Si le secr�taire d�Etat charg� de la statistique, Sid-Ali Boukrami, a fait dans la p�dagogie, hier lors de son passage � la radio Cha�ne III, pour corriger l�animatrice de l��mission �L�invit� de la r�daction� et �nuancer des certitudes�, son propos, plut�t critique � l��gard du gouvernement dont il est membre, justifie surtout l��chec d�une gouvernance. Pour un exploit en communication, c�en est vraiment un : s�autocritiquer pour se justifier. Lyas Hallas - Alger (Le Soir) - L�objectif de l�enqu�te �conomique que m�ne actuellement l�Office national des statistiques (ONS), souligne M. Boukrami, est de rapprocher l�administration des op�rateurs �conomiques qui boudent justement l�administration, ajoutet- il, � cause de son fonctionnement �ex�crable�. Evoquant le d�roulement de l�op�ration de recensement �conomique, M. Boukrami s�est dit satisfait : �Je ne dis pas que tout est parfait mais, nous avons r�alis� des avanc�es. Les op�rateurs ne sont pas si m�fiants et les agents de l�ONS ne sont plus renvoy�s comme avant, m�me � El-Hamiz, � titre d�exemple, o� les gens sont plut�t coop�ratifs. C�est gr�ce � un effort de communication aussi.� Et de noter des difficult�s dans certaines r�gions : �Nous sommes pass�s par une p�riode de non-administration et beaucoup reste � faire dans des r�gions comme Tizi Ouzou, B�ja�a et m�me � Alger. Tout comme l�aspect technique qui n�cessite des am�liorations.� M. Boukrami refuse, ainsi, d�utiliser l�expression d���conomie informelle� pour invoquer les activit�s �conomiques �chappant au contr�le de l�administration. �Je ne vais pas dire l�informel sinon les gens vont me prendre pour un cancre. C�est plut�t l��conomie r�elle. C�est le r�el qui diff�re dans son fonctionnement. C�est un peu comme dans la crise �conomique mondiale actuellement dont la finance est compl�tement d�connect�e de l��conomie, du r�el�. Un grand foss�, donc, s�pare l�administration de la r�alit� du terrain selon M. Boukrami qui, par m�connaissance de la soci�t�, ne peut solutionner les probl�mes �conomiques du pays. Il a surtout interpell� les sociologues : �Nous ne connaissons pas notre soci�t� et je pense que nous devons approfondir notre connaissance de la soci�t�. C�est cette soci�t� qui s�impose � nous et devons concevoir un mod�le �conomique adapt� � ses besoins�. Ceci, plut�t pour d�gonfler des concepts pompeux que le gouvernement m�me dont il est membre en abuse pour vanter ses r�formettes : �thique, gouvernance, transparence. �Pour ce qui est de la transparence, je dis que la soci�t� alg�rienne r�siste � l��valuation. L�Alg�rien n�aime pas d��tre �valu�. Et c�est tout le monde qui refuse l��valuation externe. Il nous faut s�entendre sur une vision commune. Ce ne sont pas les comp�tences individuelles qui manquent mais, collectives. Chacun se croit d�tenir la v�rit� et nous n�avons pu s�entendre sur une solution collective�, soutient-il. Il a, ainsi, salu� la prudence du ministre des Finances, Karim Djoudi : �En ce contexte de crise �conomique mondiale, marqu� par l�incertitude, le ministre des Finances � je pense que vous l�avez cit�, et � qui j��prouve un profond respect �, parle � voix basse, avec tr�s peu de certitudes et avec beaucoup de prudence.� C��tait en r�ponse � une question de savoir si l�Alg�rie est � l�abri de la crise �conomique actuelle comme pr�tend Karim Djoudi. Et d�ajouter : �Les fondamentaux macro�conomiques sont au top. C�est au niveau du fonctionnement de l�entreprise o� il y a probl�me. Sa r�forme reste tr�s difficile parce qu�elle pourrait remettre en cause les �quilibres de la soci�t�. Et je pense qu�il faut rester rigoureux.� Beaucoup de r�f�rences de la pens�e �conomique, signalons-le, ont �t� cit�es par Sid-Ali Boukrami pour �tayer ses propos, dans son analyse de la crise �conomique mondiale et r�percussions sur l�Alg�rie. Il a conclu � ce que cette crise est d�abord une crise morale et ensuite, une crise de pens�e �conomique : �Ce sont les certitudes de la connaissance qui sont en mutation. Les richesses produites sont suffisantes pour couvrir les besoins mais pas l�avidit� des hommes. La crise est l�, avec beaucoup d�incertitudes. C�est dire qu�il faut lutter contre la cupidit� et l�accumulation d�mesur�e des richesses�.