L'Algérie célèbre aujourd'hui le 66e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le 1er Novembre 1954, qui allait mettre un terme à un long joug colonial qui aura duré 132 ans. La célébration de cette année intervient dans un contexte de crise sanitaire majeure et dans un contexte politique marqué par l'organisation d'un référendum pour la révision de la Constitution. Karim Aimeur - Alger (Le Soir) - La célébration de la date historique de cette année ne sera pas comme les précédentes. L'année passée, en plein mouvement populaire, le 1er Novembre qui tombait un vendredi a été fêté dans la rue par des millions d'Algériens à travers toutes les wilayas du pays. En plus de la célébration du déclenchement de la guerre de Libération nationale, les citoyens sont descendus dans la rue pour rejeter en même temps le système politique. Cette année, en pleine crise sanitaire, la donne a complètement changé. Le mouvement citoyen est astreint au confinement par la crise sanitaire alors que les Algériens sont appelés à se diriger aujourd'hui vers les bureaux de vote pour s'exprimer sur le projet de la révision de la Constitution. Le texte propose, dans son préambule, l'inscription de la date du 1er novembre 1954 comme référence nationale. Dans la nuit de cette journée historique, des Algériens ont décidé de passer à l'acte, la lutte armée, contre un colonisateur qui commettait toutes formes d'exactions contre les populations depuis son invasion du pays en 1830. L'engagement des premiers combattants qui a gagné en adhésion populaire a fini par avoir raison de la France coloniale, contrainte à quitter le pays au lendemain du référendum sur l'indépendance organisé le 3 juillet 1962. Pour l'historien Mohamed El-Korso, la Déclaration du 1er Novembre 1954, annonciatrice du déclenchement de la glorieuse guerre de Libération nationale, a été un «affront» pour la France «orgueilleuse». «La Proclamation du 1er Novembre 1954 a été un affront pour une France orgueilleuse et méprisante et une véritable rébellion contre l'ordre colonial. En s'adressant directement au peuple algérien, elle a élevé celui-ci au rang d'acteur majeur sur qui reposait non seulement le sort de la Révolution, mais l'avenir de l'Algérie au présent et au futur», a-t-il souligné dans un entretien à l'APS. Sur les crimes perpétrés par la France coloniale sur des Algériens sans défense, l'historien a rappelé que ces crimes ont été commis, pendant plus d'un siècle, par l'une des colonisations les plus féroces et ont été encadrés par une administration qui a fait de la répression tous azimuts sa raison d'être. La célébration de cette année intervient également dans un contexte où les deux pays ont décidé de collaborer en ce qui concerne la question de la mémoire et des archives. Mohamed El-Korso considère la désignation par le Président français de l'historien français Benjamin Stora, pour mener le dossier de la Mémoire de la colonisation et de la guerre d'Algérie, comme étant un choix qui s'inscrit «en droite ligne» avec la déclaration du Président français, lors de sa visite à Alger le 15 février 2017, à savoir que «la colonisation française était un crime contre l'humanité». «Politiquement et scientifiquement, ce choix ne relève pas du hasard. Historien confirmé et aux nombreux travaux sur l'Algérie, M. Stora est à même de faire avancer les choses pour peu qu'il résiste aux pressions qu'il subit», a-t-il estimé. Mais le travail entre Benjama Stora et Abdelmadjid Chikhi, chargé des questions mémorielles auprès du président de la République, n'a pas encore commencé en raison de la crise sanitaire, a expliqué récemment M. Chikhi. Ce dernier a réclamé à la France de restituer tout ce qui a été pris à l'Algérie durant les 132 ans de la colonisation, non seulement les archives de la guerre mais tout le patrimoine transféré en France et ailleurs. La Proclamation du 1er Novembre a été, faut-il le souligner, constitutionnalisée dans le projet de révision constitutionnelle. Mais pour certains acteurs, comme le secrétaire général intérimaire de l'Organisation nationale des moudjahidine (ONM), Mohand Ouamar Benlhadj, le plus important est de respecter les principes de Novembre et concrétiser ses objectifs. K. A.