Ce que le commun des citoyens peut constater tous les jours, les statistiques des services de sécurité l'attestent. Il y a, en effet, de plus en plus de violence dans les espaces publics algériens. On a l'impression que nos concitoyens ne se supportent plus. Pour preuve, le bilan des activités de la police judiciaire de la Gendarmerie nationale pour le seul mois du Ramadhan censé pourtant être la période de la dévotion et de la rahma. Que non ! C'est malheureusement le mois durant lequel les démons de l'agressivité et de violence s'activent le plus dans la société algérienne. Les chiffres des services de sécurité sont éloquents. Durant le seul mois du Ramadhan 2013, les gendarmes ont eu à résoudre sur l'ensemble du territoire national — à l'exclusion des périmètres urbains — 5 282 affaires de crimes et délits mettant en cause 5 364 individus dont 174 femmes., 1 342 agressions directes contre les personnes notamment les homicides (44 cas), les CBV (coups et blessures volontaires) (1 118), attentats à la pudeur (50), viols (16) et menaces (114) ont été enregistrés durant ce mois sacré. 1 590 hommes et 105 femmes ont été les auteurs de ces agressions. S'agissant des agressions indirectes contre les personnes (1 448), particulièrement les vols (1 205 cas), destructions des biens (196) et associations de malfaiteurs (47), les gendarmes ont eu à faire à 973 individus dont 23 de sexe féminin. Bien entendu, les officiers de la police judiciaire de la GN ont eu également à traiter des dizaines d'autres affaires liées au trafic de stupéfiants (220), d'armes et munitions (75) de contrebande (286), de véhicules (15) et 45 dossiers concernant le faux et usage de faux ont, en outre, été enregistrés. 125 hommes et 2 femmes sont impliqués dans cette dernière série de crimes. La frange estudiantine «mouillée» dans la délinquance Selon le bilan détaillé qui nous a été transmis par la cellule de communication du colonel Kerroud, c'est la tranche d'âge des 18-30 ans à laquelle 51,85% des crimes 2 781 affaires sont imputés qui arrive en tête des statistiques. Elle est suivie de celle dont les âges se situent entre 30 et 40 ans avec 1 262 dossiers (23,53%). Les 40 ans et plus sont responsables de 20,71% (1 111) des crimes. Pour les moins de 18 ans, ils ne sont impliqués que dans 210 actes répréhensibles (3,91%). Quelques autres indices extraits de ce bilan qui laissent perplexes. Sur les 5 364 individus accusés de ces crimes et délits, 1 208 sont identifiés comme étant des étudiants. Selon ce bilan, 360 étudiants sont accusés d'agressions contre les personnes et 196 d'entre eux sont compromis dans le crime organisé. A méditer. Quant au reste de la répartition par catégorie sociale de cette délinquance, on y trouve les sans emplois (2 150), les personnes versées dans les activités libérales (1 357) et les fonctionnaires ainsi que les fonctionnaires et employés (649). Au niveau de la répartition territoriale de cette criminalité, ce sont les wilayas de l'Est qui occupent ce haut de tableau peu reluisant. Elles sont suivies par celles du centre du pays. Scandales sur les routes Pour le malheur du pays, la violence ne s'arrête pas à ce niveau, elle est plus grave sur les routes puisqu'elle a pour conséquence un véritable carnage. Et pour cause, le laxisme généralisé aidant – les hautes autorités politiques du pays hantées par la crainte d'émeutes donnent comme instructions aux services de sécurité de ne pas réprimer — certains pensent que les espaces publics que sont les routes leur sont offertes pour extérioriser leurs frustrations et leurs complexes psychologiques. Résultat : les routes algériennes sont devenues des lieux de terrorisme et de terreurs. Il suffit de consulter les chiffres macabres, rendus publics par les services de la Gendarmerie nationale, pour s'en convaincre : nos routes et nos rues sont devenues de véritables lieux de guet-apens criminels. Rien que pour la période allant du premier au 27e jour du Ramadhan, 395 vies ont été fauchées alors que 4 493 personnes, tout âge confondu, ont été blessées dans 2 428 accidents. De son côté, la Police nationale a recensé pour la même période du 1er et 27e jour du Ramadhan 650 accidents de circulation, en milieu urbain, ayant coûté la vie à 50 personnes. Toujours dans le bilan de la police, il est question de 760 blessés. Par ailleurs, et cela démontre une autre fois la gravité de la situation, durant les seules journées des 7 et 8 août de l'Aïd El Fitr, censées être celles de la joie, du pardon et de la réconciliation, les services de sécurité ont ramassé 36 corps sans vie sur les routes alors que 226 personnes ont été blessées.