Ammar Belhimer réaffirme sa conviction quant à «l'inexistence de prisonniers politiques dans le pays», lui qui invite «à faire le distinguo entre l'emprisonnement d'un journaliste pour délit d'opinion et le caractère sacro-saint de la justice lorsqu'un délit est commis, quand bien même par un journaliste». M. Kebci - Alger (Le Soir) - Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement récuse l'existence de prisonniers d'opinion dans le pays, comme ne cessent de le soutenir nombre de voix, parmi notamment celles qui réclament un processus constituant comme solution à la crise que vit le pays. «À mon sens, et je crois bien ne pas être le seul à le soutenir, la fonction de journaliste, au sens professionnel du terme, est un exercice qui ne doit pas se confondre avec les agissements d'un activiste, cheval de Troie, qui utilise ce noble métier comme tenue de camouflage. Nos obligations de vigilance pour protéger notre pays ne nous permettent pas de laxisme devant ces agitateurs, quels que soient les théoriciens du chaos qui les programment et les soutiennent, ici ou à l'étranger», a-t-il affirmé, hier dimanche, dans un long entretien accordé à notre confrère El Moudjahid. Pour lui, «seul un Etat de droit, à l'exclusion de tout autre logiciel de gouvernance, peut donner corps aux idéaux de démocratie, de justice et de progrès social qui ont toujours été les miens depuis cinquante ans», rappelant que l'article 50 de la Constitution énonce que «le délit de presse ne peut être sanctionné par une peine privative de liberté». Et d'inviter à faire le distinguo «entre l'emprisonnement d'un journaliste pour délit d'opinion et le caractère sacro-saint de la justice lorsqu'un délit est commis, quand bien même par un journaliste», non sans rappeler que le «journaliste a des devoirs et des droits garantis et protégés par la loi, en sa qualité de professionnel de l'information», estimant que «lorsqu'il commet des délits, il est justiciable comme tout citoyen qui enfreint la loi. Nul n'est au-dessus de la loi». Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement s'en prendra encore une fois aux partisans d'une période de transition dont la trame de combat est, selon lui, «celle du chaos». Le processus dit «constituant», qui n'est rien d'autre qu'un «saut vers l'inconnu», et dont le logiciel constituant qui le porte est «criminel». Des parties qui, selon lui, «ne perdent pas espoir de capitaliser leur présence, assidue mais stérile dans le pôle dit de l'alternance démocratique, pour récupérer à leur profit les gains attendus du néo-Hirak». Une démarche «malsaine» qui, a ajouté Belhimer, «les met en infraction grave avec la Constitution, la loi sur les partis et, plus largement, l'ordre public. Elle les érige en pouvoir constituant, séditieux et de désobéissance civile». Les chantiers du secteur de la communication «avancent bien» Par ailleurs, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement rassure quant au rythme acceptable des divers chantiers, une dizaine, qu'il a enclenchés à la tête du département de la communication. «La plupart de ces chantiers sont bien avancés, notamment ceux visant à mettre en place un cadre juridique adéquat pour régir le secteur de la presse électronique, la mise à jour des statuts de TDA pour la commercialisation des produits offerts par Alcomsat-1, la publicité et le sondage», a-t-il affirmé. Les dix chantiers concernent respectivement le consensus conceptuel pour une pratique sereine et apaisée du métier qui concilie liberté et responsabilité, ce qui suppose civisme et toute une chaîne de valeurs éducatives et exclut la haine, le racisme, le régionalisme, le sectarisme, la violence expressive et toute autre forme d'exclusion, la garantie du droit à l'information dans un cadre pluraliste, le vide juridique dont souffre le secteur, l'accélération de la transition finale vers la communication numérique, l'activation de la communication institutionnelle, l'extension du réseau de l'information de proximité pour renforcer la démocratie participative, la promotion de la formation et de la qualification, l'amélioration de l'image de l'Algérie à l'étranger, la réglementation de l'activité du sondage d'opinion et, enfin, l'aide aux hebdomadaires et publications spécialisées, confrontés à d'énormes problèmes de financement. «Réorganisation profonde» des médias publics Affirmant qu'il «n'y a pas de pas de différence entre médias publics et médias privés» qu'il qualifie de «partenaires, dont la mission commune est le raffermissement de la liberté d'expression et la promotion du droit à l'information», Belhimer parle d'une «réorganisation profonde des médias publics, qu'ils soient audiovisuels ou écrits, à l'effet de les moderniser et les transformer en entreprises organisées en portails numériques offrant des produits variés». Ce qui se fera en deux volets, soit le «raffermissement de l'exercice démocratique et l'encadrement juridique des activités de communication (codification de l'activité de presse électronique multimédia, la loi sur la publicité, le sondage d'opinion, les agences de communication, l'autorégulation de la presse écrite, et le rapatriement juridique et technologique des chaînes de télévision privées». Concernant les médias privés, le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a affirmé que «le rôle de l'Etat est de réguler l'activité des journaux, de veiller au respect de la réglementation en vigueur et des règles de la concurrence, ainsi qu'à l'équité dans l'accès à la publicité publique». Pour ce qui est de l'audiovisuel caractérisé par une pléthore de chaînes de télévision de droit étranger, il a évoqué «l'inévitable révision de la loi relative à l'audiovisuel, notamment en ce qui concerne l'élargissement du champ audiovisuel au privé, pour englober les chaînes à caractère général et non plus thématique, comme elles sont injustement qualifiées aujourd'hui». M. K.