Les chauffeurs de taxi de la wilaya d'Alger ne décolèrent pas. Ils sont confrontés à d'énormes problèmes. Les licences d'exploitation se font rares, la pandémie de Covid-19 fait des siennes, et la concurrence déloyale des taxis clandestins et des chauffeurs des applications VTC font que la profession est menacée sérieusement de disparition. Dénonçant cette situation, ils comptent observer, aujourd'hui, un sit-in à la gare routière du Caroubier, à Alger. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - Les 17 800 chauffeurs de taxi de la wilaya d'Alger n'en peuvent plus de vivre une situation difficile et complexe. En colère, ils renouent avec la protestation. Ils prévoient ainsi un sit-in aujourd'hui, jeudi 26 août, à dix heures, devant la gare routière du Caroubier, à l'est de la capitale. Initié par la Coordination des chauffeurs de taxi de la wilaya d'Alger, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), ce mouvement de contestation vise à dénoncer le «mutisme» et l'«indifférence» des pouvoirs publics quant aux revendications de ces professionnels. «Notre profession ne fait que se dégrader. Nous avons saisi le président de la République, le Premier ministre, le ministre des Transports, le ministre de l'Intérieur et même le président de l'APN sur la situation des chauffeurs de taxi, mais nous n'avons eu aucune réponse», précise le secrétaire général du bureau de wilaya d'Alger de la coordination, Sid-Ali Aït El-Hocine. Parmi leurs problèmes, il évoque le phénomène des taxis clandestins qui ne cesse de prendre de l'ampleur en ces temps de crise sanitaire, ainsi que la concurrence «déloyale» des chauffeurs des applications VTC. «L'interdiction de la circulation des taxis pendant les week-ends dans le cadre de la lutte contre la pandémie de Covid-19 profite au final aux taxis clandestins et aux chauffeurs VTC», regrette-t-il. Autre contrainte soulevée : la licence d'exploitation de taxi. «Nous dépendons des licences des moudjahidine alors que celles-ci se font rares. En l'absence de licences administratives pour lesquelles nous plaidons depuis des années, près de 30% des taxis travaillent de façon illégale, et s'exposent à des sanctions pécuniaires et administratives», dit-il. Soutenant cette initiative, le président de la Fédération nationale des chauffeurs de taxi, Hocine Aït-Braham, exprime son indignation quant au laxisme des pouvoirs publics face à la prolifération des taxis clandestins. «Le phénomène des clandestins menace sérieusement la profession de chauffeur de taxi. Même chose pour les chauffeurs des applications VTC qui poussent comme des champignons», souligne-t-il. Pour lui, l'interdiction des taxis durant les week-ends au même titre que les transports en commun a été une aubaine pour les taxis clandestins et les chauffeurs des applications. Pourtant, rappelle-t-il, «l'année dernière, nous avons travaillé en pleine pandémie, tout en respectant le protocole sanitaire mis en place, et toutes les conditions exigées par les autorités concernées». Aït-Braham assure, d'ailleurs, que le nombre des prestations de service qui s'offrent aux chauffeurs de taxi ont largement baissé depuis l'avènement de la pandémie de Covid-19. «Aujourd'hui, à peine si le taxieur arrive à gagner de quoi payer son gasoil», dit-il. Il soulève également, à son tour, le problème des licences d'exploitation appartenant aux anciens moudjahidine. «Nous souffrons de cette situation depuis des années. Nous sommes à la merci des détenteurs de ces licences, dont le prix de location ne cesse de fluctuer au gré de leur humeur, pour atteindre parfois les 60 000 dinars. Avec cette charge, certains chauffeurs de taxi n'arrivent même pas à régler leurs cotisations à la Casnos», note-t-il. Ry. N.