Plusieurs centaines de personnes ont pris part hier à une marche de protestation à Azeffoun, initiée par des citoyens de la localité. Affectés par le dernier attentat qui a coûté la vie à trois policiers le 6 août dernier, les organisateurs ont tenu à rendre hommage à ces hommes qui ont marqué leur localité par leurs qualités humaines et leur bravoure, c'est ce qu'il en ressort des anonymes rencontrés. La marche minutieusement orchestrée, d'ailleurs préparée depuis des jours déjà, a été une réussite totale. La procession s'est ébranlée à partir du siège de l'APC vers 10 heures du matin, pour rejoindre le siège de la daïra une vingtaine de minutes plus tard où une prise de parole a été programmée. Pour rappel, une minute de silence a été observée devant le domicile de l'une des victimes situé sur l'itinéraire choisi. Devant le siège de la daïra, un des organisateurs a lu une déclaration préparée à cet effet. Les protestataires condamnent cet acte odieux perpétré à l'encontre des fonctionnaires dans l'exercice de leur métier et se solidarisent avec leurs familles. Au delà, ils pointent du doigt le pouvoir «incapable d'assurer la sécurité et l'expression assumée, revendiquée du rejet de l'intégrisme islamiste sous toutes ses formes». Les pancartes, les slogans et les chansons qui ont marqué toute la marche concordaient déjà avec un esprit caractérisant un ras-le-bol généralisé du terrorisme et dénonçaient l'attitude de ce pouvoir. La déclaration, en somme n'est qu'une synthèse des revendications de toute cette masse agglutinée devant le portail de la daïra pendant près d'une demi-heure avant de se disperser dans le silence et le calme. En parallèle, les commerçants d'Azeffoun ont observé une grève de près d'une heure, le temps qu'a duré la marche. «Le caractère résiduel du terrorisme n'est "vérité" que dans la rhétorique d'un pouvoir qui, délibérément, a abdiqué devant l'islamisme dans le seul but de garder le pouvoir et la rente qu'il gère.» Une région meurtrie Quelques jours avant cet attentat lâche, un officier de l'ANP a été tué à la limite de la daïra d'Azeffoun, plus exactement tout près de la commune d'Aquerrou (Tifrit). Il ne se passe pas une semaine sans qu'on signale la présence des terroristes dans les maquis environnant. «Le terrorisme islamiste sévit dans notre région d'un manière singulière et inquiétante (...) la paix claironnée par le pouvoir depuis des années est manifestement sélective ! La Kabylie ne semble pas être concernée, le pouvoir continue à vouloir lui faire payer son caractère rebelle pour la faire douter dans son rôle locomotif pour le combat républicain», voilà ce qui résume la pensée non seulement de la localité d'Azeffoun mais de toute la région. Elle a le mérite d'être portée plus haut par les citoyens protestataires d'Azeffoun à travers leur déclaration lue devant un parterre nombreux et chaleureusement applaudie à la fin. En effet, Azeffoun berceau de la résistance citoyenne aux moments de la sauvagerie intégriste ne peut se résigner au silence devant la barbarie.