L'unité nationale est une ligne rouge. C'est le message qu'a voulu passer le chef de l'Etat en prenant la parole jeudi soir, au moment où le pays traverse une épreuve tragique. Abdelmadjid Tebboune a mis en garde ceux qui seraient tentés de profiter de la situation pour semer la discorde. Il s'est également exprimé sur le meurtre, dans des conditions inhumaines, du jeune Djamel Bensmaïl, affirmant que seule la justice était habilitée à établir les faits. À ceux qui ont réclamé davantage de moyens pour lutter contre les feux de forêt, le Président a rappelé les efforts de l'Algérie pour acquérir des bombardiers, assurant avoir donné des instructions afin que l'armée puisse prendre attache avec les fournisseurs de bombardiers d'eau. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Le président de la République a pris la parole jeudi soir, au moment où le pays traverse une véritable épreuve. Les feux de forêt qui ravagent plusieurs régions ont endeuillé le pays avant que les images de l'assassinat du jeune Djamel Bensmaïl ne viennent choquer une opinion publique déjà accablée par le drame qui frappe le pays. Dans un discours télévisé d'une dizaine de minutes, Abdelmadjid Tebboune a insisté sur la nécessité de préserver l'unité nationale, affirmant que «la seule chose qui nous console en cette pénible épreuve, c'est l'élan de solidarité dont ont fait preuve tous les citoyens qui étaient de tout cœur avec les habitants de Tizi-Ouzou et de Béjaïa. C'est un élan que nous devons sauvegarder, tout autant que l'unité nationale», ajoutant qu'il était primordial de «nous mobiliser tous face à ceux qui tentent de semer la discorde entre les Algériens, voire entre une région et une autre» et mettant en garde ceux qui «profitent de l'occasion pour semer la discorde». Le chef de l'Etat a affirmé que «l'Etat algérien est un Etat indivisible, et le peuple est uni de Tizi Ouzou à Tamanrasset, et de Tébessa à Tlemcen. Ces questions sont tranchées et nous utiliserons tous les moyens offerts pour barrer la route à ces personnes qui veulent attenter à l'unité nationale. Quiconque tenterait d'attenter à l'unité nationale paiera le prix très cher», pointant un doigt accusateur en direction «des parties qui profitent de cette pénible épreuve pour envenimer la situation et tenter de créer la discorde entre l'armée et le peuple, et entre le peuple et l'Etat». Dans ce même discours, le chef de l'Etat a évoqué la mort, dans des circonstances dramatiques, du jeune Djamel Bensmaïl. Le président de la République a estimé que «seule la justice était habilitée à établir les faits dans cette affaire». Là aussi, il met en garde, assurant qu'«il convient de ne pas exploiter cette circonstance, ni de tomber dans le piège de deux organisations terroristes qui tentent de porter atteinte à l'unité nationale». Dressant un état des lieux, le chef de l'Etat assure que l'Algérie passait, «encore une fois, par des circonstances rudes et tragiques» avec des feux de forêt enregistrés dans pas moins de 17 wilayas. Ces derniers, dit-il, sont «provoqués probablement par la canicule qui prévaut dans la rive méditerranéenne, mais qui sont de manière générale d'origine criminelle». D'ailleurs, dit-il, 22 suspects ont déjà été arrêtés. Sur l'ampleur des incendies, Abdelmadjid Tebboune dira avoir vu des images satellitaires «terrifiantes», décrivant une situation que «le pays n'a pas connue depuis des décennies». Pour pouvoir les maîtriser, dit-il, des moyens matériels et humains, ainsi que des engins de transport et d'extinction colossaux ont été mobilisés au niveau de plusieurs wilayas. Tebboune assure que dès les premiers départs de feu, des instructions au Premier ministre et même au niveau de la présidence ont été données afin de «prendre attache avec tous les pays européens amis, en vue de l'acquisition de canadairs. Nous savions que nos reliefs ne permettaient pas d'éteindre les flammes par des moyens traditionnels. Malheureusement, aucun pays n'a répondu à notre demande, tous les appareils européens étant déployés en Grèce et en Turquie, qui ont connu des feux de forêt dévastateurs». Il rappellera que l'Algérie avait pu recevoir deux avions en provenance de France, évoquant l'affrètement de deux avions bombardiers d'eau en provenance d'Espagne et l'arrivée, dans trois jours, d'un troisième appareil en provenance de la Suisse, ce qui, dit-il, «permettra de contenir ces feux de forêt». Pour mettre un terme au débat sur l'acquisition de canadairs, Tebboune a fait savoir qu'il avait donné des instructions à l'ANP pour «prendre contact avec les compagnies qui vendent des avions bombardiers d'eau». À ceux qui estiment que tous les moyens n'avaient pas été suffisamment mobilisés, Tebboune répond que l'Armée nationale populaire a réquisitionné six hélicoptères pour venir à bout des flammes, et que près de 3 000 agents de la Protection civile et ceux des forêts ainsi que les éléments de l'ANP, en plus des citoyens volontaires, étaient sur le terrain, rappelant la difficulté de la tâche en raison de la nature du relief, mais surtout du fait qu'il s'agisse souvent de régions peuplées. N. I.