De Tunis, Mohamed Kettou La Tunisie est loin de connaître un répit qui lui permettrait de décoller. La crise politique perdure avec l'entrée en lice d'un nouveau challenger de poids : la centrale syndicale. Alors que les Tunisiens attendent, en cette fin d'année, l'annonce et la publication du prochain budget de l'Etat, le secrétaire général de la centrale syndicale (UGTT), Noureddine Taboubi, monte au créneau et hausse le ton. Au cours d'un meeting traitant de la situation des travailleuses, il a proféré des menaces qui risquent de constituer un danger dans l'avenir immédiat. Que compte-t-il faire et comment compte-t-il réagir aux mesures fuitées et qu'aurait arrêtées le gouvernement durant l'année prochaine ? Selon les termes employés par Taboubi, c'est pour le moins inquiétant puisqu'il annonce que son organisation est «prête à briser des os». Jusqu'où peut-il aller pour contraindre le gouvernement à respecter les acquis et les droits des travailleurs ? En effet, la centrale syndicale s'oppose fermement aux intentions du gouvernement de «toucher au soutien des prix» et de réduire la masse salariale. Mieux encore, il rejette la proposition de la cheffe du gouvernement relative au gel des salaires durant les cinq prochaines années. S'adressant aux hauts responsables du pays, Taboubi n'a pas hésité à dire : «Si vous voulez un affrontement, nous sommes prêts car nous n'avons pas le choix.» Serait-ce une façon de dire que cet affrontement n'est pas à écarter ? La réaction du président de la République ne se fit pas attendre avec des mots à peine couverts qui en disent long sur les intentions des uns et des autres. Au terme «idham» (os) que Taboubi s'est déclaré prêt à briser, le chef de l'Etat a opposé celui de «adhama» (grandeur) dont tout responsable doit se prévaloir pour faire sortir le pays de la crise. Cependant, tout cela relèverait de la spéculation. Car même s'il ne reste plus que la parution, sur le Journal officiel, du décret présidentiel promulguant la loi de finances, les principaux partenaires, tels que les syndicats patronal et ouvrier, sont encore tenus dans l'ignorance. Car, concocté en vase clos, c'est la première fois qu'un projet de budget de l'Etat ne fait pas l'objet de débat, surtout au Parlement. D'ailleurs, et bien que la majorité de la classe politique n'adhère pas aux vues de Kaïs Saïed, la façon de faire de ce dernier aura épargné à la population le spectacle désolant offert auparavant par le Parlement. M. K.