Si la semaine dernière, le prix du pétrole l'a bouclée en réalisant la performance de demeurer aux alentours de la barre des 70 dollars le baril de Brent, malgré les rapports pessimistes sur la demande et les incursions américaines pour obtenir de l'Opep une augmentation de la production afin que les prix amorcent une tendance à la baisse, la semaine courante s'avère plus délicate, même si hier, jusqu'en début d'après-midi, les prix ont fait de la résistance. D'une part, les craintes suscitées par le variant Delta sur l'activité économique, avec son impact sur la demande, et d'autre part, les Chinois qui continuent à puiser dans leurs réserves stratégiques en se faisant moins visibles sur le marché. Deux donnes baissières qui viennent augmenter le doute qui s'installe sur le marché mondial déjà bien mis mal à l'aise par les deux rapports contradictoires sur les perspectives de la demande, rapports de l'Opep et de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). L'Opep, malgré les aléas de ces dernières semaines, maintient ses prévisions sur la demande pour 2021 inchangées par rapport au mois précédent (96,6 millions de barils par jour), mais réduit sa prévision de la demande de 1,1 million de bpj pour 2022 pour s'établir à 99,9 millions de bpj. Dans le même temps, l'AIE prévient que la croissance de la demande pourrait ralentir au cours de la période restante de 2021 et recommande à l'Opep+ d'adopter une voie plus prudente. Des contingences qui ont eu, immanquablement, leur effet sur le marché marqué par un début de semaine (lundi) plutôt calme, le Brent se négociant juste en dessous de la barre des 70 dollars le baril et le WTI oscillant autour de 67,5 dollars le baril. Malgré cette accalmie, somme toute relative, le sentiment à court terme est devenu plus baissier chez la grande majorité des analystes en raison de la progression du variant Delta. Lundi, à la réouverture du marché, par la «faute» de la Chine où la pandémie regagne du terrain, suscitant de sérieuses inquiétudes sur la demande, déjà touchée par le recours aux réserves stratégiques, les chiffres très décevants sur l'activité économique là-bas ont enfoncé les prix des deux barils de référence, glissant à 69,51 dollars le baril pour le Brent et 67,29 pour le WTI. Un scénario qui n'incite pas à l'optimisme pour les jours qui viennent d'autant plus que la tendance a été confirmée mardi, les prix accusant leur quatrième séance consécutive de baisse, le baril de Brent ayant été cédé au cours final de 69,03 dollars. Il a fallu attendre hier pour que les intervenants sur le marché retrouvent quelques couleurs, lorsque les chiffres des stocks américains rendus publics par l'American Petroleum Institute (API), la fédération des professionnels américains du secteur, faisaient état de stocks de brut en baisse de 1,2 million de barils la semaine dernière. Ceci en attendant les chiffres habituellement plus fiables de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA). Une zone trouble que traverse le pétrole et qui déjà donne lieu à de nombreuses spéculations sur le déroulé de la prochaine rencontre des ministres de l'Opep et leurs alliés dans Opep+. Selon l'agence Reuters, les 13+10 regroupés au sein de l'Opep+ n'ont pas l'intention d'accéder aux désirs de l'Administration Biden d'ouvrir un peu plus les vannes en raison des prix de l'essence plutôt élevés ces derniers temps aux Etats-Unis. «Le désir de Biden de bas prix de l'essence au détail n'est actuellement pas une priorité de l'Opep+. Il est peu probable que l'alliance réponde à de tels appels pour deux raisons. Un, la demande d'essence culmine normalement pendant la période estivale, ce qui signifie que les prix chuteront probablement bientôt. La demande estivale a été en grande partie responsable de la remontée des prix observée entre juin et août. La croissance de la demande ralentira probablement dans la partie restante de 2021, ce qui signifierait que les prix atteindraient leurs plus hauts niveaux en juillet. Deux, l'impact du variant Delta est une question d'incertitude importante. La poursuite des mesures de verrouillage et la restriction des voyages en Chine sont particulièrement préoccupantes et soulèvent des questions sur l'efficacité des vaccins contre le variant Delta. Dans ce cas, une troisième dose peut être nécessaire. Cette demande est susceptible d'être un grave sujet de préoccupation pour l'Opep+ lors de sa réunion de septembre et pourrait conduire le groupe à retarder ou à ralentir la montée en puissance de la production au cas où la situation en Chine continuerait de se détériorer» analysait, il y a deux jours, Youssef Al Shammari, l'ancien chercheur à l'Opep et actuel patron et responsable de la recherche pétrolière chez C. Markits. Azedine Maktour