Les derniers développements majeurs intervenus chez notre voisin tunisien, à savoir le gel par le Président Kaïs Saïed du Parlement et le renvoi du gouvernement, ont fait réagir différemment les partis islamistes algériens. M. Kebci - Alger (Le Soir) - Une réaction instantanée des partis de la mouvance verte du fait de la majorité du mouvement Ennahdha au sein de l'Assemblée tunisienne. Suffisant pour que le Mouvement de la société pour la paix qualifie, à l'issue d'une réunion d'urgence de son bureau national, les décisions de Kaïs Saïed de « «coup d'Etat», rejoignant, ainsi, le mouvement que préside Rached Ghannouchi. Pour le parti que dirige Abderezzak Makri, «ce qui se passe en Tunisie est un coup d'Etat contre la Constitution tunisienne et la volonté populaire de nos frères tunisiens exprimée lors des précédentes élections législatives, et un échec systématique de la transition démocratique tunisienne qui a suscité espoir pour les Tunisiens et les peuples libres du monde». Et de voir en ce «coup d'Etat», un «remake » de ce qui s'est passé dans d'autre pays arabes où des opérations similaires ont été, selon lui, «parrainées par les régimes arabes bien connus, qui ont conduit ces pays au chaos, au sous-développement, à l'effondrement économique et aux ruptures sociales». Aussi, le MSP «appelle le peuple tunisien à adhérer à ses institutions légitimes, à rejeter le coup d'Etat et à résoudre ses problèmes par le dialogue et un large consensus à travers les solutions constitutionnelles pour surmonter les blocages actuels existants». Il invite, dans la foulée, les autorités algériennes «à soutenir les institutions tunisiennes légitimes, à condamner le coup d'Etat, à considérer le danger de ces décisions unilatérales et inconstitutionnelles autant sur la Tunisie que son voisinage, et à aider les Tunisiens à surmonter leurs problèmes politiques et économiques». Ceci dit, cette position tranchée du MSP à l'encontre des décisions du Président tunisien contraste nettement avec celle de l'autre parti de la mouvance verte, à savoir le mouvement El Binaa issu, pour rappel, d'une dissidence au sein du mouvement cher à feu Mahfoudh Nahnah. Dans un communiqué rendu public, hier, Abdelkader Bengrina estime de prime abord que «les positions du parti ne sauraient aller à l'encontre des positions officielles de l'Algérie quand il s'agit de questions étrangères. Une diplomatie dont l'un des credo est la non-ingérence dans les affaires internes des pays et le respect de la souveraineté des Etats, des institutions, des Constitutions et le non-recours à la rue pour le règlement des différends». Le mouvement El Binaa réitère son soutien à la démocratie, la souveraineté des institutions en Tunisie, refusant toute ingérence dans ses affaires internes de la part des marchands d'armes qui ne cherchent que l'effondrement et l'effritement des Etats. Il faut rappeler que le président de la République a reçu, lundi, un appel téléphonique de son homologue tunisien. Selon un communiqué de la présidence de la République, Abdelmadjid Tebboune et Kaïs Saïed ont échangé sur les derniers développements en Tunisie, ainsi que sur les perspectives des relations algéro-tunisiennes, tout en évoquant les moyens de les renforcer. Il est utile de noter que vendredi dernier, le Président tunisien a dû geler les travaux du Parlement et procédé au limogeage du chef du gouvernement. Des décisions prises que justifie Kaïs Saïed, selon la Constitution, et que nécessite la situation afin de sauver la Tunisie, l'Etat et le peuple tunisien, ajoutant que le pays «traverse des moments très délicats de son histoire». Le parti majoritaire au Parlement, le mouvement Enahdha, a qualifié ces décisions de «coup d'Etat». M. K.