Face à la flambée des contaminations au Covid-19, les appels à un retour à un confinement plus strict se font de plus en plus insistants. Ils émanent essentiellement du personnel de la santé épuisé par l'afflux record des personnes contaminées au Covid-19, nécessitant une hospitalisation. Ils ne sont pas les seuls à réclamer des mesures plus restrictives : plusieurs acteurs du mouvement associatif, notamment, expriment la même demande. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La situation épidémiologique est plus qu'inquiétante. Un constat que partagent tant les professionnels de la santé qui sont sur le terrain que les pouvoirs publics qui, par la voix du ministre de la Santé, ne cachent plus leur inquiétude. Là où ils ne sont plus d'accord, c'est au sujet de la riposte qu'il faut rapidement organiser pour circonscrire une épidémie qui met à mal le système de santé. Le ministre de la Santé, également président du Conseil scientifique chargé du suivi de la pandémie, ne voit pas l'intérêt d'un retour au confinement. Il le disait, il y a tout juste quelques jours, alors que les contaminations avaient atteint un niveau record. Un avis que partagent également d'autres membres de ce même comité, à l'image du Pr Mahyaoui ou du Dr Akhamokh qui jugent un retour à un confinement plus strict sans respect des mesures barrières inutile. Le Pr Belhocine tient, pour sa part, des propos plus nuancés. Il estime que « lors des flambées précédentes, l'on a vu que la décision de confinement était politique. Ce n'est pas le Comité scientifique qui a pris ce genre de décision. On peut faire des recommandations, mais il y a d'autres considérations qui sont prises en compte par le gouvernement pour décider du confinement. Ce sont des situations qui sont gérées au cas par cas. Personnellement, je pense que si la situation continue de s'aggraver, tôt ou tard, il faudra reconsidérer les mesures de confinement en particulier dans les zones où les contaminations sont très actives ». Le président de la Société algérienne d'infectiologie et chef de service infectiologie au niveau de l'EPH de Boufarik estime qu'« avant le confinement, il faudrait d'abord que l'Etat soit présent. Où est-il concernant l'application des mesures prises ? Je demande dans un premier temps que les décisions déjà prises soient mises en application. Cela demande des contrôles. Où sont-ils ? Que le gouvernement fasse appliquer des mesures déjà arrêtées, parallèlement à cela, vu l'explosion des cas et la saturation des hôpitaux, il est clair que l'hypothèse du confinement soit mise sur la table surtout qu'on est très loin de l'immunité acquise à travers la vaccination. Il faudra plusieurs mois, environ dix, au regard du rythme de l'acquisition des vaccins. Le confinement peut ne pas être total. Il peut être ciblé au niveau des wilayas les plus touchées ». Le Pr Saïd Omar Mahsas, spécialiste en maladies respiratoires, ne croit pas aux demi-mesures, non plus. Il lance même un appel au président de la République. Il écrit en effet : « Monsieur le Président, vous êtes le garant de la République et de la Constitution. Votre peuple est en danger de mort .» Ajoutant que « 1 200 cas positifs, nombre jamais atteint, c'est plus de 4 000 contagieux en circulation, et dans 10 jours c'est fois 8. Notre système de santé, nos ressources humaines et nos moyens ne pourront pas résister. Inadmissible, ce silence lourd, pesant à une demande des plus légitimes ». Pour sa part, le Dr Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique, estime que « lorsque la vague de contaminations prend cette allure, que le nombre de malades et de morts augmente, que la pression devient forte sur les structures de santé au point de saturer, la seule mesure urgente, c'est un retour à un confinement total ou partiel en fonction des cas pour une durée de quinze jours avec une application stricte des mesures barrières, notamment le port obligatoire des masques ». À ces appels, s'ajoutent ceux lancés par de nombreuses associations qui ont pu vérifier sur le terrain à quel point il était difficile de prendre en charge des malades, notamment ceux nécessitant une assistance respiratoire. Ces appels seront-ils entendus ? Réponse aujourd'hui, à l'issue du Conseil des ministres. N. I.