Il y a comme un lien invisible entre le roman Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell et le film Le Bon, la Brute et le Truand de Sergio Leone. L'histoire dans les œuvres de l'écrivaine américaine et du réalisateur italien se déroule en Amérique durant la guerre de Sécession. On en parle rarement, mais les deux sont antimilitaristes et ouvertement contre la guerre. Margaret Mitchell décrit, au début de son livre, une société sudiste inconsciente qui croit que la guerre contre les Yankees sera une petite et agréable balade. Le déclenchement de la guerre est ainsi accueilli comme «une bonne nouvelle». Elle va déchanter, la société sudiste, quand la guerre, avec toute sa laideur, arrive chez elle. Dans le western de Sergio Leone, deux hommes traversent de larges parties du pays à la recherche d'un trésor caché dans un cimetière. Sur leur chemin, ils rencontrent la guerre dans toute sa laideur : soldats mutilés, blessés, villes dévastées et populations déplacées. Aucun des officiers ou soldats, Yankees ou Confédérés rencontrés ne parlent de «sacrifices», de «devoir» ou de «bravoure». Dans les deux camps, on ne voit que les (vraies) victimes dans cette effroyable boucherie. Le pont «stratégique» (à la fin du film) pour lequel des milliers de personnes sont scarifiées quotidiennement est un symbole, comme une divinité. Mortellement blessé, l'officier qui défendait une des deux berges de la rivière est mort l'âme en paix après avoir entendu que les deux civils, rencontrés quelques heures, ont fait sauter le maudit pont. Le lendemain, la paix des cimetières régnait sur les lieux, désertés par les deux armées. K. B .