Parlons à tête reposée et commençons par le commencement : les Algériens, comme tous les passionnés de foot du monde, ont le droit de jouer à l'entraîneur. C'est un exercice difficile — justement — pour la raison évidente que tout le monde n'a pas les qualifications nécessaires pour ce faire, pénible dans ce qu'il délivre comme analyses farfelues, et, bien évidemment, injuste parce que, très souvent, ça cause du tort à des compétences qui ont déjà prouvé leurs compétences et sont donc naturellement capables de se relever d'un accident de parcours, voire d'un revers tout court. Les Algériens ont le droit de jouer à l'entraîneur mais ils ne sont pas obligés de... parler comme Belmadi. Quand le sélectionneur national dit qu'il assume l'entière responsabilité de l'échec contre la très modeste sélection de la Sierra Leone, il est dans son rôle de technicien qui ne fuit pas ses responsabilités. Et quand il dit qu'il ne va pas se cacher derrière les conditions climatiques, la qualité de la pelouse et les absences de joueurs, il est dans son tempérament d'homme qui ne veut pas se trouver de circonstances atténuantes. Mais l'entraîneur du « mardi » n'est pas dans cette posture et le moins qu'on puisse dire est qu'il n'a pas le droit aux mêmes arguments. D'abord parce que tous les supporters des Verts, surtout les plus lucides parmi eux, savent très bien que pour un footballeur qui a fait toute sa carrière en Europe, jouer au foot à 14 heures par 35 degrés à l'ombre et un taux d'humidité de 70% peut quand même expliquer une contreperformance, en concédant qu'il ne peut pas la justifier. En y ajoutant la pelouse calamiteuse, les absences et les retours justes, on peut tout de même faire... match nul, même contre un adversaire de moindre calibre. Bien sûr, c'est une déception, personne ne dira le contraire, surtout pas Djamel Belmadi et ses joueurs, désormais installés dans la philosophie de la victoire. Mais parce qu'ils incarnent l'Algérie qui gagne justement, même si la formule commence à s'user, c'est le succès final qui compte et pour y parvenir, il va falloir mettre tous les atouts de son côté. À commencer par lever le doute sur les capacités de ce groupe à revenir d'un petit « accrochage ». Les Algériens, comme tous les passionnés de foot du monde, peuvent continuer à jouer les entraîneurs mais il vaut mieux qu'ils le fassent par les soirs de victoire, comme ceux auxquels Belmadi et sa troupe les ont habitués. Et ceux qui vont suivre dès dimanche. Après, ils peuvent même parler... comme lui. Ou improviser, puisque dans la joie, toutes les folies sont permises. S. L.