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Point de vue sur la pol�mique entre universitaires alg�riens au Canada
Publié dans Le Soir d'Algérie le 24 - 09 - 2012

Dans une contribution (in Libert� du 19 juin 2012), intitul�e : �L��tatisme �conomique est l�ennemi de la prosp�rit�, Ta�eb Hafsi, professeur en �conomie � HEC Montr�al, vante les m�rites de la libre entreprise en Alg�rie, en citant des exemples de r�ussite d�entrepreneurs priv�s : Rebrab, Benamor, Hasnaoui, etc. Quant � Omar Aktouf, professeur dans la m�me universit�, dans une contribution (in El Watan du 14 ao�t 2012), intitul�e �Eternelle strat�gie de l�autruche n�olib�rale�, il pr�ne le retour � l��tatisme, �pour solutionner les probl�mes �conomiques de l�Alg�rie�.
Au passage, il �gratigne son coll�gue : �Ta�eb Hafsi fait appel � la rescousse ses inspirations �tasuniennes, pour tenter de trouver solution � la terrible �quation alg�rienne�� Ce dernier r�plique : �Il (Aktouf) a d�cid� de partir en guerre contre le capitalisme international et l�imp�rialisme�� On l�aura compris, il s�agit � la base d�un d�bat id�ologique �gauche/droite�, � deux mille lieues (distance d�Alger � Montr�al) de nos pr�occupations quotidiennes, dans un pays livr� � l���conomie de bazar� ; rare point de convergence entre les deux universitaires� Voici grosso modo l�objet de la pol�mique entre les deux hommes, install�s � Montr�al, dans un quasi-paradis sur Terre, � des ann�eslumi�re de l�Alg�rie, dans tous les domaines. Loin de moi l�id�e de leur jeter la pierre : c�est le r�ve partag� par une �crasante majorit� d�Alg�riens qui cherchent par tous moyens � �migrer � l��tranger ; les cris de �Visa ! Visa ! Visa !� lanc�s par le peuple de Bab- El-Oued, � l�adresse de Jacques Chirac en 2001, en sont la cruelle r�alit�. Par ailleurs, un sondage r�alis� par le journal Libert� en d�cembre 2008 montre que �la moiti� des habitants de l�Alg�rie est tent�e par l��tranger � et �81% des sond�s affirment qu�il y a dans leur entourage des personnes en stand-by, pr�tes � faire le grand saut et se disent dispos�es � payer tr�s cher pour cela�. Si MM. Hafsi et Aktouf partageaient notre condition d�Alg�rien (ce que je ne leur souhaite pas, du moins en l��tat actuel des choses), ils auraient sans doute appr�ci� autrement l�ordre des priorit�s, non sous l�angle �conomique, mais dans son �minentissime caract�re politique. Dans les ann�es 1970, les choix politiques malheureux mis en �uvre, avec des �r�volutions� pilot�es par un syst�me �tatiste outranci�rement bureaucratis�, ont conduit � des p�nuries chroniques de toutes sortes et leurs corollaires les files d�attente humiliantes. Au lieu de travailler, de se cultiver et de jouir des choses de la vie, paysans, ouvriers, fonctionnaires, etc., consacraient une partie de leur existence au ravitaillement dans des Souks-El-Fellah parcimonieux, en toutes sortes de produits : �ufs, lait et laitages, fruits et l�gumes, viandes, etc. Et voil� qu�aujourd�hui l���conomie de march�, devient ��conomie de bazar�. Ainsi, lorsque l�Alg�rie comptait 14/15 millions d�habitants, nous avions de l�argent (gr�ce � la planche � billets) mais sans trouver l��quivalent en produits sur les �tals. Aujourd�hui, � la faveur de l�argent du p�trole, le march� regorge de produits, portant des codes � barres tremp�s dans la sueur de peuples lointains, mais le porte-monnaie de la majorit� des m�nages est vide. Voil� un Etat enrichi gr�ce � la manne des hydrocarbures et un peuple appauvri paradoxalement pour les m�mes raisons. Nous sommes dans la continuit� du credo politique des ann�es 1970, selon lequel la bonne ou la mauvaise fortune ne peut venir que du syst�me� La probl�matique de l�Alg�rie se pose prioritairement, me semble-t-il, sous l�angle politique, en l�occurrence la gouvernance entre l�Etat, le corps politique et la soci�t� : une approche de la d�mocratie participative, suivant un triptyque, �o� deux des acteurs contr�lent le troisi�me� : formule pr�conis�e par l�ONU sans recueillir les faveurs ni de la classe politique ni des �lites alg�riennes ; la preuve le sujet n�est jamais ou presque pas d�battu... En attendant, faute d�implication des Alg�riens dans la chose publique, notre pays peine � r�gler des probl�mes prosa�ques, li�s � la satisfaction de simples besoins, relevant du droit humain : coupures chroniques d�eau, �lectricit�, t�l�phone, internet, etc. ; march�s improvis�s sur les trottoirs et les chauss�es, au milieu de la salet� repoussante de la cit�, n�cessitant des campagnes de propret� � la veille de chaque �ch�ance �lectorale des APC ; perturbation cyclique des circuits de distribution de la nourriture, des m�dicaments, des carburants ; inexistence des instruments des paiements (ch�ques, carte bancaire, etc.) dans le commerce ; usage de mani�re ind�cente de la monnaie liquide, sale et mutil�e, transport�e dans la fameuse chkara ; preuves s�il en est de la mainmise de la mafia financi�re sur une partie non n�gligeable de l��conomie du pays ; absence de facturation et de tra�abilit� de produits et marchandises vendues sur les march�s ; p�nuries insens�es des timbres postes et fiscaux se vendant au march� noir ; inexistence de commissions paritaires (prudhommes) pour l�arbitrage des conflits sociaux entre employeurs et employ�s ; des employ�s qui vont jusqu�� provoquer la faillite de l�entreprise qui les emploie, sans que le propri�taire puisse se faire justice par les voies de droit ; pl�thores d�effectifs avec lesquelles on tente de suppl�er � l�in�narrable absent�isme d�une ressource humaine aux prises avec une foule prodigieuse de maux sociaux (entassement dans des logements pr�caires et insalubres, transports en commun d�faillants, ins�curit�, harc�lement bureaucratique, etc. ; h�pitaux-mouroirs, devenus lieux de pugilat o� le personnel du corps m�dical se fait tabasser par des familles des malades (le dernier en date s�est produit � Constantine) ; des automobilistes qui �p�tent� les plombs suite aux retraits absurdes du permis de conduire, selon un registre barbare n�existant nulle part au monde : au point qu�un automobiliste de Khenchela a bourr� sa voiture d�explosifs dans le but de faire sauter le commissariat de la ville, le 3 ao�t 2012� Voici pr�sent�s � grands traits certains probl�mes sociaux, repr�sentant autant de ph�nom�nes anti�conomiques, auxquels sont confront�s les Alg�riens, mais dont l�essence est �minemment politique : l�absence de contrepouvoirs r�els� La probl�matique de notre pays se pose, certes, en termes de pens�e �conomique : la st�rilit� de l�Etatpatron dans les ann�es 1970 et l��conomie de bazar aujourd�hui. Mais l�option �conomique constitue un �l�ment et non l��l�ment de la probl�matique alg�rienne� En effet, avec des r�serves d�environ 200 milliards de dollars d�pos�es � l��tranger, l�Alg�rie pourrait tenir 5 ans en s�offrant le luxe de continuer � vivre sous perfusion � partir du sous-sol saharien, repr�sentant 98% de nos recettes en devises et les 2/3 des recettes budg�taires : un v�ritable matelas financier servant � la satisfaction du train de vie de l�Etat, des besoins socio�conomiques et de ressorts politiques pour colmater toutes les br�ches sociales. Malgr� l�absence de strat�gie de d�veloppement, le revenu �conomique du pays ne pr�sente pas de caract�re d�urgence, tant que les hydrocarbures charrient de la richesse (h�las, sans cr�er d�emplois productifs, se traduisant par 20% de taux de ch�mage). Mais cette fausse richesse chasse la bonne : celle du travail honn�te, de la sueur, de l�esprit d�entreprise� Comment on en est arriv� l�, s�il n�y avait pas � l�origine une �norme faille politique, en corr�lation �troite avec l�absence de d�mocratie ? Ce n�est pas l��tatisme, ni le lib�ralisme qui changeront quoique ce soit � cette �quation. A mon avis, il y a d�ficit de r�flexion politique, en vue d�un changement de ce syst�me de toutes les apories (contradictions logiques conduisant � une impasse du raisonnement)� En l�absence de contrepouvoirs r�els, le syst�me cherche la p�rennit�, avec le m�me personnel politique, au risque de �pourrir� tout le corps social avec l�argent du p�trole ; bien extorqu� � nos enfants et petits-enfants � qui on risque de laisser, � ce rythme, un pays failli. Et celui qui cherche � cr�er de la richesse, en dehors du syst�me, sera fatalement clou� au pilori, avec des chausse-trapes empoisonn�es, dignes des pi�ges des ninjas, durant la p�riode m�di�vale nippone ! Dans de telles conditions, quel sort pourrait �tre r�serv�, par un syst�me politique qui fonctionne par lui-m�me et pour lui-m�me depuis 50 ans, aux choix �conomiques propos�s par l�un et l�autre des deux universitaires montr�alais ? A moins d�un changement pacifique et constructif, sur la base d�un consensus national. Or, cela suppose l�existence d�une opposition politique r�elle et non choisie par le syst�me, ou � tout le moins des contrepoids v�ritablement ind�pendants, du genre m�diateur de la R�publique (France, Tunisie, Maroc) ; ombudsman (Su�de, Canada�) ; comit� de m�diation en Chine ; protecteur du citoyen (Pays d�Am�rique latine), etc. Or, le syst�me ne veut rien de tout cela. N�a-t-il pas fait la peau au corps des m�diateurs de la R�publique, cr�� en 1996, par le pr�sident Liamine Zeroual ? Malgr� le travail appr�ciable accompli, cette institution fut cong�di�e sans autre forme de proc�s. Le passage � la trappe de ce corps institutionnel, au lendemain du d�part en 1999 de l�auteur de ses jours, d�montre � l��vidence le poids colossal de la bureaucratie dans la gestion des affaires du pays ; �tre capable d�enterrer des institutions et des lois qui d�rangent ses sbires, cela n�existe dans aucun pays au monde� D�s lors, il devient inutile de chercher � faire passer des id�es �conomiques, les plus lumineuses soientelles, avec un syst�me herm�tiquement ferm� � tout ce qui ne vient pas de lui. D�o� puise-t-il de tels pouvoirs occultes en totale impunit�, sinon du syst�me politique ? Pourquoi le terrorisme des bureaux n�est-il pas combattu avec la rigueur qui s�impose, malgr� les promesses depuis 1979 des r�gimes successifs d��radiquer ce fl�au ? Avec un syst�me bureaucratique �clos et couvert�, non soumis � aucune surveillance ni tenu de rendre des comptes, nulle option �conomique pr�conis�e par les deux universitaires montr�alais n�a de chance d�aboutir, tant que le pays ne sera pas d�barrass� de ce syst�me monstrueux, comparable � celui n� dans l�imaginaire de la romanci�re britannique Mary Shelley, � travers le personnage du docteur Frankenstein, qui fabriqua un monstre �chappant � tout contr�le. D�s lors, pour continuer � exister comme individu respectable, l�Alg�rien �migre � l��tranger o� le travail, les connaissances et les sciences de nos
compatriotes ont droit de cit� : on apprend par Internet qu�ils sont 7 � 8 millions d�Alg�riens, parmi eux 100 000 hommes d�affaires et des dizaines de milliers d�universitaires, install�s � l��tranger� Pourquoi choisir l�exil si l�Alg�rien avait la possibilit� de vivre convenablement et de cr�er chez lui de la richesse ? La r�ponse coule de source� L�Alg�rie a besoin prioritairement d�un check-up politique : il nous faut conna�tre la pathologie dont est l�objet le corps social ; comprendre les raisons pour lesquelles les d�fenses immunitaires de la soci�t� ne fonctionnent pas et �ventuellement extirper ce mal profond, inocul� � l�aube de l�ind�pendance � tout un pays, tel un virus pathog�ne d�une redoutable virulence. Tous s�en plaignent, mais tout le monde semble s�en accommoder, tant est immense le sentiment d�impuissance � le combattre. Un sentiment � la mesure du d�sarroi qui s�est empar� de pans entiers de la soci�t�, d�s lors que les conditions diagnostiques et th�rapeutiques sont difficiles � mettre en �uvre. Pendant ce temps l��lite soliloque (� quelques exceptions pr�s) et c�est une autre dimension de nature intellectuelle, qu�il faut rajouter � la crise multidimensionnelle de ce pauvre pays ! Les Alg�riens ont fait le choix de la r�signation volontaire (chacun pour soi et Dieu pour tous), apr�s nous �tre retourn�s contre nous-m�mes, avec un bilan traumatique de l�ordre de 200 000 morts. Il est peut-�tre temps de faire un examen de conscience : n�est-ce pas le r�le de l�intellectuel d�expliquer au peuple qu�il est � la base la premi�re victime du mal politique qui ronge le pays, certes, mais il est �galement coresponsable de cette monstruosit�, au m�me titre que les p�res fondateurs du syst�me, en l�occurrence le duo Ben Bella-Boumediene : surtout le second pour en avoir jet� les fondements, durant son long r�gne d�autocrate absolu, sans lois ni institutions, toutes mises aux placards, pendant 13 ans?� Pour jeter finalement tout un pays dans la gueule d�une bureaucratie qui deviendra � la longue un pouvoir tentaculaire, nuisible et incontr�lable ! Rousseau disait : �Il n�y a pas de corps politique sous un r�gime despotique, car le peuple ne devient peuple que par un pacte d�association.� Mais E. de La Bo�tie d�livre un autre message dans son fameux discours sur �la servitude volontaire des peuples�� ; J. De Maistre disait aussi �toute nation a le gouvernement qu�elle m�rite !� ; et pour finir avec de la po�sie, savourons ce formidable couplet de Baudelaire : �Je suis la plaie et le couteau, la victime et le bourreau.� ( Les fleurs du mal). Mais, � la d�charge de ce peuple, il faut dire qu�un clan d�cid�, comme celui d�Oujda, pouvait avoir raison d�une foule �parse de 8 millions de personnes en 1962� Par analogie, on apprend dans Toute l�histoire du monde qu�une poign�e de conquistadores espagnols (60 au total) s�empara de l�empire incas, sans coup f�rir. Il leur a suffi de mettre en confiance le souverain, de lui offrir des curiosit�s venues d�Europe et puis le prendre en otage, avec une incroyable audace ; ainsi, finiront-ils par tenir en respect tout un royaume, comptant une douzaine de millions de sujets� L�Alg�rie s�est trouv�e dans ce cas de figure prise en otage par la volont� d�une poign�e d�hommes r�solus : notre souverain � le peuple � est depuis 50 ans ligot� dans ses langes comme un enfant... il gigote ici et l� pour satisfaire son tube digestif ; il fait la �politique du ventre� qu�on appelle : la biopolitique� Mis � part un bref interm�de de trois ans, suite aux �meutes d�octobre 1988, o� nous avons cru au miracle de voir enfin le peuple p�trir son destin de ses propres mains� On conna�t la suite ! Le syst�me politique alg�rien est tr�s complexe et plus pernicieux que tout ce qui est imaginable : il a r�ussi le tour force de tester, dans son laboratoire alchimique, tous les r�gimes enseign�s en sciences politiques, pour sortir finalement de son �prouvette le monstre tant d�cri�, contre lequel tout un pays est d�sarm� : nul ne lui �chappe, pas m�me des pr�sidents, des g�n�raux, des ministres, des chefs d�entreprise, l�homme de la rue� Il s�agit d�une sorte de polyarchie (organisation composite) dans laquelle on retrouve de mani�re diffuse un peu du tout politique : de l�autocratie, de la cryptocratie, de la kleptocratie, du beylicat ; du n�potisme ; du client�lisme ; du r�gionalisme d�Etat ; du clanisme ; de l�ethnocratie ; de la m�diocratie ; une redoutable bureaucratie ; de l�oligarchie ; de la th�ocratie; de l�anarchie (avec pour devise : taag a�la men tag) ; de l�ochlocratie� En fait, l�ochlocratie (pouvoir de la foule) est beaucoup plus un �laisser-faire� el-ghachi (pourvu qu�il s�occupe de son ventre, sans se m�ler d�intrigues politiques). Mais son existence permet de justifier la vacuit� de tous ces adjectifs : �populaire� ; �d�mocratique� ; �national� ; et autres slogans �par le peuple et pour le peuple�, etc., servant de d�corum sur les frontons des �difices bureaucratiques. Au risque de me r�p�ter, la premi�re cause du malheur commun tient � la soci�t� de pouvoir et d�autorit� politique en Alg�rie ; source dans laquelle s�abreuve le syst�me polyarchique. Comment d�s lors peut-on opter pour tel ou tel mod�le �conomique quand nous n�avons pas r�gl� les probl�mes de fond, en l�esp�ce : le choix de soci�t� et la nature du r�gime politique ? Parmi les 12 millions d�Alg�riens vivant � la limite du seuil de pauvret�, nombreux sont ceux qui ne se posent plus la question de savoir comment remplir leur ventre, sans devoir se livrer � des actes r�pr�hensibles auxquels beaucoup sont pouss�s irr�sistiblement� Et ceux qui se font appr�hender en volant pour manger sont traduits en justice, alors que les pr�dateurs de notre m�re nourrici�re (l�Alg�rie) jouissent de l�impunit� Si le pays est au bord de l�implosion, le syst�me �conomique n�est pas en cause autant que la r�partition in�gale de la richesse nationale, par un syst�me politique chaotique� Ladite opposition a-t-elle une seule fois diligent� une enqu�te parlementaire sur un sujet ou un autre qui touche � l�int�r�t national ? Sonatrach, autoroute Est-Ouest... Quant � l��lite, elle n�a certes pas le pouvoir de l�homme politique, ni m�me le pouvoir spirituel de l�imam, mais elle a l�insigne privil�ge d��tre nantie du Savoir universel lui permettant d�exprimer des id�es originales. Mais ce statut ne l�autorise pas � se tromper dans l�ordre des priorit�s, de probl�matique, de peuple, de si�cle, de pays� Les deux th�ses d�velopp�es par les deux universitaires se discutent ��tatisme de Aktouf� et �lib�ralisme de Hafsi�. A mon avis, leurs options respectives d�pendent prosa�quement, au-del� du contexte historique, du poids sociologique et du niveau culturel, de la volont� politique de bien ou mal faire... L�exemple de l���conomie de march� socialiste � en Chine n�incite- t-il pas � la r�flexion ? Voil� un bel exemple de synth�se d�un syst�me lib�ral, pilot� par l�Etat et le PCC (sujet sur lequel T. Hafsi a fait plusieurs communications). Le r�gime politique chinois n�a pas cess� de se remettre en cause : il lui a fallu au pr�alable entreprendre de v�ritables purges (r�volution culturelle�), engager des r�formes profondes du parti, de l�Etat, des corporations, avec un personnel politique sans cesse renouvel� ; de nombreuses t�tes de l�appareil politique sont tomb�es, plut�t que de faire couler b�tement le sang des Chinois� Ainsi, le dogmatique PCC a r�ussi avec pragmatisme � amarrer, en moins d�une g�n�ration, ce pays de 1 milliard 340 millions d�habitants � la modernit�. Aujourd�hui, l��lite est partout ! Elle est choisie parmi les laur�ats au sortir des universit�s et �coles chinoises, qui forment 1 million d�ing�nieurs/an : cette vision a conduit � une parfaite ma�trise du savoir-faire manag�rial et technologique, faisant passer ce pays au stade de 2e �conomie mondiale, en passe de devenir la premi�re et dor�navant le 1er laboratoire du monde� La nouvelle option �conomique chinoise n�est-elle pas de nature � concilier les positions de nos deux universitaires montr�alais, en faisant une synth�se par superposition de leur mod�le respectif ? En Alg�rie, du fait d�une �conomie dirigiste, g�r�e par injonctions bureaucratiques par des tutelles qui tirent � hue et dia, le secteur public ne sera jamais performant, d�autant qu�il tra�ne des ��l�phants blancs�, extr�mement co�teux � la collectivit� ; r�sultant d�une politique �conomique d�sastreuse (industrie dite industrialisante), initi�e dans les ann�es 1970 par Bela�d Abdesselam, inspir� par E. De Bernis et cautionn�e par Boumediene. Comme il fallait s�y attendre, ils avaient fait fausse route �en achetant au lieu de construire un syst�me productif�, comme le soulignait � juste titre Rachid Boudjema, Docteur en �conomie. (Cf. Economie du d�veloppement de l�Alg�rie). L�Alg�rie porte encore sur ses �paules le legs de ce mod�le de gestion lamentable �conomiquement et frustrant psychologiquement, pour avoir ruin� tous les espoirs des Alg�riens. Quant au secteur priv�, il est fragile parce que les �capitalistes� alg�riens rasent les murs ; ils craignent d��tre trop visibles, au risque de subir les effets boomerang d�un syst�me politique impr�visible, et pour tout dire parano : un capitaliste non cr�� ou contr�l� par lui l�inqui�te et le d�range ; d�o� la pertinence de la question de Omar Aktouf sur les origines des fortunes� En r�alit�, l�histoire de la ploutocratie alg�rienne est ancienne, autant que l�est l�infortune de la bourgeoisie des origines. Elle d�buta en 1963, lorsque la dvo�ka Benbella-Boumediene prit le parti d�acheter, � coups de centaines de millions de dinars, les �d�parts� � la retraite des anciens officiers de l�ALN, avec des cr�dits � fonds perdus, puis�s dans la bourse d�li�e de l�Etat-patron naissant. Pendant ce temps, pleuvaient les nationalisations sur les biens d�honn�tes bourgeois... Lorsque Ferhat Abbas, Benyoucef Benkhedda et leurs compagnons s�oppos�rent aux d�rives du
r�gime de Boumediene, en r�digeant un manifeste en 75, ils furent assign�s � r�sidence et leurs pharmacies confisqu�es, sans autre forme de proc�s ; en sorte que, priv�s de ressources �conomiques, ils se trouv�rent � la merci du pouvoir� Bon nombre d�entreprises sont accul�es � la faillite par pression bureaucratique, quand d�autres sont purement et simplement emp�ch�s de faire �d�coller� leurs projets : c�est le cas de SB (le Monsieur Dassault alg�rien), un industriel de Tiaret qui s�est ruin� en investissant au d�but des ann�es 2000 la bagatelle de 90 millions de DA pour cr�er une industrie a�ronautique, avec l�ambition de fabriquer des h�licopt�res, des avions taxis et d��pandage agricole (m�me des drones). Son projet fut inaugur� en 2003 par le pr�sident de la R�publique et, apr�s lui, trois ministres des Transports ont d�fil� dans ses ateliers en grande pompe. Ainsi, des prototypes, ayant obtenu des prix dans des salons internationaux, leur furent pr�sent�s et film�s � plusieurs reprises par la t�l�. En d�pit d�encouragements et moult promesses, aucun de ses a�ronefs n�a d�coll� depuis une dizaine d�ann�es, � cause de blocages bureaucratiques inexpliqu�s � ce jour� De tels traumatismes, ayant pour toile de fond le pouvoir �conomique des individus, gratifiant certains et frustrant d�autres, laissent in�vitablement des traces ind�l�biles dans la m�moire collective, raison pour laquelle le credo de bon nombre d�entrepreneurs alg�riens et �trangers est la sp�culation ici et tout de suite� Le nombre de cas de r�ussite cit� par T. Hasfi peut �tre multipli� � l�infini, dans une �conomie fond�e sur le secteur priv�. Mais comment faire dans un syst�me de gouvernement qui appr�hende l�entreprise sous l�angle politique, au lieu de la consid�rer dans sa dimension socio�conomique ? En outre, l�interventionnisme intempestif du gouvernement est-il de nature � cr�er un climat de confiance dans les milieux d�affaires ? Sinon de limiter la port�e des investissements locaux et �trangers et de rendre hypoth�tique toute projection � long terme des entreprises existantes� En effet, certaines d�cisions malheureuses du gouvernement Ouyahia (entre autres) n�ont pas �t� sans cons�quences sur la gestion �conomique du pays : traumatisme des cadres par la p�nalisation de l�acte de gestion ; syst�me bancaire brid� ; non-transfert des cr�ances des transporteurs �trangers, � qui on a pr�t� le flanc pour imposer d�sormais � notre commerce ext�rieur le paiement d�avance du fret ; un d�cret en voie de parution pr�voit le contr�le du commerce ext�rieur par des soci�t�s �trang�res d�inspection, � des co�ts inimaginables (� vouloir sauver 1 dinar on en d�pense 10 en devises) ; obligation d�ouverture du cr�dit documentaire au m�pris de la volont� des parties au contrat commercial international, etc. (Cf. l�article de l�auteur intitul� : Le cr�dit documentaire obligatoire, des cons�quences d�sastreuses, El Watandu 07/02/12). Dans un environnement fait de blocage, de suspicion et d�interventionnisme politico-bureaucratique, � quel sort sont vou�es les options �conomiques pr�conis�es par les deux universitaires montr�alais ?
K. K.
*Journaliste ind�pendant, auteur, consultant et formateur.


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