Par Abdelmadjid Bouzidi [email protected] Les indicateurs macro-financiers de l�Alg�rie sont bons. Nous le savions d�j�. Le FMI et la Banque mondiale viennent de le rappeler. Merci le p�trole ! Mais pour �tre plus juste, il faut aussi reconna�tre que la gestion de l�embellie financi�re n�a pas �t� impertinente : reprise de l��quipement du pays et � grande �chelle ; rattrapage salarial tant attendu par les travailleurs alg�riens ; redistribution notamment en faveur des plus d�munis et de la jeunesse (16 milliards de dollars de transferts sociaux en 2011). Bien �videmment, nous attendons toujours le nouveau r�gime de croissance qui sortira notre �conomie de sa grande vuln�rabilit�. Nous attendons toujours les r�formes structurelles qui lib�reront les �nergies. Mais, apr�s deux d�cennies de tentatives recommenc�es et d��checs r�p�t�s, nous comprenons tous � pr�sent (tous ?!) que le pr�requis, la condition sine qua non pour r�ussir notre transition �conomique, c�est de mettre en �uvre et de r�ussir d�abord notre transition d�mocratique. La priorit� aujourd�hui, en Alg�rie, s�appelle ouverture politique, transition d�mocratique. Quelques donn�es �conomiques chiffr�es Selon le FMI, le sc�nario de r�f�rence de moyen terme 2010-2015 de l��conomie alg�rienne est le suivant : Les finances de l�Etat continueront de se porter bien et les pr�visions du FMI ne sont nullement exag�r�ment optimistes, ce qui signifie que cette situation financi�re que pr�voit le FMI pourrait �tre encore meilleure. C�est l� une bonne nouvelle mais c�est l� aussi une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle est que nous disposons d�une bonne marge de man�uvre financi�re pour un temps assez long encore. La mauvaise nouvelle est que cette embellie financi�re a encore incit� nos gouvernants � l�immobilisme, � tout laisser en l��tat, � reporter encore une fois les r�formes �conomiques mais surtout politiques dont on a tant besoin. Le second tableau que nous permettent de construire les donn�es chiffr�es du FMI est le suivant : 2010-2015 : l�Alg�rie pr�sente une �conomie d�sendett�e, qui d�gage une �pargne importante, qui investit beaucoup mais qui reste ancr�e aux seuls hydrocarbures. Une �conomie qui a donc besoin de se diversifier, de lib�rer les initiatives, de cr�er de la valeur. Et le potentiel est l�. Nous n�arr�tons pas de r�p�ter cela mais h�las rien ne bouge. Pourquoi donc ? Parce que, dans nos pays, o� le lien de confiance entre gouvernants et gouvern�s a �t� rompu, le succ�s �conomique est �troitement corr�l�, tr�s �troitement corr�l� � l�ouverture politique. Un r�gime politique d�mocratique mobilise les acteurs �conomiques beaucoup plus efficacement et surtout beaucoup plus durablement que ne le ferait un r�gime autoritaire. Un r�gime d�mocratique restaure la relation de confiance entre gouvernants et gouvern�s. Et la confiance est la cl� de succ�s du d�veloppement. Or, en Alg�rie, c�est pr�cis�ment l� que le b�t blesse. L�Alg�rie un pays en manque de d�mocratie ? Le Country Report que publie chaque ann�e l� Economist Intelligence Unitde Londres (qui est un rapport par pays o� sont analys�es notamment les situations �conomique et politique nationales) analyse la �sc�ne politique � alg�rienne (chapitre �The Political Scene) et donne des indications sur notre r�gime politique � quatre r�gimes politiques sont pr�sent�s : 1) Le r�gime de pleine d�mocratie. 2) Le r�gime de d�mocratie � consolider. 3) Le r�gime politique hybride. 4) Le r�gime politique autoritaire. 167 pays sont analys�s. 55 d�entre eux sont class�s �r�gimes autoritaires� et l�Alg�rie en fait partie. En terme d�index d�mocratique, l�Alg�rie est class�e � la 125e place. Dans la r�gion, nous avons les classements suivants pour 2010 : � Maroc 116e � Alg�rie 125e � Egypte 138e � Tunisie 144e � Libye 159e Sur une �chelle de notation de 0 � 10, l�Alg�rie a la note de 3,40. La pratique d�mocratique est �valu�e � travers cinq th�mes qui regroupent 60 indicateurs : 1- La participation politique. 2- Le fonctionnement du gouvernement. 3- Le processus �lectoral. 4- La culture politique. 5- Les libert�s civiles. Les notes obtenues par l�Alg�rie pour chacun de ces th�mes sont les suivantes (�chelle de note : 0 � 10)
A titre d�exemple, le th�me �processus �lectoral� est �valu� � travers les indicateurs de : �lection libre et honn�te, s�curit� des �lecteurs, influence de pouvoirs �trangers sur le gouvernement... ; le th�me �fonctionnement du gouvernement � est �valu� � travers les indicateurs de : lourdeurs bureaucratiques ; opacit� de la prise de d�cision ; centralisation excessive de la d�cision... ; le th�me �culture politique� est �valu� � travers les indicateurs de : libert� de la presse, marge de libert� d�expression... Le r�gime politique alg�rien reste marqu�, comme on peut le voir, par un important d�ficit d�mocratique. Il est clair qu�on ne pourra plus avancer dans le domaine �conomique tant que la question de la d�mocratie n�est pas prise en charge s�rieusement. Et lorsque l��conomie n�avance plus, le social se d�t�riore encore plus ; et lorsque le social se d�t�riore, le politique se d�stabilise et ainsi, de fil en aiguille, on entre dans le cercle vicieux de la r�gression.