Des faits et autres pratiques au quotidien qui seraient à l'origine de la pénurie et de la spéculation sur des produits de toute première nécessité ont été relevés par les membres de la commission d'enquête engagée par l'Assemblée populaire nationale. M. Kebci-Alger (Le Soir)- La commission composée de sept membres parmi ceux de la commission des affaires économiques, du développement, de l'industrie, du commerce et de la planification de la Chambre basse du Parlement est en voie de finalisation de son rapport sanctionnant sa tournée effectuée dans nombre de wilayas du pays. Une tournée qui a concerné, selon Hicham Sfar, membre de cette commission, sept wilayas dont Mascara, Sétif, Oum-el-Bouaghi, Béjaïa, Adrar, Timimoun et Bordj-Badji-Mokhtar. Un choix de wilayas loin d'être fortuit puisque, explique-t-il, chacune d'entre elles se caractérise par une activité commerciale ou industrielle précise et du fléau de la contrebande pour celles du Grand-Sud, celles de la bande frontalière plus particulièrement. Ainsi, et si le rapport final est en cours d'élaboration en vue de sa remise au président de l'APN et puis aux autorités compétentes à même de prendre en compte les faits relevés mais également les solutions préconisées pour en venir à bout, le parlementaire du RND a tenu à révéler certaines pratiques quotidiennes. Des pratiques qui, affirme-t-il, justifient amplement «le phénomène de la pénurie et de la spéculation qui touche notamment les produits de consommation de première nécessité et qui se trouvent être ceux subventionnés par l'Etat à coups de sommes faramineuses». Dans la seule wilaya frontalière de Bordj-Badji-Mokhtar, le parlementaire soutient avoir, en compagnie de ses collègues de ladite commission d'enquête parlementaire, mis le doigt sur des pratiques le moins que l'on puisse dire «frauduleuses» qui nuisent grandement à l'économie nationale. Et de citer le cas de pas moins de 110 autorisations spéciales accordées mensuellement à des commerçants pour la commercialisation des sept produits alimentaires de première nécessité et qui sont subventionnés par l'Etat (huile de table, sucre, farine,...). Avec, ajoute-t-il, une quantité de ces produits de 24 quintaux pour chacun de ces commerçants. Des produits que les ménages locaux ne trouvent malheureusement pas, eux qui s'en approvisionnent à prix fort chez le voisin malien, soutient notre interlocuteur pour qui ces grosses quantités de produits alimentaires subventionnés sont supérieures aux besoins des populations locales qui dépassent à peine les 40 000 âmes. Ils se retrouvent, alors, dans le circuit informel, celui de la contrebande, qui l'écoule dans les pays voisins, dont le Mali. 42 boulangers fictifs à Bordj-Badji-Mokhtar Le député cite également la spéculation qui touche un autre produit sensible, à savoir la farine. Il soutient qu'un quota de 15 tonnes de ce produit subventionné est attribué mensuellement à chacun des 46 boulangers recensés dans cette wilaya de l'extrême-sud du pays à très faible démographie. Sauf que sur cette cinquantaine d'artisans-boulangers, seuls quatre exercent réellement, ce qui fait que les 42 autres sont fictifs ou en arrêt d'activité mais qui continuent à percevoir leurs quotas de farine mensuellement ! D'où la spéculation sur le produit en lui-même mais surtout sur la baguette de pain devenue magique dans la région puisque, selon le député, les chefs de ménage l'acquièrent au prix de 40 dinars, voire plus, par moments. Notre interlocuteur affirme que ce n'est, là, qu'une infime partie de l'immense iceberg que constitue la spéculation autour des produits de large consommation, notamment ceux subventionnés par l'Etat. D'autres faits autrement plus troublants ont été découverts dans d'autres wilayas visitées et seront transcrits dans le rapport final en cours de finalisation, promet Hicham Sfar. Pour rappel, le Conseil de la Nation a, pour sa part, mis sur pied une commission d'enquête parlementaire pour le même sujet. Une commission dont les membres ont commencé leur travail il y a une dizaine de jours en se rendant dans toutes les wilayas frontalières du pays dont Tebessa, Souk Ahras, El-Tarf, Naâma, Tlemcen, Bechar, Adrar, Bordj-Badji-Mokhtar, Tamanrasset, In Guezzam, Ouargla, El-Oued, Illizi et Djanet. Ils devront également se rendre au niveau de certains départements ministériels de même que certains services concernés, les grandes villes. Ils auront aussi à organiser plusieurs rencontres avec toutes les instances, opérateurs et intervenants dans les secteurs public et privé, et acteurs de la société civile. M. K.