Les avocats de l'étudiant et ancien détenu Walid Nekkiche sont revenus, hier, lors d'une conférence de presse, sur les violences subies par ce dernier alors qu'il était en garde à vue dans les locaux des services de sécurité. Ils ont appelé l'Etat à respecter ses engagements internationaux dans le cadre de la ratification notamment de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et la Convention internationale contre la torture. Ils ont également appelé à rendre justice à l'étudiant qui aurait même subi des violences sexuelles et la punition de ses tortionnaires. Karim Aimeur – Alger (Le Soir) – A l'occasion de cette conférence tenue au siège de l'association SOS Disparus à Alger, les conférenciers ont annoncé la création du «Comité national contre la torture», à l'initiative du Comité national pour la libération des détenus, la Coordination nationale des universitaires algériens pour le changement et des membres du collectif des avocats de la défense des détenus d'opinion. Dans son intervention, l'avocate de Walid Nekkiche, Nacéra Haddouche, qui avait déposé plainte pour les violences subies par son client, a exprimé sa colère contre les sévices subis par l'ancien détenu qui avait révélé, lors de son procès au tribunal de Dar-el-Beïda, avoir subi des violences lors de sa garde à vue. Elle a appelé l'Algérie à respecter et à appliquer les conventions internationales contre la torture qu'elle a ratifiées ainsi que la Déclaration universelle des droits de l'Homme qui souligne, dans son cinquième article, que «nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants». L'oratrice a cité également l'article 171 de la Constitution de 2020 qui stipule que «dans l'exercice de sa mission, le juge est tenu d'appliquer les traités ratifiés, les lois de la République et les décisions de la Cour constitutionnelle». Ainsi, les avocats et les membres du comité ont été unanimes à appeler à rendre justice à Walid Nekkiche tout en saluant son courage, estimant que ses tortionnaires doivent rendre des comptes. Dans leur déclaration «Stop à la torture», les initiateurs du comité ont affirmé que «les sévices physiques, psychologiques et sexuels subis par Walid Nekkiche infligés par des services de sécurité après son arrestation le 26 novembre 2019 sont un acte d'une extrême gravité qu'on ne peut pas laisser passer». «En révélant ces sévices, devant les magistrats, Walid Nekkiche a brisé le mur de l'omerta. Il a été d'un courage exemplaire, qui fera date dans l'histoire des luttes en Algérie. Le choc est réel au sein de l'opinion publique, l'enquête préliminaire du parquet ne doit pas être un énième subterfuge pour calmer la colère et l'indignation nationale et internationale. Il faut que justice soit rendue sur ce qu'a subi Walid Nekkiche pendant 6 jours à la caserne Antar et que ses tortionnaires soient identifiés et jugés», ont-ils plaidé, en appelant à bannir la torture et l'utilisation de la justice comme instrument de répression. Il faut rappeler que le parquet général près la cour d'Alger a ordonné, la semaine passée, au procureur de la République près le tribunal de Bir-Mourad-Raïs d'instruire une enquête préliminaire sur les faits avancés par l'ancien détenu et chargé la police judiciaire compétente de cette mission. K. A.