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LES �NIGMES DES BOULEVERSEMENTS DANS LE MONDE ARABE
Complot ou chemin sinueux de l�histoire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 08 - 2012

Comme les couleurs douces du fameux printemps arabe virent aux noirceurs et rigueurs d�une autre saison, d�aucuns y voient dans cette tournure des �v�nements uniquement la main de puissances �trang�res. Il est �vident que celles-ci tentent d�influer sur le cours de l�histoire actuelle pour pr�server un statu quo qui les arrange.
Par Ali Akika, cin�aste
Le jeu des grandes puissances ne peut cependant r�duire � n�ant le v�ritable moteur des tremblements de terre qui secouent les pays arabes. Il serait insultant de croire que les peuples de ces pays se sont soulev�s sur un simple claquement de doigts des grandes puissances. Il ne faut pas �tre un grand clerc pour constater que tous les ingr�dients �taient r�unis pour que les peuples disent leur ras-le-bol de ces dictateurs qui leur m�nent la vie dure. Les man�uvres et les pressions des grandes puissances pour neutraliser les forces montantes dans le monde arabe sont suffisamment connues pour ne point y rajouter une couche. Il est plus int�ressant de d�coder les �nigmes qui enveloppent les processus des changements en cours pour pouvoir esquisser une issue de ces bouleversements. Il faut pour cela s'arr�ter bri�vement sur la nature des Etats arabes, une nature qui a influ� sur les formes m�mes de ces bouleversements. C�est pourquoi les soul�vements en Tunisie et en �gypte diff�rent de ceux de la Libye et de la Syrie. Dans le premier cas nous avons affaire � des Etats centralis�s sur le plan politique (mais o� l�on tol�re des partis politiques de fa�ade et �mergence d�une soci�t� civile) mais dont l��conomie est aux mains d�une bourgeoisie totalement d�pendante de l�Occident. Dans le deuxi�me cas (Libye et Syrie) les Etats sont tout aussi centralis�s o� l�on fait la chasse � la moindre opposition politique. Arr�tons-nous un instant sur ces deux pays. En Libye, Kadhafi a �t� victime de sa propre conception �r�volutionnaire� de l�Etat des masses, superposition d�institutions sans r�el pouvoir de d�cision. Cette bizarrerie institutionnelle lui a permis de concentrer tous les pouvoirs. Tant qu�il n�avait aucune force organis�e et cons�quente devant lui, il eut l�illusion d��tre invincible. Il paiera cher sa conception �b�douine� de l�Etat quand des membres �minents de son entourage, lass�s de sa m�galomanie, prirent la t�te de la r�volte. Pour avoir n�glig� d�unifier le pays en luttant contre le tribalisme, ses adversaires utilis�rent cet esprit tribal contre lui. S'il y avait eu un v�ritable Etat digne de notre �poque et quand bien m�me son r�gime e�t �t� dictatorial, Kadhafi n'aurait pas connu aussi rapidement une fin lamentable sous les applaudissements de ses ennemis mais aussi d'une bonne partie de son peuple. Quant � l�Etat en Syrie, il puise ses racines dans une civilisation mill�naire. L'histoire de ce pays a oblig� les politiques � mieux cerner les contraintes et les contradictions engendr�es par cette civilisation. Cet Etat a toujours su naviguer dans une r�gion �volcanique� en nouant des relations politiques et strat�giques avec les forces politiques et les Etats de la r�gion. C�est pourquoi le r�gime b�n�ficie de soutiens dans la mosa�que �ethnique� et religieuse du pays mais aussi d�alliances �tatiques solides dans la r�gion. On est loin de la politique brouillonne d'un Kadhafi qui s�est mis � dos non seulement l'Occident mais aussi ses voisins imm�diats. Ce rapide survol sur la nature des Etats nous permet de faire la distinction entre deux groupes de pays ayant v�cu �le printemps arabe�. La Tunisie et l��gypte ont connu des soul�vements populaires regroupant la quasi-totalit� des couches sociales hormis les clans mafieux et familiaux qui s'agrippaient au dictateur en place. Quant aux arm�es respectives de ces deux pays, elles adopt�rent une attitude �neutre�, en r�alit� tr�s calcul�e. Elles ont prot�g� les institutions en place qui ont permis la continuit� de l'Etat jusqu'� l'organisation des premi�res �lections libres. Enfin, les r�gimes de ces deux pays �taient des amis de l'Occident pour ne pas dire d'autres qualificatifs d�sobligeants. Cette proximit� avec l�Occident (qui voyait loin et qui ne voulait pas r�it�rer son erreur consistant � soutenir le Shah d�Iran jusqu�� la derni�re minute) a permis � ce dernier d�influencer les services secrets des deux pays pour pousser les deux dictateurs � la sortie. Ce n�est pas par hasard si Ben Ali a �t� mis au sens propre du mot dans l�avion par son chef des services secrets. Quant � Moubarak, son fameux chef des renseignements lui succ�da pour un laps de temps court avant de jeter l��ponge pour �largir le champ de man�uvre des forces arm�es �gyptiennes. Tous ces param�tres dans ces deux pays ont contribu� d'une part � �viter un bain de sang � grande �chelle comme en Libye et en Syrie. Ces param�tres, fruits de l'histoire et de la culture de ces deux pays, ont, et c'est important de le signaler, �vit� aussi l'intervention des arm�es �trang�res comme en Libye. Pour la Syrie, ce n'est pas l'envie qui manque � ces arm�es �trang�res mais uniquement la peur que leur intervention se solde par un fiasco d'autant que de grandes puissances ont neutralis� leur bellicisme et �mouss� leur ardeur devant le Conseil de s�curit�. Le second groupe o� l'on trouve le Y�men, Bahre�n, la Libye et la Syrie a connu une autre dynamique. Cela s'explique �videmment par la nature des r�gimes en place et leurs rapports avec les puissances �trang�res. Pour le Y�men et surtout Bahre�n, l'affaire a �t� vite r�gl�e par l'Arabie saoudite sans que les vertueux de tous bords en Occident n'aient trouv� rien � dire. Quant � la Syrie et la Libye, ils ne pouvaient �chapper � la nature dictatoriale de leurs r�gimes et au contentieux lourd, tr�s lourd avec l'Occident. Dans ces deux pays, deux facteurs non n�gligeables sont venus donner une tournure tragique aux �v�nements. Le premier facteur, ce sont les dissensions au sein de l'appareil d'Etat. En Libye, ministres, g�n�raux et responsables des services de s�curit� ont pris la t�te de la r�bellion. Avec quelques nuances dans le timing des d�sertions, on retrouve le m�me sc�nario en Syrie. Une fois �nonc�es, certes bri�vement, les diff�rences entre les �v�nements v�cus par ces pays, on peut cerner ce qui se cache derri�re ces diff�rences. Dans le premier groupe, le soul�vement populaire �tait d'une certaine mani�re classique alors que dans le second groupe on a et on assiste � des bizarreries politico-militaires. En Tunisie comme en �gypte, le peuple a affront� les mains nues la dictature en occupant rues et places sous le regard solidaire du monde entier. Une telle situation ne pouvait durer �ternellement car cela nuisait aux int�r�ts des classes poss�dantes et � l'arm�e, laquelle ne pouvait r�sister aux discr�tes mais n�anmoins fortes pressions de l'Occident. En revanche, en Libye et en Syrie, l� aussi force est de constater que les manifestations populaires dans les rues ont vite �t� accompagn�es d'affrontements militaires directs entre deux forces qui se foutent royalement des pertes parmi les civils. La mani�re de mener une lutte politico-militaire n�est jamais neutre. Elle renseigne sur l�id�ologie et les capacit�s politique et militaire des combattants. Quand on m�ne une lutte contre une occupation �trang�re ou une dictature, il n�y a qu�une attitude qui vaille et qui se r�sume ainsi : gagner la confiance du peuple en lui �vitant le plus de souffrances possibles. Les r�volutions populaires triomphent quand il y a adaptation des moyens militaires du faible au fort que l'on combine avec la lutte politique et id�ologique. Que ce soit en Alg�rie, au Vietnam, en Chine, � Cuba, les forces r�volutionnaires n�ont jamais expos� leurs militants � une arm�e sup�rieure en nombre et en armement. Elles ont toujours harcel� leurs ennemis jusqu'� son affaiblissement ou sa fatigue et isolement diplomatique avant de rentrer triomphalement � La Havane, � Saigon, � P�kin ou Phnom Penh. Faute de concevoir et d'appliquer une telle strat�gie, en Libye comme en Syrie, les opposants au r�gime de leur pays ont fait appel aux forces �trang�res. En Libye, on a ras� des quartiers entiers sinon des villes et en Syrie on se bat en pleine ville en mettant en p�ril la vie des habitants. Quand bien m�me, on a la sympathie ou l'adh�sion de la population, on n'envoie pas des combattants par milliers dans des villes encore solidement tenues par une arm�e professionnelle. L'Histoire enseigne que la confrontation dans un espace clos et statique profite toujours aux arm�es professionnelles. Ceux qui ont con�u cette fa�on de faire la guerre � Damas ou � Alep ont peut-�tre des assurances secr�tes quant au succ�s de leur mission et que les pertes de leurs combattants et des civils sont les derniers de leurs soucis. Sauf que les guerres et les r�volutions ne sont pas des parties de poker. La philosophie qui nourrit le combat a toujours des cons�quences sur le long terme. La philosophie de la propagande qui fut mise � l'�uvre en Syrie est d'une telle grossi�ret� qu'elle n'a eu aucun effet sur l'opinion publique dans le monde alors que le dictateur syrien ne suscite pourtant que haine et m�pris. Pourquoi cette propagande n'a pas port� ses fruits ? Pour la bonne raison que les pr�c�dents mensonges des Etats et de la presse ont discr�dit� leurs auteurs. Quiconque sait d�cryter une image et lire entre les lignes et poss�de un minimum d'informations sur le conflit ne peut qu'�tre en col�re contre les auteurs de mensonges qui veulent arracher l�adh�sion de l�opinion publique. Cette col�re se double de m�pris quand on sait que ces m�mes m�dias se taisent quand un Etat bombarde pendant un mois avec des armes interdites par les conventions de Gen�ve et que le m�me Etat emprisonne tout un peuple dans une bande de terre grande comme une r�serve indienne. Toutes ces interrogations suscit�es par les bouleversements dans le monde arabe v�rifient une v�rit� datant de la nuit des temps, � savoir qu'on ne peut �chapper � son histoire, � sa culture et la seule issue pour ne pas courber l'�chine ou carr�ment dispara�tre, c'est de se donner les armes pour �tre le sujet de sa propre histoire et non un acteur que la moindre vague peut emporter. Ce sont les peuples, quoiqu'en pensent les adeptes de la technologie, qui font l'histoire et non les gadgets �lectroniques. Ces gadgets n'ont pas �vit� aux
Am�ricains de conna�tre des d�faites humiliantes notamment au Combodge et au Vietnam. Un mot pour conclure, � travers l�exemple des bouleversements actuels dans le monde, on voit l�importance de l�Etat. Ce dernier n�est pas une simple administration comme le laissent � penser certains sociologues. L�Etat ne joue pas seulement un r�le somme toute �technique� dans l�organisation et le d�veloppement �conomique, il est avant tout le socle o� se tissent les liens avec la soci�t� et en fonction de la nature de ces liens, le dit Etat ne se retrouve jamais seul devant l�adversit� des agresseurs potentiels qui patientent dans l�ombre. Pour ne pas l�avoir compris, le pauvre et sinistre Kadhafi en a pay� le prix. Il n�avait pas compris que l�histoire, la culture, l�intelligence au sens de la compr�hension et de la ma�trise de la situation, sont des param�tres pr�cieux qu�il faut savoir utiliser pour tenir en respect les pr�dateurs aussi bien domestiques qu��trangers.


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