La date du renouvellement des Assembl�es populaires communales arrive � grands pas. Le jour du scrutin g�n�ralement �tant un moment exceptionnel en �motions, jadis les vieux briscards comme moi tiraient de leurs armoires, leurs vieux costumes (si bien d�crit, chant� par Serge Reggiani), cravate et chaussures noires bien cir�es pour aller glisser dans l'urne un bulletin de vote. On dit que c'est un devoir qui conf�re � �l'humble�, pour une journ�e, le pouvoir politique. Aujourd'hui, malheureusement, l'�lecteur est ce simple citoyen qui, selon Y. Wehrling et H. Dreikaus, �est un �tre virtuel qui se met � exister � des moments pr�cis du calendrier et qui est subitement dot� du pouvoir supr�me de changer le monde�. A une �poque r�volue, il d�tenait certainement ce pouvoir de changer les choses, mais aujourd'hui un immense foss� s'est creus� entre les institutions et lui. Le d�samour dont souffrent les m�canismes traditionnels de la repr�sentation est entre les mains d'une nouvelle vague de d�magogues qui utilisent les ondes et l'image pour haranguer les �lecteurs de voter en masse avec en prime un sac de promesses � la saint glinglin. La m�fiance des citoyens � l'�gard de leurs �lus est caract�ristique des p�riodes au cours desquelles l'ampleur du m�contentement ne facilite plus au pouvoir politique d'assumer pleinement ses pr�rogatives avec la m�me efficacit� qu'en p�riode d'extase. Justement, au niveau de la commune, lieu de dialogue par excellence, parce que plus proche des pr�occupations des citoyens, la repr�sentativit� est presque inexistante. En effet, le fonctionnement de nos APC conform�ment aux dispositions r�gies par les textes ne peut �tre garanti sans associer les citoyens. Ceux-ci rebut�s par des �lus devenus aphones, sont souvent d�motiv�s et peu int�ress�s dans un engagement actif. Les �lus et les citoyens se regarderont en chiens de fa�ence. Les premiers cit�s une fois aux commandes prendront de la distance vis-�-vis de l'opinion, se confinant dans un mutisme total. Les seconds auront la nette conviction de ne plus �tre �cout�s et c'est ainsi que grandira le d�sint�ressement. Les citoyens, d�s lors, atteints d'une sorte d'apathie, h�siteront d'accorder un quelconque cr�dit aux diff�rents programmes annonc�s en grande pompe. Un terrain propice au d�veloppement de dangereux corporatismes.