De Tunis, Mohamed Kettou Le Conseil supérieur de la magistrature est, une nouvelle fois, la cible du président de la République. Samedi soir, le Président Kaïs Saïed est revenu à la charge lors d'une visite au ministère de l'Intérieur et la rencontre avec le ministre de ce département. Les Tunisiens ont le droit de manifester pour «exprimer leurs positions, commémorer le martyre de ceux qui sont tombés pour la patrie ou scander des slogans sur les assassinats politiques, la manipulation des dossiers ou le silence de la justice», lit-on dans un communiqué de la présidence de la République. Dans ce contexte, il a rappelé le droit du citoyen à une justice équitable mue, uniquement, par le souci d'appliquer la loi. Aussi, a-t-il épinglé, encore une fois, le Conseil supérieur de la magistrature dont il a dit qu'il «appartient au passé», et qu'un décret présidentiel est en élaboration pour le dissoudre. A ce propos, le chef de l'Etat a dénoncé «la corruption de certains juges, le clientélisme dans le mouvement des magistrats et le ralentissement des procédures dans plusieurs affaires dont celles des assassinats politiques». La place des juges qui composent ce conseil est sur le banc des accusés, a-t-il dit. A rappeler que le premier assassinat politique perpétré après le départ de Ben Ali a eu comme victime le militant de la gauche, Choukri Belaïd. C'était le 6 février 2012. Il a été commémoré, dimanche, par une manifestation à laquelle ont pris part 14 formations politiques. Interdite, au départ, par le ministère de l'Intérieur (dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus), cette manifestation a eu lieu, finalement, suite à l'autorisation du président de la République qui a, ainsi, désavoué le ministre. Pour le frère de Choukri Belaïd qui apporte son soutien au président de la République, la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature aboutira sans doute à l'émergence d'une justice équitable qui aura la tâche de déterrer les dossiers, dont celui de l'assassinat de son frère, enfoui dans les tiroirs, depuis aujourd'hui neuf ans. A rappeler que cet assassinat avait eu lieu alors que le pays était dirigé par une troïka dominée par le parti islamiste Ennahdha. D'ailleurs, le jour même de cet événement macabre, l'islamiste Mohamed Jebali avait démissionné de son poste de chef de gouvernement pour être remplacé par un autre islamiste Ali Laarayedh. A l'époque, Jebali avait justifié sa démission par son incapacité à former un gouvernement de technocrates qui permettrait au pays de sortir de la crise politique. M. K.