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ENTRETIEN AVEC L�ARTISTE AKIM EL-SIKAMEYA
�Un chouia d�amour� et beaucoup de talent
Publié dans Le Soir d'Algérie le 21 - 08 - 2010

Akim El-Sikameya, voil� un nom vraiment artistique. L�artiste est natif d�Oran, la plus �bahia� (joyeuse) des villes d�Alg�rie. D�s l��ge de huit ans, il apprend le chant et le violon � l��cole de musique arabo-andalouse, Nassim El-Andalous.
Avec un groupe d�amis, il fondera, plus tard, le groupe El-Meya. Parti en 1994 vers Marseille, il se fait remarquer par sa voix rare de contre-ut et sa fa�on de jouer du violon. El-Sikameya a � son actif trois albums (solo) �dit�s en France : Atifa-Oumi sorti en 1999, A�ni-Amel (2005) et Un chouia d�amour (2009). L�artiste nous parle de sa passion pour la musique�
Entretien r�alis� par Kader B.
Le Soir d�Alg�rie : On dit que �la presse m�ne � tout, � condition d�en sortir�. Est-ce valable pour la musique andalouse ?
Akim El-Sikameya : Oui et non, cela d�pend des objectifs personnels, selon que l�on veuille rester dans la tradition araboandalouse d'interpr�tation ou partir de la tradition pour cr�er une �uvre originale. Dans le premier cas, qui consiste � perp�tuer la tradition ancestrale d'interpr�tation, c'est difficile, on peut sombrer dans l'ennui, et le risque majeur, c'est qu'en voulant sauvegarder une tradition, on lui nuit, tout en �tant, le plus souvent, anim� d'une bonne volont�... En outre, les formateurs gagneraient � r�fl�chir pour innover par la production et l�utilisation d�outils modernes de transmission du savoir... La nature n'aime pas le statique et une eau qui stagne finit par se d�t�riorer. Quand on est interpr�te, il faut vraiment �tre exceptionnel pour sortir du lot, car le public est tr�s exigeant envers la tradition, il la conna�t, l'artiste ne lui apprend rien, et tout se joue sur le charisme et la mani�re d'interpr�ter... Oum Kalthoum, Amalia Rodrigues, Edith Piaf, Frank Sinatra, Nina Simone... il y en a pas des masses, ils sont uniques, habit�s� C'est la magie de l'art... Dans le deuxi�me cas, lorsqu�on s�est dot� d�un solide bagage technique et culturel dans le domaine de l�art andalou aux composantes riches, vari�es, un peu difficiles, on pourrait se permettre quelques exp�rimentations ou innovations int�ressantes dans le domaine de la cr�ation musicale inspir�e de cet art, embrassant ainsi un style avec une couleur andalouse. Sans ce solide bagage, toutes les tentatives de cr�ation donneraient une esp�ce de �fusion� artificielle ou bien du �copy-past�. Donc, sortir de la tradition apr�s y avoir �t� immerg� durant plusieurs ann�es est utile et repr�sente une condition n�cessaire mais pas suffisante pour cr�er une �uvre qui a un int�r�t musical.
Pourquoi ce nom d'artiste �El- Sikameya� ?
El-Sikameya est mon nom de sc�ne, compos� de noms des noubas araboandalouses : la nouba d'el-sika et la nouba d'el-meya. J'adore la nouba d'el-sika car sa gamme est tr�s flamenco et comme ma voix, assez andalouse, se pr�te � ce registre, je me suis d'abord attribu� �El-Sika� auquel j�ai ajout� �Meya� en hommage � une femme qui porte le nom de cette nouba.
Moderniser la musique andalouse, est-ce une affaire d'instruments ou de rythmes (ou les deux) ?
J'ai du mal avec le terme �moderniser�, je pr�f�re �innover�. Moderniser signifierait que la musique arabo-andalouse est une antiquit�, alors qu'elle est en ellem�me tr�s moderne : on la joue encore plusieurs si�cles apr�s sa cr�ation, et elle fait toujours danser ! Je pense que toute grande �uvre est moderne, d�s lors qu�elle s�exprime par et pour son �poque, et qu�elle est capable de la transcender (et donc d'�tre appr�ci�e longtemps apr�s). C'est un peu la d�finition que donne Baudelaire de la modernit� : un peu de mode et un peu d'�ternit� ! La musique arabo-andalouse est donc moderne � mon sens, mais les �uvres que je cr�e aujourd'hui sont modernes � leur fa�on, celle-ci ne pouvant �tre la m�me que celle que la musique dite traditionnelle a connue � sa cr�ation. Je pense que cr�er est un �tat d'esprit. On peut �tre interpr�te sans �tre compositeur � ou l'inverse � ou encore composer et chanter ce que l�on compose, ce qui est mon cas. Il est ardu de cr�er une �uvre � la fois forte et originale quand on sort d'un long apprentissage de 16 ans de musique universelle traditionnelle � l�issue duquel s�ouvrent deux voies diff�rentes : soit faire pareil et interpr�ter majestueusement le r�pertoire traditionnel, soit relever le d�fi, �couter sa sensibilit� et faire quelque chose de personnel et de nouveau en s'inspirant de la tradition, sans la calquer ni la d�naturer. Cela prend des ann�es pour comprendre, assimiler, dig�rer et cr�er des choses nouvelles, mais cette d�marche est tr�s excitante et passionnante. Cela passe par de longues heures d'�coute de musique, mais aussi par une �coute attentive de soi, de ce qui nous entoure et nous touche, source d�inspiration permanente. En conclusion, la modernit� est dans la musique, le rythme, le texte, les th�mes, le choix des musiciens et leurs cultures. Il y a un c�t� sacr� dans la cr�ation, �a passe beaucoup par le feeling humain, c'est magique, tous ces param�tres s�inscrivent dans un processus de cr�ation singuli�re et moderne.
Il y a des �puristes� qui n'aiment pas qu'on touche � la musique andalouse, comme d'ailleurs au cha�bi�
Les conservateurs ont pour noble mission de pr�server et p�renniser l�art andalou, ce tr�sor qui nous a �t� l�gu� et dont la richesse et la diversit� de ses styles se sont forg�s sur l�apport consid�rable des civilisations qui se sont succ�d� et enchev�tr�es en terre d�Andalousie, pour embrasser l�universalit�. En plus de la sauvegarde et de la transmission de ce patrimoine ancestral, le r�le des conservateurs est vital � la cr�ation en assurant l�apport du background n�cessaire � celle-ci. Les innovateurs doivent �galement exister, et faire �voluer la musique en l�adaptant � leur environnement, leur �poque, leur propre sensibilit�. Je pense que chacun a son r�le � jouer. Selon que l�on privil�gie la tradition ou la cr�ation, on se tourne vers le pass� ou le futur ; il s�agit simplement de d�marches diff�rentes que chacun appr�ciera en fonction de ses objectifs artistiques. A noter que la probl�matique de la paternit� ou de l�originalit� de l��uvre s�vit �galement au sein du milieu des conservateurs, alors que nul ne peut pr�tendre que telle ou telle �uvre est la musique originale eu �gard aux controverses de l�histoire. On peut �galement relever que les chanteurs traditionnels, par leur interpr�tation du traditionnel, le changent d�j�� D�o� l�inutilit� de ces querelles non productives entre conservateurs et innovateurs.
Hamid Baroudi pr�f�re dire �ethno et global pop� � la place de �world music�, parce que, dit-il, toute musique est une musique du monde. Votre avis sur cette question...
Cette question pourrait �tre tr�s large� M�me si la world est li�e � une certaine vogue de l�exotisme, j�adh�re � sa volont� d�ouverture � la diversit� culturelle et de r�habilitation de musiques traditionnelles par une approche contemporaine. Par contre, je fais partie des critiques qui s�insurgent contre l�utilisation du label World comme un immense fourre-tout aux fins de commercialisation de la musique non occidentale en tous genres. Le classement de ma musique dans la world me para�t plus appropri� que son classement dans la pop, celle-ci englobant des genres musicaux aussi extraordinairement vari�s que l�instrumentation, mais ne se r�f�rant pas � des racines d�termin�es ni � un foyer culturel particulier ; or, en ce qui me concerne, mes racines arabo-andalouses demeureront toujours ma structure de base. Je ne saurai pas non plus me situer dans l�ethno et je rejette le concept d�ethnie dans la musique car je consid�re que le langage musical est universel, apte � transcender les barri�res sociales et culturelles et � exercer une large influence interculturelle.
Comment les gens, � travers le monde, r�agissent � votre musique ?
Les gens r�agissent tr�s bien, ils sont toujours heureux de d�couvrir ma musique et ses sons andalous qui leur �taient inconnus, prouvant qu�il n�est pas n�cessaire d�avoir la m�me culture que l�artiste pour y acc�der, s'�clater pendant 1h30 dans la joie et la bonne humeur et sortir avec une �nergie positive, que du bonheur ! J'adore chanter, j'adore la musique, j'adore le public, je suis g�n�reux sur sc�ne et mon public me le rend bien. C'est le r�ve !
Des projets ?
Oui, je maquette en ce moment de nouveaux titres, notamment un titre d�di� � mon pays. J'organise un �v�nement parisien �Les Noubas d'ici� (un �v�nement festif m�diterran�en pluridisciplinaire et interculturel) dans un lieu magnifique, � Paris, qui s'appelle La Bellevilloise.
Quel est votre r�ve d'artiste ?
Continuer�
Les fusions musicales sont-elles un bien pour la musique (surtout traditionnelle) ?
Cela d�pend des fusions ! Il y a parfois des fusions catastrophiques, comme de m�langer pour m�langer : mettre une derbouka pour que le titre sonne oriental, ou mettre une bo�te � rythme pour que le son soit moderne !!! Ce sont l� des fusions faciles et sans int�r�t ; d'ailleurs, les titres disparaissent tr�s vite. Comme je vous ai l�ai dit auparavant, la modernit�, l'innovation et la cr�ation sont tout d'abord un �tat d'esprit, qui, ajout� au talent, peut aboutir � de beaux r�sultats�!
Si on vous demande de choisir un seul album pour un voyage dans l'espace, lequel choisirez-vous ?
Pardonnez-moi de ne pouvoir faire ce choix impossible, quitte � me priver de ce voyage extraordinaire� Mon choix se porterait sur quatre albums : un interpr�te traditionnel arabo-andalou : Cheikh Redouane Bensari, un interpr�te moderne : Salim El-Hillali, de flamenco du groupe Ketama et l'album Homog�nic de Bjork.


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