Rien ne semble arrêter la courbe des contaminations au Covid-19. Chaque jour, un nouveau triste record est battu. Le nombre de patients nécessitant des soins est en augmentation. Le personnel de santé, épuisé, paie un lourd tribut avec la perte de plus de 100 praticiens. Les structures de santé sont saturées. Le ministre de la Santé a, une fois de plus, réuni les gestionnaires de la capitale, pour exiger l'augmentation des capacités d'accueil. Alors qu'il devient difficile de faire hospitaliser un malade, le département de Benbouzid ne veut entendre parler ni de saturation ni encore moins de manque d'oxygène. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas de répit sur le front de la lutte anti-Covid-19. Le nombre de contaminations est en hausse et les conséquences se font immédiatement ressentir sur les services dédiés à la prise en charge des personnes contaminées et présentant des symptômes nécessitant une hospitalisation. Au niveau de la capitale, mais également dans d'autres villes, il est devenu très difficile de faire admettre un patient. Face à cette situation, le ministre de la Santé réunissait mercredi, en fin de journée, les gestionnaires des structures de santé de la capitale pour leur demander d'appliquer la directive « tout Covid », qui veut que tous les services puissent se transformer en service dédié au Covid-19 lorsque les structures dédiées ne sont plus en mesure d'absorber le flot des patients. Le département de Benbouzid campe, néanmoins, sur ses positions et ne veut pas entendre parler de saturation. Le directeur des infrastructures répétait jeudi que les lits mobilisés n'avaient pas encore été tous exploités et que l'oxygène était disponible en quantité suffisante. Augmentation de 70% du taux d'hospitalisation Les données fournies par l'Institut national de santé publique dévoilent, pourtant, bel et bien, un afflux plus important vers les hôpitaux, notamment dans le centre du pays. La hausse du taux d'hospitalisation au niveau national est de 70,7%. Cette augmentation est aussi retrouvée au niveau de la région centre et ses sous-régions. En deux semaines, le nombre d'hospitalisations par jour est passé de 1 895 à 3 363. À titre d'exemple, et au cours des sept derniers jours, la wilaya de Tipasa totalise 56,3% des hospitalisations avec un nombre quotidien moyen de 133,1. Durant la même période, Alger a notifié en moyenne 831,4 hospitalisations par jour et Blida 393,3. Béjaïa et Tizi-Ouzou enregistrent un nombre moyen quotidien d'hospitalisations de l'ordre de, respectivement, 438,7 et de 295,7. Au niveau des services de réanimation, la tendance est la même : le pourcentage des hospitalisations en unités de soins intensifs est de 6,5% avec une progression de 17,6%, faisant passer le nombre de patients en réanimation de 147 à 173. Une situation qui a compliqué davantage la tâche du personnel de santé, épuisé et endeuillé. Pas moins de 113 médecins ont perdu la vie, suite à une contamination au Covid-19. Face à cette situation qui se complique chaque jour un peu plus, les appels au durcissement des mesures restrictives se multiplient. Des membres du Comité scientifique chargé du suivi de la pandémie estiment qu'elles sont l'unique rempart face à la déferlante de cas. En attendant, au niveau local, des walis prennent des initiatives comme la fermeture de certains parcs, des marchés à bestiaux. Le wali de Jijel a émis une instruction interdisant à toute personne atteinte du coronavirus de quitter son domicile. Mais là encore et comme pour toutes les mesures déjà prises, la problématique de l'application mais surtout celle des moyens mobilisés pour le faire restent le maillon faible de la stratégie de riposte. N. I.