De Tunis, Mohamed Kettou Annoncé, officiellement, comme étant en résidence surveillée, Noureddine Bhiri, l'un des cadres du parti islamiste Ennahdha, est hospitalisé à Bizerte. Cette arrestation ou «kidnapping», comme se plaisent à répéter ses inconditionnels, a fait couler, depuis trois jours, beaucoup d'encre. Tous les commentaires vilipendent les autorités et leur méthode dans cette affaire. Le fait de garder secret le lieu de sa détention a fait monter d'un cran le courroux du collectif d'avocats chargé de le défendre. À relever que ce collectif est formé de bon nombre de nahdhaouis qui n'épargnent pas le pouvoir en place qu'incarne, depuis Juillet dernier, le Président Kaïs Saïed. Même l'épouse du détenu (avocate de son état), pourtant autorisée à le voir à l'hôpital, n'a pu le faire. C'est elle-même qui a rejeté cette autorisation conditionnée, selon ses dires, par la signature d'un document dont elle ignorait le contenu. De son côté, Rached Ghannouchi s'est adressé au président de la République lui demandant d'intervenir en faveur de Bhiri. Cependant, cette demande n'a aucune chance d'être agréée, sachant que la lettre porte la signature de Ghannouchi en qualité de «président de l'Assemblée des représentants du peuple» que le chef de l'Etat ne reconnaît plus en tant que tel. C'est, en fait, une des provocations que le chef du parti islamiste ne cesse de multiplier à l'adresse de Kaïs Saïed. Pour l'avocat Samir Dilou (nahdhaoui), cette affaire est «purement politique», ajoutant que le collectif de la défense du détenu a déposé une plainte «pour enlèvement et disparition» contre le président de la République et du ministre de l'Intérieur. Tiraillements dans la Garde nationale Cette affaire fait tache d'huile, poussant le corps de la Garde nationale à des tiraillements politiques. Le syndicat de ce corps dénonce les agressions dont ses unités de la caserne de Menzel Jemil (Bizerte) ont été la cible de la part du collectif de défense de Bhiri. À ce propos, le syndicat appelle «toutes les sensibilités politiques à épargner ce corps et l'institution sécuritaire en général, et à ne pas les entraîner dans des querelles dont on se passerait volontiers». Pour certains, le traitement de l'affaire «Bhiri» risque d'être de trop. En effet, le député (gelé) Hassouna Nasfi serait enclin à jeter l'éponge et quitter le domaine politique comme le laisse entendre un statut publié, ce lundi, sur sa page Facebook. Il a écrit : «Je ne supporte plus la vie politique (...). Je ne supporte plus ce qui se passe dans ce pays. Jamais, nous ne pourrons progresser si la situation demeure ainsi.» À qui en veut-il ? Il ne le dit pas clairement. Mais, tout porte à croire qu'il supporte mal le traitement de l'affaire «Bhiri», sachant que, dès juillet dernier, il s'est inscrit parmi les opposants à Kaïs Saïed. M. K.