Khemis Miliana, comme chaque ann�e, le 8 Mai, rend hommage au colonel Si M�hamed, qui a �t� l�un des plus engag�s dans la lutte arm�e contre le pouvoir colonial et qui n�a jamais cess�, au prix du sacrifice supr�me, d��uvrer pour le triomphe de la r�volution � la t�te de la Wilaya IV. Une r�gion, qui, de par sa situation g�ographique, a �t� au centre de toutes les luttes internes et externes. Dans le cadre de la c�l�bration de l�anniversaire de sa mort, le 5 mai 1959 en fin de matin�e, � Ouled Boua�chra, dans la wilaya de M�d�a, le colonel Si Hassan, qui avait pris la rel�ve du commandement, actuellement pr�sident de la Fondation de la Wilaya IV historique, a anim� une conf�rence-d�bat pour retracer le parcours du chahid et lever les doutes sur les circonstances de sa mort. Devant une assistance tr�s nombreuse compos�e d�anciens moudjahidine, d��l�ves des diff�rentes �coles et d��tudiants du Centre universitaire, Si Hassan a commenc� par retracer le parcours glorieux de celui qui a �t� le ma�tre d��uvre de la lutte arm�e dans la r�gion, qui a assis l�organisation et assur� la coordination interne et externe de cette wilaya qui s��tendait de la r�gion de Bouira jusqu'� Chlef. De son vrai nom Ahmed Bougara Ben Larbi, n� � Khemis Miliana le 2 d�cembre 1928, le martyr, apr�s des �tudes � �l��cole primaire des indig�nes� (comme on pouvait le lire sur le fronton de la porte d�entr�e de l��tablissement), a �t� en 1946 � la mosqu�e Zitouna de Tunis pour �tudier le Coran. Revenu de Tunis, il exer�a plusieurs m�tiers, tuyauteur, agent des Chemins de fer alg�riens, intendant de CFPA � Blida puis � Alger. Mais c�est au sein des SMA (Scouts musulmans alg�riens), auxquels il adh�ra � l��ge de 16 ans, que se forge son �me de nationaliste qui le conduit, d�s 1946, � adh�rer au PPA (Parti du peuple alg�rien) puis au MTLD (Mouvement pour le triomphe des libert�s d�mocratiques). Fich� par les services de la police coloniale, il est arr�t� et conna�t les affres des ge�les des prisons � deux reprises. La premi�re fois � la suite de sa participation aux manifestations du 8 Mai 1945 qui ont �t� suivies des massacres perp�tr�s par le pouvoir colonial � l�encontre du peuple alg�rien qui ne faisait que r�clamer son ind�pendance. Apr�s ces exp�riences, il est convaincu que seule la lutte arm�e pouvait apporter l�ind�pendance et la libert� aux Alg�riens. Il revient dans la r�gion de sa ville natale et entame, avec la collaboration de bien d�autres, l�organisation de la r�sistance dans le maquis de Djebel Amrouna (r�gion de Teniet-El-Had) et dans d�autres, notamment Bouira, Lakhdaria, Tablat, o� les premiers groupes arm�s furent constitu�s. Apres le 1er Novembre et le d�clenchement de la lutte arm�e, Si M�hamed eut � exercer de nombreuses responsabilit�s : adjoint politique en 1955, puis charg� des communications entre la capitale et ses environs. Il s�est illustr� par son courage et sa bravoure lors de sa participation � de nombreuses batailles, telles que celles de Bouzegza, Oued El Melh, Oued Fodda et Sacamodi. Il est alors promu au grade de capitaine, ce qui lui permit de participer au Congr�s de la Soummam le 20 ao�t 1956, un congr�s peu ordinaire puisqu�il a jet� et assis les bases de l�organisation politique et militaire de la R�volution et de son arm�e, l�ALN, et en unifiant son commandement. Si M�hamed n�a pas �t� qu�un chef militaire, rapporte Si Hassan, il a �t� aussi le f�d�rateur, l�homme qui avait pris conscience de la dimension sociale et bris� les clivages qui pouvaient na�tre entre militants et djounoud venus de diff�rents horizons et de diff�rentes couches sociales. Promu au grade de colonel, chef de la Wilaya IV, il prend part aux travaux de la r�union des commandants des Wilayas historiques en d�cembre 1958 � El Milia. Il a eu � diriger la wilaya la plus difficile de toutes, notamment en mati�re de logistique et d�armement, rapporte le colonel Si Hassan. Cette wilaya disposait de beaucoup d�hommes courageux mais de peu d�armes et de munitions car loin des fronti�res avec les pays limitrophes o� les colonnes les plus chanceuses qui allaient traverser les lignes �lectrifi�es Challes et Morice, se faisaient d�cimer par l�arm�e coloniale. �Nos armes, toutes nos armes nous les avions prises � l�ennemi. � Selon le conf�rencier, Si M�hamed Bougara a su non seulement montrer sa ma�trise exceptionnelle dans la direction de la Wilaya IV en faisant preuve de ses qualit�s de strat�ge militaire, mais aussi en intervenant au niveau des autres wilayas pour y r�gler des conflits internes et apporter son aide en moyens humains et mat�riels, notamment dans le domaine de l�assistance m�dicale pour sauver les bless�s dans les h�pitaux install�s dans les maquis. Hassan Khatib a �galement �voqu� les circonstances de la mort du chahid le matin du 5 mai 1959. �A la t�te d�une importante unit� dans son PC � Ouled Boua�chra, dans la r�gion de M�d�a, dans la nuit du 4 au 5 quand, tard dans la nuit, d�importantes unit�s de l�arm�e coloniale, fortes de plusieurs milliers d�hommes, ont commenc� � converger vers le refuge pour donner l�assaut d�s le lever du jour. Apr�s une bataille qui a dur� des heures, Si M�hamed et plusieurs de ses compagnons de lutte sont tomb�s au champ d�honneur. Depuis ce jour, toutes les recherches, pour retrouver l�endroit o� il a �t� inhum�, sont rest�es vaines. Selon le pr�sident de la Fondation de la Wilaya IX historique, de nombreuses d�marches ont �t� effectu�es aupr�s des diff�rents pr�sidents � la t�te de l�Etat fran�ais sont rest�es sans �cho. �Ce que nous pouvons affirmer, ici, est que Si M�hamed Bougara n�a pas �t� tu� par ses pairs comme cela a �t� colport� ici et l�. C�est une strat�gie des autorit�s fran�aises qui ont sem� le doute et continuent � l�entretenir pour semer la fitna dans les rangs de la soci�t� alg�rienne.� Et d�ajouter : �Nous continuerons � �uvrer pour que toute la lumi�re soit faite sur la disparition de ce grand artisan de la R�volution alg�rienne.� A une question pos�e par une �tudiante du Centre universitaire �pourquoi cette Alg�rie pour laquelle tant de sacrifices ont �t� consentis est amen�e � vivre les situations d�plorables que nous connaissons et pourquoi ceux qui ont tant lutt� et surv�cu n�ont pas su la prot�ger ou n�ont rien fait pour cela ?�, le colonel Hassan a r�pondu franchement. �A cause des divergences n�es durant la r�volution entre diff�rentes factions qui voulaient le pouvoir et qui l�ont pris en usant de la force contre d�autres Alg�riens, qui plus est �taient des fr�res d�armes au lendemain de l�ind�pendance lors des diff�rentes batailles dont celle la plus connue entre les �l�ments de la Wilaya IV et ceux de la Wilaya V qu�ils se sont livr�es, notamment dans la r�gion de Boukadir en 1963 et pr�cis�ment � Ka�richa.� Par ailleurs, � propos des voix qui s'�l�vent ici et l� pour exiger le changement du syst�me de gouvernance, le colonel Hassan Khatib dira : �Je n�ai pas d�avis � donner parce que je ne fais pas de politique, je m�astreins � la mission fondamentale de la fondation qui est de constituer des archives, ce mat�riau indispensable pour les historiens pour qu�un jour l�histoire de notre pays soit �crite � partir de corpus objectifs.� Et d�ajouter : �Et l�, il y a urgence parce que les t�moins disparaissent de plus en plus vite�, avant de reconna�tre que �nous n�avons plus de documents �crits, ils ont tous �t� perdus m�me dans la Wilaya IV, consid�r� pourtant comme la wilaya la plus bureaucratique�.