�Aujourd�hui, au cours de ce premier casting, je vois mon film se d�rouler devant mes yeux, tel que je l�ai dans ma t�te, s�quence apr�s s�quence�, nous confie un Moussa Haddad concentr� sur son sujet et visiblement satisfait de l�entame de son travail de cin�aste. Cette fois, il est enfin dans le bain ! On sent en lui l�excitation, les fr�missements de l�homme qui retrouve son �l�ment naturel apr�s un long exil. Deux longues journ�es ont �t� n�cessaires � Moussa Haddad pour d�nicher les jeunes acteurs et actrices qui incarneront les principaux r�les de son prochain film, Harraga blues. Car ils �taient nombreux les candidats et candidates � se pr�senter, les 22 et 23 octobre derniers, au si�ge de l�association artistique Lumi�res d�Alger-Centre. Parmi eux des com�diens et com�diennes des th��tres r�gionaux, des �l�ves de l�Institut d�art dramatique de Bordj El-Kiffan� Mais sinon, la majorit� des jeunes postulants n�a jamais fait de th��tre ou de cin�ma. L�ambiance est relax. �a se bouscule un peu, mais on reste concentr� avant l�audition. La plupart ont assimil� juste un petit peu leur texte, pr�f�rant miser sur leurs capacit�s d�improvisation. Les jeunes couples (un gar�on et une fille) font leur casting sous l��il attentif du r�alisateur, assist� de son �pouse. �Bravo ! Bravo !� se met-il � applaudir apr�s un num�ro particuli�rement r�ussi. Moussa Haddad est heureux du r�sultat de l�entame de la phase de pr�paration de son film. �Dans ce casting, il y a de la bonne p�te. Je peux m�me dire que le r�sultat d�passe mes pr�visions. Avec �a, j�ai d�j� sous la main les quatre acteurs principaux, sans compter une soixantaine d�autres jeunes talents qui vont figurer dans le film�, nous dit-il heureux. Mais pourquoi veut-il absolument tout miser sur de jeunes acteurs anonymes, inconnus du public ? �Parce que, explique Moussa Haddad, je veux amener et faire d�couvrir de nouveaux talents. Avec eux, il y a de la fra�cheur, de la spontan�it� et ils plaisent au public. C�est aussi parce que tout naturellement, Harraga blues est fait pour les jeunes en particulier. Un film de jeunes, qui s�adresse � la jeunesse.� A ces mots, le regard bleu du cin�aste se voile d��motion. Moussa Haddad est rest� le m�me, apr�s toutes ces ann�es : il est le seul metteur en sc�ne alg�rien (peut-�tre avec Brahim Tsaki) � faire de la fra�cheur et de la candeur de la jeunesse son cr�do. Un cin�aste de la tendresse ? Probablement. En tout cas, ses films sont charg�s de naturel, de spontan�it�, de personnages vivants et tr�s sympathiques. En cela, on peut d�j� dire qu�il n�est pas conventionnel du tout. Est-ce � dire qu�avec Harraga blues, il veut nous faire encore le coup de tous ces personnages (de fiction) attachants et tout de suite adopt�s par le public ? Une question � laquelle il r�pond d�embl�e : �Il s�agit d�un film sur mesure, bien fait et qui devrait plaire au public. C�est, pour moi, un engagement, voire une obligation de r�aliser un bon film. Surtout ne pas faire de la morale, se faire pi�ger par le th�me et tenir un discours moralisateur� Les non-professionnels seront l�, justement, pour apporter ce plus, cette fra�cheur et cette spontan�it� qui contribuent � cr�er de vrais personnages � m�me de s�duire le public. Les dialogues, la direction d�acteurs s�en trouvent facilit�s. Avec Harraga blues, j�op�re une sorte de s�duction clandestine � l�int�rieur du film, � mesure que l�histoire se d�roule, pour que le public consomme un produit p�tillant, un bol d�air frais. Tout est con�u ici � l�image d�une publicit� r�ussie qui incite � consommer du bon. A la limite, je dirai que je vends du plaisir au spectateur, je lui donne l�occasion de regarder un bon film.� Une �obligation de r�sultat � qui s�explique aussi par le fait que Moussa Haddad, pour la premi�re fois dans sa longue carri�re, porte une triple casquette : il est en m�me temps sc�nariste, r�alisateur et producteur de ce long m�trage de fiction. Des appr�hensions ? �Non, au contraire, ce film l� me permettra d�acqu�rir une exp�rience nouvelle, il va me conforter dans mon nouveau m�tier de producteur. Aujourd�hui, le syst�me mis en place � chang� par rapport aux ann�es ant�rieures. Nous, cin�astes, sommes tenus de produire des films de qualit�. Un producteur, qui plus est, aura naturellement tendance � se donner le maximum d�atouts pour faire un maximum d�entr�es.� Pour Moussa Haddad, un cin�ma commercial (mais de qualit�) doit �tre d�velopp� en Alg�rie, car le film est avant tout un produit culturel et une nourriture de l�esprit. Pour ce long m�trage cin�matographique ( Harraga blues n�est pas un t�l�film), Moussa Haddad a d� attendre trois ans pour avoir le feu vert de la commission de lecture et se lancer, enfin, dans son travail de cin�aste. Plus pr�cis�ment, il y a eu un premier sc�nario (co-�crit avec son �pouse) d�pos�, en 2008, aupr�s de la commission de lecture. Apr�s l��tude, celle-ci a demand� au r�alisateur de �r��crire� son sc�nario, peut-�tre parce que le ph�nom�ne de la harga �tait trop sensible, trop chaud, trop m�diatis� � l��poque... En un mot, politis� exag�r�ment, d�autant plus qu tout le monde voulait faire un film sur l��migration clandestine. De plus, ce premier sc�nario comportait la connexion de la harga et du trafic de drogue (Sid-Ahmed Agoumi �tait m�me pressenti pour camper le personnage d�un baron de la drogue). R�sultat : Moussa Haddad et son �pouse (elle-m�me sc�nariste de courts m�trages et nouvelliste) ont planch� sur un nouveau sc�nario, pendant deux ans, o� sont �vacu�s le th�me de la drogue et d�autres c�t�s sombres du film. Le nouveau Harraga bluesa n�cessit� une autre forme d��criture adapt�e � un sc�nario plus �positif�, construit diff�remment et avec plus d�introspection. Sid-Ahmed Agoumi ne sera donc pas de la partie, mais pour ce film il y aura quand m�me des acteurs professionnels pour appuyer les jeunes talents. Le premier sc�nario est, lui, rang� soigneusement dans un tiroir en attendant des jours meilleurs... Quant au volet montage financier, sources de financement et sponsoring, Moussa Haddad nous confie avoir b�n�fici� d�un �Fdatic am�lior�. Il ajoute que �le minist�re de la Culture a fait un effort dans ce sens� (on croit savoir que l�aide sera de 2 milliards de centimes, le bar�me g�n�ralement fix� par les r�alisateurs �tant � hauteur de 3 milliards). Pour le reste, le cin�aste compte sur l�apport de la T�l�vision nationale et d�autres sponsors financiers. Il esp�re aussi obtenir l�aide de certains minist�res (dont celui du Tourisme) et celle de sponsors en �quipement technique. Apr�s le premier casting, suit celui des autres tranches d��ge dans quelques jours, la constitution de l��quipe technique, le travail de rep�rage. �Le premier tour de manivelle aura lieu dans moins d�un mois�, nous dit Mme Haddad qui ajoute que, en ce qui la concerne, c�est sa premi�re exp�rience dans un long m�trage. Autre d�tail qui a son importance : le titre du film n�est pas d�finitif, il y aura peut-�tre un autre titre qui sera donn� avant sa sortie, dans quelques mois, dans les salles. Harraga Blues est l�histoire de deux jeunes amis d�enfance qui se sont mis en t�te de tenter la harga. Le premier a les moyens de le faire, il part d�s le d�but. Avant son d�part, il branche son ami d�sargent� avec un oncle install� � Annaba et qui pourra l�aider. Rayane (le h�ros) va donc faire le trajet Alger-Annaba pour rejoindre son bienfaiteur. Sa fianc�e Zola, elle, est �plor�e... Seulement, son itin�raire sera jalonn� de surprises, de rencontres inattendues mais tr�s enrichissantes. Une sorte de catharsis pour Rayane, dans ce voyage initiatique. Le jeune homme aura ainsi l�occasion de faire des d�couvertes, de r�fl�chir, d�aimer, de trouver du bonheur, du r�ve et de l��motion dans un eldorado qui se situe de l�autre c�t� du miroir. Une harga dissuasive en quelque sorte...