule depuis des années n'a jamais été démentie par les concernés ni confirmée d'ailleurs. Cette bataille est nourrie par des échanges peu courtois entre les partisans des deux «directions» sur les réseaux sociaux. Nous reprenons cet échange pour illustration. «Et vivre au siège national du FFS sans aucun droit, fermer la porte aux militants et menacer quiconque qui s'en approche. Cela s'appelle comment», réplique Hassen Ferli, ancien partisan de Belkacem Benameur, avant de rallier la nouvelle direction issue du dernier congrès extraordinaire du 10 juillet à Mohamed Kara Ali, qui venait de dénoncer ceux qui habitent à Club-des-Pins, sans payer les facteurs d'électricité, d'eau... Kara Ali est parmi les occupants du siège du parti, refusant de le quitter et le céder à la nouvelle direction. Mohamed Kara Ali n'emprunte pas les chemins escarpés de l'exercice politique pour répondre à Ferli : «Pourquoi n'avez-vous pas posé cette question le 22 juin 2019, et ne l'avez-vous pas posée lorsque vous êtes venu au siège du parti prendre un café avec le premier secrétaire Belkacem Benameur ?». Et d'asséner : «Je vous défie de venir au siège national et de me prouver que vous avez été empêchés d'y rentrer.» Cet échange confirme que la bataille est acharnée pour le contrôle du siège national du parti. Pendant que l'équipe de Hakim Belahcel œuvre à «remettre le parti au centre de l'échiquier politique national» et à «rassembler la famille politique et construire un parti fort et moderne en mesure de répondre à l'espérance démocratique de notre peuple», l'équipe de Belkacem Benameur continue de contester la légitimité de la nouvelle direction. Dans un communiqué signé, il y a quelques jours par Benameur, au nom d'un deuxième secrétariat national, il a affirmé qu'il est inadmissible aujourd'hui «qu'une minorité d'autoproclamés, qui se vante d'avoir trouvé des solutions à la crise, puisse organiser un congrès extraordinaire au grand dam de la base, pour élire une nouvelle instance présidentielle non légitime et tromper de manière scandaleuse les militants». Et d'accuser encore : «Ce présumé congrès extraordinaire, tenu le 10 juillet 2020, est frappé d'illégitimité, anémié, asséché de substance politique et entaché de connivence avec un clan du sérail ne permet nullement à la fragile démocratie de grandir dans des terrains incrustés, malheureusement, dans le jeu de la magouille et du complot.» La crise du FFS est de ce fait, loin d'être dépassée. K. A.