Tunis, Mohamed Kettou Quarante-huit heures après l'agression, lundi dernier, à l'arme blanche d'un enseignant par l'un de ses élèves, la Tunisie vit encore sous le choc. Le crime a été perpétré par un élève et suivi, le soir même, de la mort suspecte d'un jeune homme dans la localité d'Agareb (gouvernorat de Sfax). Toute la Tunisie en parle. L'enseignant, qui est encore pris en charge à l'hôpital militaire de Tunis, a subi plusieurs opérations et traverse une étape critique alors que l'agresseur, âgé de 17 ans, est placé dans un centre de rééducation en attendant son procès. Le ministère de l'Education et le parquet se penchent sur cette affaire, chacun pour ce qui le concerne. Les responsables de l'éducation cherchent à mettre au point un plan qui permettrait de protéger le cadre enseignant contre d'éventuelles nouvelles agressions. Ce plan, estiment-ils, requiert la contribution de parties diverses dont l'Etat, les parents, les organisations nationales, en particulier celle de l'éducation et de la famille. La solution ne peut être uniquement sécuritaire. Elle se fonde, indique-t-on, sur une somme de propositions qui aideraient l'école à redorer son blason en recouvrant son rôle de pôle d'éducation et d'enseignement. Revenir sur les causes profondes de l'apparition de la violence en milieu scolaire est devenu le souci constant de les identifier avant que la situation ne s'envenime davantage en raison de l'impunité dont ont joui, à ce jour, de nombreux criminels. Ce qui est encore plus inquiétant et déplorable, c'est le nombre incalculable des commentaires postés sur Facebook qui appellent à multiplier les agressions contre les enseignants par une jeunesse qui se sent marginalisée et qui perd tout espoir de trouver sa place dans le pays. Un métier à risque Le métier d'enseignant, connu pour sa noblesse, est devenu un métier à risque comme l'atteste le procès intenté contre une professeure pour avoir noté négativement un élève. Un autre crime à l'arme blanche a été perpétré dans une ville du Sahel (Kalaâ Kebira). Une femme n'a pas hésité à poignarder son époux pour avoir refusé leur séparation par divorce. C'est encore un crime qui atteste de la perte de tout sens de la morale. La femme est en état d'arrestation alors que les jours de la victime sont en danger. Dans la ville d'Agareb, les habitants sont sortis lundi soir manifester contre la décision de la mairie de reconsidérer le traitement des déchets ménagers de la ville de Sfax, distante de 30 km. Cette manifestation a été endeuillée par le décès d'un jeune homme. Pour le ministère de l'Intérieur, il s'agit d'une mort naturelle, alors que de nombreux témoins, dont le frère de la victime, assurent qu'il avait succombé à l'excès dans l'usage du gaz lacrymogène par les forces de l'ordre dépêchées sur les lieux. Cette ville est, depuis ce mardi, sous le contrôle de l'armée, étant auparavant évacuée par les forces de la police et de la Garde nationale dont le siège avait été incendié. Sfax croule sous les ordures ménagères D'ailleurs, la situation environnementale dans la ville de Sfax qui croule, depuis plusieurs jours, sous les ordures ménagères, avait interpellé les plus hautes autorités, en particulier le Président Kaïs Saïed qui a donné ses instructions au ministre de l'Intérieur pour y trouver la solution idoine. C'est suite aux directives données par le ministre aux autorités locales que les citoyens de la ville d'Agareb se sont révoltés, faisant d'une affaire locale un sujet à caractère national. Cependant, la Tunisie, qui souffre de nombreux problèmes politiques, économiques et financiers, ne peut pas se permettre le luxe de leur greffer des problèmes sociaux tels que ceux vécus au lycée de la localité d'Ezzahra (banlieue de Tunis) à 250 kilomètres au sud, à Agareb. Chaque jour, le peuple se réveille sur des évènements traumatisants qui rendent encore plus insupportables les problèmes de la vie courante. M. K.