La grogne du personnel de l'éducation monte et le malaise est de plus en plus palpable dans le secteur. Les actions de protestation se sont amplifiées en l'espace de 15 jours à peine. La grève spontanée qui a été déclenchée à Oran dans plusieurs établissements scolaires gagne du terrain, notamment, suite aux actions initiées ces derniers jours par les syndicats autonomes de l'éducation. Ils menacent aujourd'hui d'aller vers un durcissement du mouvement. L'intersyndicale de l'éducation, composée de 14 syndicats, a annoncé un débrayage de trois jours à compter du 9 mai prochain, et ce, malgré les assurances de la tutelle de prendre en charge les préoccupations majeures de l'ensemble du personnel éducatif. Massiva Zehraoui - Alger (Le Soir) - Autant d'indicateurs qui augurent de sérieuses agitations dans le secteur de l'éducation, à la veille des examens. La colère ne s'atténue pas chez les corps de l'éducation qui ont opté pour le durcissement de la protestation. Ce nouvel appel à la grève de trois jours risque de chambouler fortement le déroulement des cours et de paralyser les établissements scolaires. 14 syndicats autonomes s'insurgent contre un malaise» qui ronge chaque jour un peu plus le secteur de l'éducation. Ils ne veulent plus se contenter des «engagements verbaux» de la tutelle, «tant les conditions socioprofessionnelles des travailleurs de l'éducation frôlent le pourrissement». Ces syndicats réclament «la protection du pouvoir d'achat des travailleurs, avec la revalorisation à 100% du point indiciaire, l'application du décret présidentiel 266-14 avec effet rétroactif, le dévoilement du statut particulier, la régularisation des incidences financières et du dossier des diplômés des écoles supérieures, la révision des programmes, la diminution du volume horaire et la libération des établissements primaires de la mainmise des collectivités locales». Le ministre de l'Education nationale s'est engagé, jeudi, à prendre en charge les revendications «légitimes» des syndicats relevant de son département. Il invite, à ce titre, les partenaires sociaux à poursuivre les sessions de rencontres pour évoquer les préoccupations du personnel de l'éducation. Il promet également de prendre en charge certaines doléances incluses dans la plateforme de revendications des syndicats. Malgré ces cautions, les protestataires n'ont visiblement pas l'intention de se rétracter. Ils se disent las d'entendre des promesses qui n'aboutiront jamais sur le terrain. D'autant plus que la position du gouvernement vis-à-vis des dernières grèves observées dans le secteur n'a pas aidé à apaiser les tensions. Les dernières déclarations du Premier ministre Abdelaziz Djerad ont été perçues par les représentants des fonctionnaires de l'éducation comme du «mépris». «Les propos du Premier ministre sont offensants et ne font qu'attiser la colère des protestataires», dénonce le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste ). L'un des membres de la même organisation a dans ce registre considéré injuste que le ministre de l'Education réponde à des revendications « légitimes » par des ponctions sur salaires ou autres mesures punitives. Une position qui, selon lui, ne favorise aucunement le dialogue. Notre interlocuteur souligne que le personnel de l'éducation vit des heures sombres tant sur le volet social que professionnel. Le Cnapeste tiendra, pour sa part, prochainement, un conseil national d'urgence pour débattre de la suite à donner à la protestation. Pour ce qui des autres organisations syndicales telles que le Snapest, le Satef, le CLA et l'Unpef, elles se dirigent inéluctablement vers une escalade du mouvement de protestation entamé la semaine dernière avec une journée de grève et des sit-in devant les Directions de l'éducation des wilayas. Les représentants de ces syndicats n'excluent pas le recours à des moyens de pression plus persuasifs, si aucune solution concrète n'est proposée. « Le sort de l'année scolaire dépend de la volonté des décideurs », a souligné Kamel Betayeb, syndicaliste de l'Union nationale du personnel enseignant et de la formation (Unpef). «À nos conditions de travail difficiles, s'ajoutent des difficultés d'ordre social. Vu la dégradation de notre situation, les prestations de ce secteur ne peuvent que diminuer », martelle-t-il. « La protestation est la seule arme dont nous disposons pour faire pression sur le gouvernement », appuie-t-il, en assurant que les enseignants sont décidés à obtenir satisfaction. Le secteur de l'éducation connaît depuis près de trois semaines un important vent de protestation, né d'un mouvement spontané des différents corps de l'éducation, notamment dans les établissements des wilayas de l'Ouest. Autant prévenir qu'il sera revigoré dans les prochains jours, avec l'appui des syndicats de l'éducation qui ont finalement décidé de rejoindre la protesta. M. Z.