Par Boubakeur Hamidechi [email protected] Au-del� de l�immense malentendu historique auquel il doit son existence, le FLN demeure n�anmoins une pi�ce ma�tresse dans l��chiquier politique. Et c�est pourquoi les cycliques crises qui le traversent sont imm�diatement per�ues comme �tant les cons�quences d�un changement de perspectives du r�gime. Principale grille de lecture de celui-ci, il est in�vitablement l�objet et le sujet incontournables de tous les d�cryptages, notamment lorsqu�en son sein s�exacerbent les diff�rends entre les clans et qu�ils finissent par des gu�guerres de chiffonniers. Il est d�ailleurs significatif de rappeler que depuis 1989, ce parti est en permanence au c�ur des enjeux majeurs des pouvoirs qui se sont succ�d�. En sacrifiant sur l�autel d�Octobre 1988 Messa�dia, Chadli ne fit-il pas appel � Mehri qui lui semblait poss�der les capacit�s et le talent d�interlocuteur vis-�-vis des courants islamistes, alors dominants Il en a �t� de m�me pour l�arm�e et Zeroual qui avaient actionn� Boualem Benhamouda pour �jecter ce secr�taire g�n�ral partenaire du contrat de Sant�Egidio. Certes, dans ces deux cas-l�, les crises et le besoin de changement s�argumentaient par la doctrine. Or, par la suite, le �redressement� de ses directions devint une affaire de r�glements de comptes, chaque fois commandit�s par le sommet de l�Etat. L��pisode de Benflis et du 8e congr�s avaient r�v�l� toute la violence et la brutalit� du pouvoir afin de parvenir � substituer � une instance l�gitime un groupuscule de conjur�s dont, justement, Belkhadem fut d�l�gu� � cette basse besogne. Aux manettes depuis 2004, gr�ce � un putsch au sein de l�appareil, Belkhadem serait-il aujourd�hui confront� au m�me sc�nario o� il tint � l��poque le premier r�le ? Autrement dit, serait-il entr� en disgr�ce aupr�s du chef de l�Etat et quels seraient les griefs retenus contre lui ? Il est difficile d�avoir une id�e exacte des buts poursuivis par le pr�sident formel du FLN m�me lorsque la contestation, dont on ne doute gu�re qu�elle a re�u le bon feu vert, s�exprime et multiplie les reproches. Ce qui est, par contre, clairement �tabli tient en un slogan unanimement partag� par les deux factions : �Le soutien � Bouteflika sans condition.� Mieux encore, l�on surench�rit, d�un c�t� comme dans l�autre, sur l��ventualit� de son 4e mandat. Voil� qui r�duit consid�rablement le sens de cette bataille d�s l�instant o� elle ne repose pas sur des divergences id�ologiques de fond. Il est vrai que lorsqu�on devient cacique au FLN, il est impensable de se projeter hors de l�orbite du pouvoir, quel qu�il soit, �videmment. En effet, hormis la parenth�se de Mehri qui l�installa, pour une courte p�riode, � la marge du cercle des d�cideurs, jamais le FLN n�a pu ou su s�accommoder de la posture d�opposant. D�boulonner par cons�quent Belkhadem au pr�texte qu�il incarne une certaine tournure intellectuelle qui ne convient plus aux besoins de la r�novation souhait�e, puis lui ajouter le reproche de l�image que renvoie sa personne et notamment ses accoutrements provocateurs, suffiront- ils � l��manciper de la tare historique qui a fait toujours de ce parti le perp�tuel porteur d�eau des pouvoirs ? Car comment peut-on partager les assertions de certains de ses militants qui pr�tendaient jadis que le FLN doit �tre le passeur principal vers �la refondation d�mocratique � de l�Etat alors qu�il demeure, par son influence sp�cifique, le verrou gr�ce auquel le syst�me d�mon�tise le pluralisme ? Qu�une session du CC, comme celle qui s�est tenue jeudi, d�bouche sur le m�lodrame d�une r�pudiation de Belkhadem n��claircira pas les horizons de notre d�mocratie au rabais. Car il est bien �tabli que ses querelles internes ne sont jamais des conflits id�ologiques o� l�on se dispute sur la �ligne� � adopter mais trivialement le choc d�int�r�ts entre apparatchiks, soucieux de leurs promotions. Tant il est vrai qu�en vieillissant, le FLN est devenu une v�ritable oligarchie de politiciens dont, peut-�tre, Bouteflika aurait d�cid� de laminer son influence aupr�s de lui en commen�ant par couper la t�te du premier d�entre eux. Cela expliquerait, en partie, l��nigmatique riposte de Belkhadem qui aurait dit ceci �je ne partirais que si Bouteflika me le demandait �. Mais alors, � quoi servent les r�gles organiques d�un parti lorsque tout est assujetti au fait du prince ? Vaste question qui a d�j� valu, dans d�autres officines, la r�ponse redout�e et vient de balayer celui qui en avait fait l�unique pr�alable.