Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Cette semaine sera, th�oriquement, c�l�br�e la f�te de l�ind�pendance. Un �5 Juillet� bien particulier puisqu�il amorce le compte � rebours qui doit nous amener � la date embl�matique du cinquantenaire. Or, selon les probabilit�s des gens de la presse, le chef de l�Etat ne compte pas s�adresser � la nation. Comme il a pris la f�cheuse habitude d�ignorer les grandes solennit�s destin�es � d�livrer les oracles du pouvoir il n�gligera, une fois de plus, la symbolique du calendrier patriotique au moment o�, pr�cis�ment, le pays est sens dessus-dessous. Faute, donc, de clarifications officielles pourquoi s�emp�chera-t-on de les administrer � sa place et m�me mieux, � ses d�pens ? En effet, la tentation est grande de faire un pied-de-nez au tr�s platonique rituel des v�ux en les d�tournant en� aveux. Car s�ils sont habituellement pieux par d�finition et courtois par le style, c�est qu�ils n�engagent en rien ceux qui les formulent. Par contre, ils abusent ceux � qui ils sont destin�s. Comme le calendrier des rendez-vous avec la nation est bien fourni, nos dirigeants ont eu toute la latitude d�affiner l�insinc�rit� de leurs souhaits au point que l�opinion n�en fait plus grand cas. Sachant d�exp�rience que le pouvoir ne croit pas un seul mot de ce qu�il promet, n�est-il pas temps de lui retourner la monnaie de sa pi�ce en �tayant par le r�quisitoire ses silences coupables ? C�est qu�il aurait d� depuis longtemps se mettre � table � comme l�on dit dans le jargon policier � et faire amende honorable au lieu de s�ent�ter dans les d�n�gations et de pratiquer la fuite en avant. Mais comme il est de notori�t� politique qu�aucun pouvoir n�aime s�autoflageller, l�exercice est par cons�quent tout indiqu� de mettre en mots l�acte d�accusation. Ainsi, de l�aveu m�me de l�opinion l�an 2011, co�ncidant au 12e anniversaire du r�gime de Bouteflika, est celui qui a consacr� dans tous les domaines le d�phasage entre l�action (l�inaction ?) du sommet et les attentes sociales ou politiques. Au c�ur d�une impopularit� qui prend de plus en plus des proportions de rejet syst�matique, le pays est devenu ing�rable si tant est qu�il l�a �t� � un moment ou � un autre depuis 1999. La contestation sur tous les fronts sociaux ayant forci ses rangs et durci ses positions, il appara�t clairement que le pays r�el n�est plus dispos� � accompagner les dirigeants actuels. En attendant de savoir ce qu�il en sortira de la synth�se de la commission Bensalah, les anecdotes qui s��changent dans les d�ners entre excaciques ne manquent pas de sel et sont rien moins que compromettantes pour l�image du r�gime. �Eh bien oui, laisse-ton entendre, le pouvoir de Bouteflika a, de tout temps, �t� d�fini par ces vocables�. Une v�ritable p�taudi�re, pr�cise-t-on. Un lieu de confusion et une cour de l�che-babouches que rien ne r�pugne. Et surtout un gouvernement manquant de s�r�nit� dans sa t�che et uniquement pr�occup� par la versatilit� chagrine de l�impr�visible chef de l�Etat. Le voici le voil� donc le �bouteflikisme� illustr� diff�remment par certains qui en furent pourtant des partisans avant les r�pudiations. Ceux qui, enfin, admettent qu�il n�a jamais �t� la doctrine d�une politique mais lamentablement un cas symptomatique o� les param�tres de l�homme ont s�cr�t� plus de distorsions � la fonction pr�sidentielle qu�ils n�ont fourni une nouvelle �thique � l�exercice des responsabilit�s. Sans doute qu�il y a une part de d�loyaut� chez ceux-l� qui, un moment, avaient partag� la soupe. Bien �videmment, face au poison distill� par ce genre de descriptions, les clans de la fid�lit� auront le r�le facile d�accuser les accusateurs dans ce sens. N�anmoins, ce que les chaumi�res ressentent sans le secours et les lumi�res d�en-haut est qu�elles sont administr�es par un Etat loqueteux dont plus rien ne justifie sa reconduction. M�me si elles n�ont pas encore les cl�s pour le changer, elles se forgent patiemment la certitude que ce ne sera pas avec ces dirigeants qu�elles doivent se reconstruire la nouvelle �Maison Alg�rie�. Le �5 Juillet� prochain, la parole officielle sera absente parce qu�elle sait simplement qu�elle n�a plus l�oreille du pays, lequel d�ailleurs n�en attend pas moins. Suspendue � l�esp�rance que le r�gime est condamn� aux grandes soldes, la soci�t� c�l�brera peut-�tre le cinquantenaire de l�ind�pendance (2012) comme l�an I de la citoyennet�.