La FAF va de maladresses en maladresses. Et la dernière commise lundi soir apporte la preuve cinglante que rien ne va plus au sein de l'instance dirigée par Charaf-Eddine Amara. C'est par un (nouveau) communiqué sur le site de la fédération que le patron de la FAF met de l'eau au moulin de ses détracteurs, de plus en plus nombreux depuis jeudi dernier et cette élimination des Verts, champions d'Afrique en 2019, éliminés de la 33e CAN dès le premier tour. Un communiqué qui se voulait une réponse à la campagne menée ces derniers jours contre les responsables de la fédération rendus responsables des défaillances cycliques ayant finalement provoqué la cassure au sein de la sélection de Djamel Belmadi. Ledit communiqué qui confirme la tenue d'un tête-à-tête Amara-Belmadi à Paris «pour faire le bilan de la CAN (...), mais également pour se projeter sur le mois de mars prochain et la double confrontation qualificative pour la Coupe du monde», annonce par ailleurs l'organisation à Dély Brahim (et non pas au CTN/FAF de Sidi Moussa comme annoncé par nos soins hier) d'un conclave entre le président de la FAF et les membres des différents staffs, consacré «à une évaluation détaillée de la participation des Verts à la CAN du Cameroun, et surtout entamer la préparation des deux matchs phares de mars prochain», lit-on. Rien de «sensationnel» jusque-là même s'il faut préciser que ladite réunion s'est tenue dans un climat tendu, électrique même. C'est le communiqué de la FAF qui en apporte maladroitement peut-être la preuve quand il est mentionné que le président de la fédération «a exhorté les uns et les autres à resserrer les liens et à ne pas céder aux attaques perfides de certains cercles qui, profitant de la sortie prématurée de la sélection, veulent nuire à la stabilité de la sélection nationale et à compromettre ses ambitions». Message d'encouragement et de mise en garde, ce passage du communiqué a ouvert la voie à la polémique. à la suite d'un feuilleton commencé à Douala, au Cameroun. S'il est préférable d'éviter de narrer les «détails» de l'ambiance qui prévalait au sein de la délégation algérienne depuis son arrivée au Cameroun, la démission-limogeage du manager de la sélection Amine Labdi ouvre le champ à toutes les interrogations. L'ancien homme de confiance de Kheireddine Zetchi que Djamel Belmadi a adopté pour le travail fourni dans la logistique est accablé d'avoir voulu escamoter, couler, le navire conduit par Charaf-Eddine Amara depuis avril 2021. Rien que ça ! Comment ? Des voix très pernicieuses laissent entendre que Labdi a «créé» une «République à Sidi Moussa», au CTN/FAF donc, devenu la chasse gardée des seuls membres œuvrant au confort de la sélection et la sélection seule, et dans laquelle le président de la FAF ne serait pas le bienvenu... Recollons les «faits» pour mieux comprendre la «ruse» de ceux qui tirent les ficelles depuis pas mal d'années de leur positionnement antérieur au sein des rouages de la FAF et qui, depuis mars 2017, ne sèment que la zizanie au sein de la sphère footballistique. Dans le cas présent, celui de la démission-limogeage du manager Amine Labdi, rappelons juste qu'au retour des derniers membres de la délégation de l'EN de Douala, vendredi à Alger, le ministre de la Jeunesse et des Sports a eu deux entrevues. Une, de courte durée (10 minutes environ) avec l'entraîneur national Djamel Belmadi qui a immédiatement repris le chemin en direction de Paris avec les autres membres de son staff résidents en France, puis une seconde, «plus longue» celle-là, avec le manager de la sélection Amine Labdi. Aucun détail n'a fuité à propos des discussions Sebgag-Belmadi et Sebgag-Labdi. Seule cette information sur la «livraison» par des collaborateurs du ministre des billets d'accès aux 7 membres du staff technique et médical (les deux kinés français) rentrés à Paris alors qu'il était prévu qu'ils passent (au moins) la nuit à Sidi Moussa était disponible lundi. D'où l'interrogation sur le changement de cap pour Belmadi et ses assistants. Un Belmadi qui a semblé «démissionnaire» après le coup de sifflet final de l'arbitre sud-africain du match contre la Côte d'Ivoire, jeudi. Le message des joueurs à Belmadi En effet, interrogé sur ce qu'il pensait du départ «inopiné» de 19 joueurs en direction de Paris dans la soirée même de l'élimination, Belmadi a paru désemparé, préférant déclarer que sa mission se termine sur le terrain et qu'il n'était plus responsable de ce qui se passe en dehors du terrain. Un discours qui ne colle pas à l'homme qui ne badinait jusque-là sur aucun détail, aucun écart. Belmadi qui a défendu tout le monde semble avoir lâché tout. Une source proche de la sélection nous apprend, à ce titre, de son abattement après la sortie de la CAN. Après le match, il répondra aux salamalecs (conférence de presse et protocole officiel) et ira à la rencontre de ses troupes. Le débat du retour dans la soirée des joueurs évoluant en Europe était, entre autres, évoqué. Une dizaine de joueurs était au départ concernée puis d'autres éléments ont garni la liste des partants sur le vol de nuit en direction de Paris. L'autre sujet était «la suite à envisager» après cette sortie de route inattendue. Belmadi qui donnait l'impression de faire une «déclaration d'adieu» à ses joueurs s'isolera dans le vestiaire réservé aux entraîneurs. Puis, quelques minutes plus tard, Mahrez et M'Bolhi le rejoignent à son vestiaire pour lui dire leurs regrets d'avoir manqué cet objectif et toute leur mobilisation à faire de l'objectif «Coupe du monde» une priorité absolue. Comme pour l'assurer que rien n'a changé malgré la grande déception générée par cet échec au Cameroun. Belmadi a acquiescé et rendez-vous fut donné pour le mois de mars. Labdi, de cheville ouvrière à «élément perturbant» Le dossier CAN semblait alors classé et tout le monde semblait repartir pour une nouvelle aventure dès le mois de mars et cette double confrontation face au Cameroun. Tout le monde sauf Amine Labdi, et probablement d'autres personnes qui s'occupent de la logistique de la sélection. Le manager des Verts qui avait succédé au poste à Hakim Medane, redevenu simple membre fédéral après une campagne d'une rare férocité menée contre l'ancien capitaine de la JSK avant et après la CAN-2019, est accablé de «tous les maux» apparus au sein et aux alentours de la sélection. Une «vraie fuite en avant» comme l'indique une source proche de la fédération qui affirme que «le problème est plus profond». Pour notre interlocuteur, «Amine Labdi ne peut interagir entre Amara et Belmadi. Il ne peut rien décider ni rien faire sans l'autorisation de l'entraîneur ou du président, comme tentent de nous le faire comprendre certains». Alors, si «le problème est plus profond», et à défaut d'un bouc émissaire tout désigné, il doit y avoir d'autres raisons, d'autres responsabilités dans l'échec que personne ne veut assumer. Un membre du BF qui révèle qu'il a appris la nouvelle de la démission-limogeage de Labdi «à travers les réseaux sociaux, tellement à la FAF personne ne sait qui commande», s'interroge sur la manière de gérer les ressources humaines au sein de la sélection dont plusieurs membres ont été contaminés par la Covid-19 au Qatar et au Cameroun. «Moi, je m'interroge pourquoi Belmadi n'a pas fait appel à Bougherra pour l'aider dans sa tâche lorsque le Français Serge Romano était resté confiné au Qatar. Ce n'est pas normal de gérer une équipe nationale de la sorte !», s'exclame-t-il. Sans vouloir enfoncer le clou, «sinon on va m'accuser de vouloir saboter l'EN», notre voix autorisée relève «nombre de dysfonctionnements apparus au sein de la gestion de la sélection mais que les bons résultats de l'équipe ont couverts». Et de conclure en avouant méconnaître cette règle qui «autorise un président de la fédération à faire le bilan de l'EN avec le sélectionneur» alors que c'est «une affaire technique qui relève des compétences de la DTN». M. B.
