Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), Lyes Merabet, considère que la vaccination contre le Covid-19 est une partie de la solution, précisant, néanmoins, que le défi aujourd'hui est de réussir à mettre en place les ingrédients essentiels à un démarrage réussi. Massiva Zehraoui- Alger (Le Soir) - Cette campagne de vaccination se distingue des autres, selon Lyes Merabet, de par son envergure. « On doit, par conséquent, l'accompagner avec toute la rigueur qu'il faut», a-t-il soutenu, hier dimanche, sur les ondes de la Radio nationale Chaîne 3. Pour mettre sur pied un agencement plus ou moins sans faille, il est nécessaire, dit-il, « d'associer les partenaires sociaux pour que cette opération démarre sur les chapeaux de roues ». Lyes Merabet estime, en premier lieu, qu'il est normal de cibler les personnes à qui on administrera en priorité le premier lot de vaccin. Sur ce point, il relèvera d'ailleurs que leur nombre est très élevé. Il juge, par conséquent, pertinent d'exploiter dans les grandes villes certains espaces qui n'ont pas pour vocation de dispenser des prestations sanitaires ; « comme ça se fait en Angleterre ». Il reconnaît, toutefois, que cette option est difficile à envisager car tout dépendra de la disponibilité des commodités et des moyens humains. À ce stade, le syndicaliste estime qu'il est important pour notre pays d'expliquer clairement sa stratégie vaccinale pour pouvoir ensuite « dégager les moyens nécessaires au bon déroulement de la campagne». Le docteur Merabet souligne que la vaccination est aujourd'hui notre espoir d'amorcer une sortie de crise sur le plan sanitaire. Mais cela reste tributaire de la « réussite de la campagne de vaccination pas uniquement en Algérie mais partout dans le monde », explique-t-il. Revêtant son costume de syndicaliste, Lyes Merabet a remis sur la table les revendications socioprofessionnelles du corps médical que les autorités ne daignent pas prendre en charge. Il rappelle que le personnel soignant a payé durant cette pandémie un lourd tribut qui se traduit par « la contamination de 12 000 soignants au Covid-19 dont 153 décès ». Ce bilan doit inciter les autorités à montrer « plus de gratitude au corps de la santé ». Il serait ainsi judicieux de commencer par « reconnaître le Covid-19 comme une maladie professionnelle », suggère-t-il. Lyes Merabet rappelle que ce dossier a pourtant été soumis aux autorités depuis le mois de mars dernier, « mais en vain ». Il déplore également le fait que la prime Covid-19, devant revenir aux professionnels de la santé, n'a pas été perçue par ces derniers « depuis deux trimestres ». Idem pour les engagements de l'Etat portant sur l'indemnisation des familles des soignants décédés après infection au virus. « Une fois de plus, ils n'ont pas été honorés », a déploré le docteur Merabet. Le président du SNPSP a, dans ce contexte, encouragé les décideurs à rouvrir les dossiers inhérents au statut particulier et aux salaires des professionnels de la santé. Sur le plan de l'indispensable réforme du système de santé algérien, le praticien reproche aux autorités d'avoir perdu un temps précieux pour engager une feuille de route. Le fait d'avoir installé un ministère délégué à la Réforme sanitaire a, selon lui, « fait perdre au moins six mois ». Ce laps de temps aurait dû être exploité pour « mettre en place les axes principaux d'une réflexion qui aurait pu déboucher sur des solutions concrètes », précise-t-il. D'après lui, la pandémie ne doit pas être un obstacle à la production des idées allant dans le sens des réformes. « On aurait pu avancer sur différents axes de la réforme », estime-t-il, car il ne s'agit pas seulement d'améliorer l'organisation des structures sanitaires. Lyes Merabet pense utile d'axer sur la formation et des mécanismes qui boosteront la recherche scientifique. « Ce qui permettra au secteur de la santé de s'émanciper », appuie-t-il. Si aujourd'hui nous trouvons certaines difficultés à lancer une campagne de vaccination, « c'est parce que nous dépendons des autres ». Etat de fait qui nous interpelle, explique-t-il, « sur la nécessité, voire l'urgence de prendre son indépendance en termes de médicaments et autres ». M. Z.