Alors que tout semblait indiquer que la journ�e d�hier allait se passer sans heurts, des dizaines de jeunes, surgissant d�on ne sait o�, se sont mis � lancer des pav�s et des cocktails molotov sur le commissariat du carrefour le Djurdjura, donnant lieu � ce qui annon�ait une apr�s-midi agit�e. Les r�pliques � coups de grenades lacrymog�nes n�ont pas dissuad� les jeunes qui voulaient � tout prix en d�coudre. Vendredi, premi�res heures de la matin�e. Comme en p�lerinage, ils �taient nombreux les Tizi-Ouz�ens, ce matin-l�, � pr�f�rer commencer leur journ�e par un petit tour du c�t� est du boulevard longeant le centre-ville, l� d�o� provenait, dans la soir�e de jeudi, ce brouhaha venu d�chirer brutalement le silence de la nuit, � partir de 21 heures 30, et se rendre compte par eux-m�mes de ce � quoi ont donn� lieu les �chauffour�es dont ils ont eu vent la veille au soir. Les traces du grabuge, malgr� le passage des services communaux de la voirie, �taient toujours visibles, notamment aux abords du commissariat de police du carrefour le Djurdjura, � l�entr�e du quartier des Gen�ts, l� d�o� tout est parti. L� o�, quoi qu�on ait fait, les stigmates des tristes �v�nements du printemps d�il y a maintenant dix ans ne se sont pas encore estomp�s au point o� ils sont nombreux, ces jeunes et moins jeunes, � avoir toujours la �r�bellion� � fleur de peau. Ils �taient quelques dizaines de jeunes � s�en �tre pris au commissariat avant qu�un autre �front� s�ouvre quelques centaines de m�tres un peu plus haut, vers le c�ur de la ville de Tizi- Ouzou. Le ballet des charges de jeunes et des �contrecharges � de policiers durera plus de deux heures avant que le calme ne s�impose pour laisser place nette, d�s les premi�res heures de la matin�e d�hier, � un climat �pas normal�, fertile en rumeurs quant � un possible embrasement apr�s la pri�re du vendredi, comme il se disait partout � Tizi-ville d�j� dans la journ�e de jeudi. Une atmosph�re inhabituelle, pour ne pas dire lourde, que n�aidait pas � s�att�nuer la pr�sence de nombreux policiers en civil, pr�ts � parer � toute �ventualit�, tout aux abords du commissariat, sis quelques dizaines de m�tres plus haut d�un lieu o� se tenait une r�union de ce qui reste du Mouvement citoyen des arch, rencontre d�di�e � �l��tude de l��tat d�insurrection qui secoue le pays�. Le Mouvement des arch qui, en d�but d�apr�s-midi, a rendu publique une d�claration � travers laquelle il a violemment pris � partie le pouvoir et annonc� son ralliement � la cause de ceux qui se sont �lev�s �non pas parce qu�ils ont faim, mais parce qu�ils en ont marre !�. Selon l�analyse, les t�tes pensantes du Mouvement n� des dramatiques �v�nements du Printemps 2001, la r�volte qui sommeille au c�ur de la soci�t� alg�rienne ne constitue rien de moins qu�un rejet sans appel du syst�me politique en place, pas une r�volte de la faim. �Comment peut-il en �tre autrement alors qu�au moment o� le pays croule sous les richesses, les jeunes n�ont le choix qu�entre deux malheureux statuts : celui de hitiste cam� ou de harraga fugitif� estiment les arch avant de d�noncer la r�pression subie par les manifestants de Bab-El-Oued et de partout ailleurs, et d�appeler � la lib�ration des citoyens arr�t�s. L�occasion est belle, estime le Mouvement citoyen, pour que la jeunesse alg�rienne s�attelle � s�auto-organiser et offrir ainsi une alternative citoyenne � la hauteur des aspirations populaires. Tizi-Ouzou, donc, � l�instar de toutes les villes et villages du pays, baigne dans l�incertitude et le flot de rumeurs, dont celle qui fait �tat d�une gr�ve g�n�rale pour demain, dimanche, en attendant d�y voir plus clair.