La courbe de contamination reprend sa folle tendance haussière depuis près d'un mois maintenant. La situation est qualifiée de «très inquiétante» par les professionnels de la santé et notamment le Dr Bekat Berkani, membre du comité scientifique chargé du suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus, qui a précisé que le comité s'est réuni dans l'après-midi d'hier pour faire le point, débattre de la situation et proposer des mesures complémentaires. Estimant que les cas rapportés et déclarés sont ceux qui ont été testés avec le PCR, le Dr Bekat affirme qu'une très grande partie de personnes contaminées échappent à ce recensement, car «tout simplement, ils n'ont pas accès à la PCR, d'où l'ampleur de la situation». Le Comité du suivi de l'évolution du Covid-19 suit avec désarroi l'évolution de la situation après que le seuil des 300 nouvelles contaminations ait été franchi. Le Dr Bekat, dans une déclaration au Soir d'Algérie, souligne que «les services dédiés à la prise en charge des malades atteints de coronavirus à travers la plupart des hôpitaux sont saturés». Selon lui, «la stratégie adoptée n'était pas la bonne». Et d'expliquer : «Il fallait dès le départ dédier à la prise en charge des malades tout un hôpital par wilaya et non un service, ceci pour les wilayas qui enregistrent un taux élevé de contaminations évidemment». Pour tenter d'expliquer cette tendance à la hausse, le Dr Bekat a tenu à préciser qu'«on ne peut pas appeler cette tendance haussière, une deuxième vague. C'est une augmentation de cas que nous avons et que la deuxième vague est ce qui arrive actuellement dans les pays européens». Mais selon lui, ce qui a manqué, «ce sont les enquêtes épidémiologiques». Effectivement, il y avait une cellule qui a été annoncée en grande pompe et inaugurée par le ministre de la Santé il y a quelques mois, seulement, ses enquêtes pour déterminer les foyers de contamination et les clusters n'ont jamais abouti, regrette le spécialiste. Par ailleurs, le relâchement constaté sur le terrain est total. La négligence des mesures préventives de la part des citoyens qui ne mettent plus les masques de protection, est une des raisons de l'augmentation du nombre des contaminations par le coronavirus. Le Dr Bekat préconise le retour aux «campagnes médiatiques de sensibilisation au profit du large public». Selon lui, il faut multiplier les moyens de communication sur la nécessité d'adopter les gestes barrières. «Il faut reprendre le matraquage médiatique du début de l'apparition du virus», ajoute le docteur. Et de poursuivre : «Augmenter la dose des communications et utiliser même des images chocs à la télévision afin que les citoyens prennent conscience du danger.» Sur la même lancée, le membre du Comité scientifique chargé du suivi de l'évolution de la pandémie du coronavirus appelle les autorités locales à sévir pour appliquer la loi. «Il faut appliquer la loi», a-t-il insisté en ajoutant «actuellement, ce n'est pas du tout le moment de retourner à la vie normale, et nous ne pouvons pas autoriser le retour du transport inter-wilayas». Ilhem Tir