Scène quotidienne, presque rituelle pendant le mois de Ramadhan : une tête à queue d'un véhicule, un refus de priorité et les conducteurs laissent parler leurs testostérones exacerbées par le jeûne et la chaleur. Ils sortent de leurs véhicules, gonflent le torse, agitent les bras dans tous les sens, invitent l'autre à avancer pour régler ce différend du code de la route. Il y a, parfois heureusement, des passants courageux qui interviennent et séparent les adversaires. Il y a aussi des jeunes ados qui, au terme d'une partie de football, pour un mauvais croche-pieds, une plaisanterie de mauvais goût du gagnant au perdant, rameutent frères, cousins, voisins, pour commencer une sorte de troisième mi-temps d'un obscur match de quartier. Il y a des familles entières qui s'écharpent, les femmes se tirant les cheveux d'un côté et les hommes menaçants voulant sauver l'honneur du nom et qu'il faut encore retenir. Dans tout cela, à l'origine, des enfants se sont chamaillés, bagarrés. Quel bel exemple pour les générations futures ! Mais le plus dramatique et effrayant dans ce constat est celui de voir que souvent, les antagonistes sortent aussi promptement, qui un couteau, qui un sabre, un «bouchia» comme il est dit dans les quartiers chauds. Une culture de l'arme blanche qui effraye au plus haut point. D'ailleurs depuis le début du Ramadhan, les urgences enregistrent quasi quotidiennement 10 à 15 cas de CBV, avec derrière toute sorte de causes et de fausses raisons. Dans ces évaluations, encore faudrait- il rajouter tous les autres cas de violences conjugales qui ne finissent pas aux UMC mais dans le cercle bien fermé de la famille. Certaines trop meurtries iront bien au service de médecine légale, avant de s'en retourner à la maison pour finir la préparation du f'tour... en priant pour qu'il soit au goût du mari. Le mois de jeûne en période de haute température fait imploser la tradition de partage, de spiritualité avec malheureusement une continuité du phénomène de la violence.