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Témoignage d'un combattant de l'ALN en Wilaya III (Kabylie) 1956-1962
Le Moudjahid Medjahed Mahmoud
Publié dans Le Soir d'Algérie le 26 - 01 - 2022


Par Mohamed Badreddine
Partant du fait que le témoignage historique constitue une source majeure pour l'écriture de l'Histoire, et dans le but de faire connaître au large public une figure et un nom, longuement restés dans l'ombre, nous vous proposons ci-après les témoignage et parcours de l'un des acteurs de la guerre de Libération nationale, ayant combattu dans la Wilaya III historique aux côtés du Colonel Amirouche Aït Hamouda, du Colonel Abderrahmane Mira, du Colonel Mohand Oulhadj et tant d'autres héros de notre glorieuse Révolution.
Fils de Medjahed Mohand Saïd et de Salmi Dehbia, Medjahed Mahmoud, connu sous le pseudonyme Si Mahmoud, est né en 1937 au village Alma (commune de Chellata), situé sur les hauteurs de la daïra d'Akbou, wilaya de Béjaïa. Ayant vécu son enfance dans une famille modeste confrontée à la rude vie de montagne, que la neige isole souvent durant plusieurs semaines en hiver, Si Mahmoud a eu son premier contact avec les maquisards en 1956. Ces derniers, poursuivant le travail de mobilisation et de sensibilisation de la population locale à la lutte armée, ont organisé une réunion au village Alma.
A la fin de la réunion, son cousin Medjahed Hassen lui demande d'accompagner ces maquisards au village Felden, à quelques kilomètres du village d'Alma. «Muni d'un fusil de chasse, je me suis mis à la disposition de la troupe. Mais au cours du trajet, nous avons croisé une patrouille de l'armée française qui a ouvert le feu sur nous, causant la mort du sergent chef qui nous accompagnait et la blessure de Medjahed Hassen, ainsi que moi-même. Etant légèrement atteint, je l'ai secouru et caché dans une maison avant qu'il rende l'âme en raison de sa blessure.» Comme conséquence directe de cet événement, l'armée française a procédé à un ratissage du village, suivi de fouilles et tortures des villageois. Un de ces derniers, sous la pression des militaires français, dénonça Si Mahmoud pour possession d'arme à feu, ce qui le mena à l'emprisonnement au centre de torture de Tizi n'Slib.
Tizi n'Slib, un centre de détention et de torture qui témoigne des atrocités perpétrées contre les villageois
Situé au-dessus de la ville d'Akbou et près du col de Chellata, ce sinistre lieu, marqué par la présence des éléments de la Légion étrangère de l'armée française, accueille des dizaines de détenus qui subissent toutes formes de tortures et de sévices. «Malgré mon jeune âge — soit 19 ans lors de mon arrestation —, poursuit Si Mahmoud, j'ai été entassé avec 11 personnes dans une cellule de 1m/2m. Collés les uns aux autres, on faisait nos besoins et nos toilettes devant le groupe. De temps à autre, on nous faisait sortir pour creuser des tombes sans savoir à qui elles sont destinées. Le premier jour déjà, nous avons enterré trois détenus.» Des fois, la personne choisie pour être tuée est chargée de creuser sa propre tombe. De longues journées passées dans des conditions inhumaines jusqu'au jour où il ne restait que lui et son cousin Medjahed Cherif (dit Cherif n'Ath Bessai). «Je me souviens, c'était un jour de Ramadhan lorsqu'on nous a chargé de creuser une tombe. Une fois achevé le travail, on nous a ramené à manger. Mon compagnon, croyant que c'est moi qui allait être tué, me demanda de manger. Ayant jeûné, j'ai catégoriquement refusé. Quelques instants plus tard, un officier se présente et lui demande de se lever avant de lui tirer dessus et de le jeter au fond de la tombe.» Après avoir subi des atrocités et assisté à la mort de dizaines de personnes, Si Mahmoud est libéré au terme de quatre mois de détention.
Engagement dans les rangs de l'ALN
Après une courte période passée au village Alma durant laquelle il s'est marié, il a reçu, en juillet 1956, la convocation pour passer le service militaire. Sachant qu'il sera recherché et mobilisé de force s'il ne répond pas à la convocation, il a rapidement pris contact avec les responsables de l'ALN dans l'objectif de s'engager dans les rangs de la Révolution. Se souvenant bien de ses premiers moments au maquis, Si Mahmoud raconte qu'il a «retrouvé Kezzaz Arezki et d'autres moudjahidine de la région avec lesquels nous avons fait un long parcours. Etant de grande taille, on m'a doté du fusil ''N°86'' qui tire à longue portée, ce qui me donne le privilège d'être toujours au premier rang et d'être le premier à ouvrir le feu sur l'ennemi».
Evoluant dans la Wilaya III sous le commandement de Si Allaoua, il se souvient bien de la bataille d'Ighram (non loin d'Akbou) ou à l'accueil d'une patrouille venant de Tunisie et munis d'armements et de munitions, et malgré le fait qu'ils étaient encerclés par l'ennemi, ils ont pu résister et s'échapper vers Ath Mlikech (commune de Tazmalt), grâce au courage et aux sacrifices de moudjahidine tels que Lahlou Imouhouchen, Si Brahim, Ismaïl Ath Alaoudia, et aussi à la parfaite connaissance du terrain.
De Selloum (Aghbalou), Toudar (Tamokra), Tazrout (Aouzellaguen), la forêt du Zan (Akfadou), Iamouren, Ath Ziki... Si Mahmoud, en compagnie de Touahri Mohand Ouamar et Kaci N Tifrit (en vie) ou encore Merai Mohamed décédé en 2015 à qui il a sauvé la vie en 1958 en lui coupant son bras gauche, après avoir été gravement blessé par un mortier, ont écrit les belles pages d'histoire pleines de courage, de sacrifice et de gloire dans la région de la Soummam.
Le Colonel Amirouche, un héros juste et modeste
Ayant eu l'occasion de le croiser à plusieurs fois et de partager avec lui des moments inoubliables, celui qui fut le chef de la Wilaya III historique, connu pour son héroïsme et son charisme, a marqué ses compagnons du maquis dont Si Mahmoud par sa gentillesse, sa modestie et même parfois son sens de l'humour. «Un jour, se retrouvant au quartier général de l'ALN sis à Akfadou en train de préparer ensemble la galette pour les djounoud, il me lança avec un air de gaîté et de convivialité : ''Si Mahmoud, nous allons leur préparer ce soir laasban sauté.'' Toujours le dernier à manger, il se distinguait par ses grandes qualités morales et humanistes ainsi que par le sens de la justice et du sacrifice.»
Témoin de la mort du Colonel Abderrahmane Mira
Dès juillet 1959, la Wilaya III a eu à affronter une grande opération militaire dénommée opération Jumelles. Conduite par le général Challe, des dizaines de milliers de soldats de l'armée française sont déployés dans la Wilaya III, y compris dans notre région, ajoute Si Mahmoud. «Nous sommes en novembre 1959, le destin nous a réunis avec Abderrahmane Mira à Ath Annan, non loin des villages d'Aït Hyani et d'Aït Mquedem, lorsque l'armée française a procédé à un grand ratissage. A la fin de cette opération et en tentant avec son secrétaire de se retirer, il tombe au champ d'honneur dans une embuscade tendue par l'ennemi. Nous avons vu de loin la dépouille de celui qui devait succéder à Amirouche à la tête de la Wilaya III transportée vers Tizi n'Slib, puis vers Akbou.»
Les derniers jours avant le cessez-le-feu
Après plusieurs opérations militaires menées dans la région, la section de Si Mahmoud s'est retrouvée sur une crête située sur les hauteurs des monts Chellata. «Sans savoir que nous étions encerclés par l'ennemi, j'ai chargé deux djounoud, dont Akilal Meziane, de se rendre à Ath Ziki pour nous ravitailler. Cette mission n'a pu être accomplie puisque, non loin du lieu où on était replié, les patrouilles de l'ennemi qui nous encerclaient avaient ouvert le feu sur eux, les laissant pour morts.»
Ce regrettable événement, causant la mort de deux de ses valeureux compagnons, ajoute Si Mahmoud, «est gravé dans ma mémoire et constitue le plus amer des souvenirs de la guerre de libération d'autant plus qu'il a eu lieu quelques jours seulement avant la proclamation du cessez-le-feu». Sans pouvoir les enterrer en raison de l'encerclement, ils sont restés sur leurs gardes dans cette crête pendant plusieurs jours, supportant ainsi la faim et le froid de ces hauteurs de Chellata.
Un jour, tout en se reposant sous un arbre de pin, mes compagnons, qui écoutaient les nouvelles de la Révolution à l'aide d'un transistor que j'avais sur moi, se sont précipités brusquement vers moi pour m'annoncer la fin de la guerre. Ne m'attendant guère à une pareille nouvelle, j'ai hurlé devant eux en leur disant que cela ne pouvait être qu'une manœuvre de l'ennemi. Je leur ai demandé également de me laisser profiter de ce temps de repos avant de reprendre le chemin. J'ai aussi saccagé mon poste récepteur de radio pour qu'ils ne s'occupent plus de «ces fausses informations». Quelque temps après, «des youyous fusaient des villages environnants confirmant ainsi l'information du cessez-le-feu et la victoire du FLN-ALN sur l'ennemi, après près de sept ans et demi de guerre». Un grand jour de gloire, de liberté et de fierté qui a mis fin à 132 ans de colonisation barbare, sauvage et sanglante.
De l'ALN à l'ANP
Après quelques mois de la période transitoire passée chez sa famille, Si Mahmoud, âgé à peine de 25 ans au lendemain de l'indépendance, rejoint quelques compagnons du maquis mobilisés par le ministère de la Défense nationale et intègre l'Armée nationale populaire (ANP). Affecté à l'école militaire de Cherchell, il a bénéficié d'une formation militaire jusqu'en avril 1964 où il fut démobilisé — à sa demande —pour reprendre la vie civile. Après une autre carrière de pharmacien, puis de taxieur,
Si Mahmoud, âgé actuellement de 84 ans, mène une vie paisible à Arafou (Akbou). Nous lui souhaitons longue vie, ainsi qu'à tous les anciens membres de l'ALN et aux moudjahidine qui ont lutté pour la liberté, la dignité et l'indépendance de notre chère Algérie.
M. B.


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