C'est le point de non-retour entre l'Algérie et le Maroc. L'Algérie a décidé de rompre ses relations diplomatiques avec le voisin marocain. Une décision prise en réaction à ce que le ministre des Affaires étrangères qualifie d'hostilité rarement égalée, couronnée par le silence des officiels marocains après les récentes déclarations d'un représentant marocain à l'ONU. Les relations entre les deux pays se sont davantage détériorées après les attaques lancées par le ministre des Affaires étrangères israélien depuis le Maroc, mais également la transformation de ce même pays en base arrière pour des attaques dirigées contre la stabilité de l'Algérie, à l'instar des récents feux de forêt. Lamamra assure que l'Algérie prendra toutes les mesures pour la protection de son intégrité territoriale et ses citoyens. Le ministre des Affaires étrangères rassure : le profond désaccord entre les deux Etats n'affectera en rien la communauté algérienne établie au Maroc, ni les Marocains vivant en Algérie. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - La tension rarement égalée entre l'Algérie et le Maroc a fini par pousser l'Algérie à mettre un terme aux relations diplomatiques entre les deux pays. C'est le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, qui en a fait l'annonce hier, expliquant les raisons de cette décision par l'hostilité du voisin marocain qui a atteint son paroxysme. Alger ne cache plus son irritation face au silence qu'ont opposé les responsables marocains à la demande d'éclaircissements dont ils ont été destinataires, au sujet des déclarations du représentant marocain à l'ONU. Mais aux dires du chef de la diplomatie algérienne, ce n'est que la goutte qui a fait déborder le vase. Ramtane Lamamra a, en effet, énuméré une longue liste de griefs retenus contre un voisin qui, dit-il, a fini par violer toutes les règles régissant les relations diplomatiques. La réponse de l'Algérie, dit-il, est intervenue après une longue attente d'une réponse qui n'est jamais arrivée, expliquant que l'Algérie croyait encore à la capacité du Maroc à se remettre en cause, regrettant que les opportunités d'avoir des éclaircissements n'avaient malheureusement pas été saisies. Si les propos du représentant marocain à l'ONU sont qualifiés par Lamamra de « grave dérive », c'est le silence du Maroc qui a été perçu comme une provocation de plus, voire un soutien politique au diplomate. À cela sont venus s'ajouter les propos du ministre des Affaires étrangères israélien qui s'est attaqué à l'Algérie depuis le Maroc, ce qui fera dire au chef de la diplomatie algérienne que le voisin marocain avait clairement violé les bases et les références des relations diplomatiques en devenant une « base arrière » pour des attaques orchestrées contre l'Algérie, surtout que les propos du ministre israélien avaient, ajoutera-t-il, été tenus en présence de son homologue marocain qu'il dit soupçonner d'en être l'instigateur. Lamamra affirme que jamais auparavant, un responsable israélien n'avait émis de jugement sur un pays arabe à partir d'un autre pays arabe, ce qui constitue, dit-il, une véritable violation du traité de fraternité qui liait les deux pays. La capacité de nuisance du voisin marocain, assure le ministre des Affaires étrangères, a encore une fois été démontrée avec des liens avérés avec des organisations terroristes, sans compter le scandale Pegasus qui a mis à nu de vastes opérations d'écoute. Le ministre des Affaires étrangères remonte plus loin dans l'histoire pour évoquer la décision unilatérale du Maroc d'imposer un visa aux voyageurs algériens après l'attentat de Marrakech, la violation du consulat d'Algérie à Casablanca par un activiste marocain restée quasiment impunie, la tendance du Maroc à renier ses engagements en faveur d'un référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui, mais également son peu d'entrain à ratifier des conventions au sein de l'UMA, poussant l'organisation vers une mort certaine. Pour Ramtane Lamamra, il est clairement prouvé que l'hostilité du Maroc envers l'Algérie n'avait jamais cessé et avait commencé au lendemain de l'indépendance de l'Algérie, avec la guerre déclenchée en 1963, et qui avait fait pas moins de 850 martyrs algériens. En dépit de cette hostilité assumée, l'Algérie, assure le ministre des Affaires étrangères, avait tout fait pour entretenir des relations normales avec le voisin marocain, et s'est toujours refusé à s'ingérer dans les affaires internes du Maroc, au moment où, régulièrement, médias et services de sécurité marocains orchestrent de véritables campagnes hostiles. Devant une telle situation, le ministre des Affaires étrangères affirme que le Maroc doit en assumer les conséquences, après avoir poussé les relations bilatérales vers un chemin sans horizon, en hypothéquant l'avenir des peuples, et n'écoutant pas les appels pour un retour à la raison. L'Algérie, dit-il, ne pouvait alors accepter la politique du fait accompli, ni les politiques unilatérales, encore moins le maintien d'une situation « inhabituelle », mettant l'ensemble de la région dans un état de tension permanente. N. I.