L'�mission d'emprunts obligataires par les entreprises nationales serait-elle devenue la panac�e pour leurs besoins de financement d'investissements ? Cela dans un contexte o� les pouvoirs publics invitent les op�rateurs, tant publics que priv�s, � recourir au march� financier national plut�t que de compter uniquement sur le budget de l'�tat. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir)- La r�ponse ne pourrait �tre qu'affirmative au regard de l'engouement pour ce mode de financement t�moign� ces deux derni�res ann�es par plusieurs grandes entreprises nationales. Et notamment par la Soci�t� de refinancement hypoth�caire (SRH) qui a emprunt� 2,48 milliards de dinars, Sonatrach (pour 5,2 milliards de dinars) et Air Alg�rie. Cette derni�re qui apr�s avoir d�j� emprunt� en avril dernier 4,4 milliards de dinars, en est � son deuxi�me emprunt (24,89 milliards de dinars) qu'elle a lanc� au profit du grand public, et programme un troisi�me, de l'ordre de 13 milliards de dinars, pour le mois de mai prochain. En outre, d'autres entreprises publiques telles Naftal et Sonelgaz (avec un premier emprunt estim� � 15 milliards de dinars), voire Alg�rie T�l�com et Mobilis et d'autres se pr�parent �galement � recourir au march� financier pour y collecter des ressources. Cela en attendant une plus grande implication souhait�e des op�rateurs priv�s et autres personnes physiques et morales. D'autant que le ministre des Finances, M. Abdelatif Benachenhou, n'a de cesse d'inviter � sortir de l'architecture financi�re �cul�e, selon lui, bas�e sur la confusion entre la ressource publique et la ressource du march� et qui pr�sente, � son avis, l'inconv�nient d'�tre � l'origine d'un formidable gaspillage de la ressource publique. A ce titre, il avait invit� � renvoyer au march� ce qui doit �tre financ� par le march�. Un march� obligataire de l'ordre de 50 milliards de dinars A rappeler que le march� obligataire alg�rien est n� avec le premier emprunt obligataire de Sonatrach, en 1998 et ses obligations de 5 ans �mises � 13%. Et un march� obligataire dont le volume global qui est �valu� actuellement � 12 milliards de dinars, doit d�passer les 50 milliards de dinars en 2005. Ce march� est caract�ris� par la pr�dominance de titres, de maturit� moyenne de 5 ans avec des r�mun�rations fixes, les �metteurs s'�tant financ�s � des taux inf�rieurs � ceux des cr�dits bancaires. Cela m�me si pour le financement � moyen terme (5 ans), les taux ont baiss� d'une �mission � une autre. En effet, les obligations de la SRH sont des titres adoss�s � des cr�ances hypoth�caires r�partis en deux tranches (3 et 5 ans avec des taux de 4% et 4,5% respectivement) et celles de Sonatrach �tant des titres non garantis de 5 ans avec un taux de 4%). Cela m�me, si pour le financement � moyen terme (5 ans), les taux ont baiss� d'une �mission � une autre, dans le contexte de tendance � la baisse des taux d'int�r�ts, passant de 3,8% en 2003 � 2,42% en 2004. En outre, les taux enregistrent des niveaux tr�s faibles pour les �ch�ances � court terme, en moyenne inf�rieurs � 1% pour les titres de moins d'un an et sup�rieurs � 2% pour ceux de 2 ans. Ces taux sont souvent n�gatifs en termes r�els par rapport � l'inflation, les taux � court terme et les taux � moyen et long terme se rapprochent. Un palliatif � la l�thargie de la Bourse Ce faisant, le recours � l'emprunt obligataire se veut un palliatif � l'�tat de l�thargie accentu�e dans lequel baigne la Bourse d'Alger. Cela m�me si un processus de modernisation de cette bourse est enclench�, que le d�positaire central des titres est en voie d'�tre op�rationnel et qu'une dizaine d'entreprises publiques identifi�es, partiellement privatis�es par le biais du march� boursier, viendront prochainement s'ajouter aux trois actuellement cot�es (Saidal, Eriad-S�tif et El-Aurassi) et dont les cours des titres ont enregistr� une chute forte. En outre, il permet d'�viter les solutions de facilit� et on�reuses telles que le recours � des cr�dits acheteurs ou � des op�rations de leasing. Cela d'autant que les banques nationales, principaux investisseurs sur le march� primaire, restent n�anmoins frileuses en mati�re d'octroi de cr�dits, avec une capacit� d'absorption des besoins de financement plut�t limit�es. Des banques dont les liquidit�s avoisinent les 10 milliards de dinars, une surliquidit� persistante du march� induisant n�anmoins la baisse des taux, voire une pression inflationniste latente et susceptible de g�n�rer des taux n�gatifs. Cela en notant que les ressources des compagnies d'assurances sont limit�es et li�es � des contraintes r�glementaires restrictives les obligeant � d�tenir 50% de leurs actifs en titres d'Etat. Autres avantages de ce mode de financement Toutefois, gr�ce notamment � l'exon�ration fiscale pour les revenus d'int�r�t des obligations de 5 ans et plus et un contexte financier globalement favorable, ce mode a pour avantage de permettre aux op�rateurs de se financer � un taux nettement inf�rieur au cr�dit bancaire classique (tant interne qu'externe). Par ailleurs, ces �missions offrent aux agents �conomiques (personnes physiques ou morales) l'opportunit� de placement attractif (taux sup�rieur aux autres produits d'�pargne), la liquidit� (gr�ce au march� secondaire), assortie de garanties s�curisant l'�pargnant. En outre, �tant libell�s en dinars, ces emprunts suppriment totalement le risque de change et la prime de risque associ�e � un financement ext�rieur. Cela �tant, il serait judicieux pour les pouvoirs publics, en qu�te d'une d�pense publique r�duite, et pour les op�rateurs �conomiques, � la recherche de fonds pour leurs investissements, d'adopter une autre d�marche rationnelle. Celle-ci �tant bas�e sur une compl�mentarit� certaine entre ce mode de financement qu'est l'�mission r�guli�re et dynamique d'emprunts obligataires, av�r�e �tre donc la panac�e, une interm�diation financi�re plus pouss�e des banques modernis�es et novatrices, et une intervention de l'Etat r�fl�chie et cibl�e vers la r�alisation de programmes r�pondant au mieux aux attentes de la population en mati�re d'infrastructures et de conditions de vie.