Cruel destin que celui de Mohamed Rafik Halo, mais aussi une situation r�voltante qui interpelle les consciences. Lui, le descendant d�une illustre famille, le fils de Mustapha El-Anka et petit-fils de Hadj M�hamed El-Anka, se trouve aujourd�hui parapl�gique et attend toujours une prise en charge m�dicale qui tarde � venir. Car seule une d�licate intervention chirurgicale, � l��tranger, pourra le sauver. Mais o� sont les pouvoirs publics ? Les �mes charitables ? En cette terrible soir�e du onzi�me jour de Ramadan de l�ann�e 2008, Rafik allait �tre victime d�un accident de la circulation qui brisera le cours de sa vie et apportera larmes et d�sespoir � sa famille. Malgr� son �tat, il se rappelle tr�s bien du drame. Du moins, des flashs de souvenirs lui reviennent en m�moire. �Ce soir-l�, dit-il, j�avais pris en voiture mon jeune fr�re. J��tais un peu stress� et je voulais faire un petit tour � Alger. Pr�s d�El-Biar, le v�hicule a d�rap�. Le choc ! J�ai repris conscience quand on m�a sorti de la voiture, et j�ai demand� des nouvelles de mon fr�re. On m�a dit qu�il allait bien... Puis je ne me suis plus rappel� de rien. Trois � quatre jours apr�s, je me suis r�veill�. J��tais dans un lit d�h�pital...� Depuis, Rafik Halo est paralys�. il ne peut ni se mouvoir ni s�asseoir et vit une situation de d�pendance, un d�nuement extr�me. �Je ne sens pas mon corps ni rien, ajoute-t-il avec un sanglot dans la voix. Surtout je ne sens pas mes membres. Il faut qu�on me cale avec des coussins, sinon je tombe. Je ne peux pas non plus m'asseoir. Un m�decin m�a recommand� une r��ducation en urgence, sinon je vais mourir.� Dans leur modeste appartement � A�n-Na�dja, sa m�re s�occupe de lui du mieux qu�elle peut. La veuve du regrett� Mustapha El-Anka est d�sesp�r�e, an�antie, quoique rest�e digne et courageuse. �Je suis comme calcin�e ( makouiya est son mot), confie-t-elle en parlant de sa douleur de m�re. Mon fils Rafik illuminait ma maison. Je suis � son chevet depuis cet horrible accident. J�ai surtout couru, couru, frapp� � toutes les portes. H�las, toutes les portes se sont ferm�es. J�en ai m�me appel� au pr�sident de la R�publique... Pourtant, je ne demande rien, je demande seulement que mon fils me revienne comme avant.� La s�ur de Rafik souffre aussi intens�ment que la maman. Elle laisse �clater sa grande d�tresse : �Rafik est ma vie et le voir dans un tel �tat me tue. Mon seul souhait, c�est de le voir enfin marcher, retrouver l�usage de ses membres. Nous n�avons pas cess� de lancer des appels au secours, sans r�sultat. Mon fr�re n�a pas encore go�t� � la vie et il est d�j� paralys�. Il n�a que 37 ans, mari� depuis seulement trois ans.� Allong� sur son lit, Rafik, lui, esp�re toujours ce miracle qui viendrait d�une main secourable, Inchallah. Et de citer un exemple dont les m�dias ont parl� : �Il s�agit d�un Y�m�nite, le m�me cas que moi. Apr�s un accident de moto, il s�est retrouv� paralys�, avec des caillots de sang dans la moelle �pini�re. Il a �t� trait� en Allemagne. Une intervention r�ussie. Il a vite recommenc� � marcher, � jouer au ballon. Son cas a �t� suivi par les m�dias, surtout la t�l�vision. Alors, pourquoi pas moi aussi ? Je r�ve tellement de revenir au cin�ma, � la t�l�vision, tenir le projecteur. L�Alg�rie, je l�aime tant. Autrement je ne serais pas revenu, � l��poque. J�avais un visa de six mois, mais une fois � l��tranger je ne suis rest� que dix jours et je suis vite rentr�. J�aime trop mon pays.� Car Mohamed Rafik Halo n�est pas un inconnu dans le monde du cin�ma et de l�audiovisuel. N� le 30 octobre 1973 � Bologhine, le petit-fils de Hadj M�hamed El-Anka a d�but� sa carri�re en 1991. C��tait � l�ENPA. Par la suite, il a particip� comme chef �clairagiste dans 21 films alg�riens, des courts m�trages, des spots publicitaires. Apr�s la dissolution des trois entreprises de production audiovisuelle (dont l�ENPA), Rafik s�est retrouv� sans couverture sociale (aucune assurance maladie ni prise en charge quelconque). Il a donc continu� � travailler au noir, quand c�est possible. Pas de quoi voir la vie en rose, surtout quand on a une famille d�munie � prendre en charge. La modeste pension de retraite (9 000 DA mensuels) du regrett� Mustapha El-Anka, elle, ne peut apporter du beurre dans les �pinards. Sombre et triste tableau. Une semaine apr�s l�accident, des lettres ont �t� adress�es aux diff�rents minist�re (Culture, Sant� et Solidarit�), dossier m�dical inclus. Elles sont demeur�es sans r�ponse � ce jour. Rafik a subi une op�ration en Alg�rie, mais son �tat n�cessite une intervention plus �pointue�, et donc une r�elle prise en charge avec suivi m�dical et une r��ducation. Cela implique le concours des pouvoirs publics concern�s pour un transfert � l��tranger, en milieu hospitalier sp�cialis�. Par exemple en France, o� il existe des centres sp�cialis�s mais chers (environ 300 millions de centimes). Pour que Rafik Halo puisse au moins s�asseoir sur une chaise roulante. Ici � Alger, des �mes de bonne volont� essaient de lui venir en aide, du mieux qu�elles peuvent, mais c�est trop peu. Par exemple ses amis techniciens, l�association Lumi�res, ou encore l�APC Si M�hamed lui envoient des couches. Une assistance � saluer. N�anmoins, cela reste d�risoire quand on sait que Rafik a aussi besoin d�un massage quotidien qui lui revient � 400 DA (et que maintenant sa famille n�arrive plus � payer). Aujourd�hui parapl�gique, au ch�mage, sans ressources ni protection sociale, Mohamed Rafik Halo n�a d�autre alternative que de lancer cet SOS. C�est l�appel d�sesp�r� d�un enfant de l�Alg�rie qui ne r�ve que d�une chose : retrouver ses amis artistes et techniciens pour tenir encore entre les mains une cam�ra ou un projecteur.