De Tunis, Mohamed Kettou Rached Ghannouchi, président du parti islamiste Ennahdha, ne dort plus tranquille. Désormais, il doit composer avec un avenir qui le plongerait dans la décadence après avoir connu une puissance qui en a fait le principal décideur en Tunisie. C'était prévisible depuis que le Président Kaïs Saïed a gelé le Parlement et levé l'immunité parlementaire, dont les députés jouissaient pour conduire les affaires du pays à leur guise. En effet, les multiples appels du chef de l'Etat à la justice pour jouer, pleinement, son rôle et déterrer les dossiers de malversation ont, enfin, eu un écho favorable. «Nul n'est au-dessus de la loi», ne cesse de marteler le Président qui a, en point de mire, Rached Ghannouchi et son entourage. Aujourd'hui, Ghannouchi et son gendre Rafik Bouchlaka (ancien ministre des Affaires étrangères) et d'autres «nahdhaouis» font l'objet d'une enquête confiée, officiellement, par le parquet au pôle de lutte contre le terrorisme. Il y a quelques mois, il était impensable que l'intouchable leader du parti islamiste soit traîné devant un juge. Aujourd'hui, c'est chose faite suite à l'ouverture d'une enquête sur les financements de la campagne électorale de l'année 2019, sur la base du rapport de la Cour des comptes. De nombreux partis et de nombreux députés doivent en répondre, en particulier le parti islamiste et son patron, Ghannouchi. Le pire pour ce dernier est l'accusation de financement du terrorisme et d'associations de soutien au terrorisme en Tunisie et à l'étranger. Puisque une partie des sommes accumulées avait changé de destination pour financer, documents à l'appui, les activités de groupes terroristes. La prise en main par la justice d'une aussi grave affaire vient confirmer le contenu d'une enquête journalistique publiée en mars dernier par un journal de la place qui avait révélé la fortune colossale (estimée à 2 700 millions de DT) que détient Ghannouchi. Pour jeter davantage de lumière sur cette affaire, le parquet tunisien est entré en contact avec la justice égyptienne qui détient des documents sur les moyens financiers dont disposent les Frères musulmans dans le pays du Nil. L'aide est aussi demandée à la France à propos des fonds et des sociétés dirigées par des proches de Ghannouchi sur le sol français. C'est dire que le leader d'Ennahdha et ses acolytes sont dans de beaux draps. M. K.